Homélie du 17 octobre 2021 par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 16 octobre 2021

« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Combien cette réponse de Jésus à ses apôtres qui cherchent à avoir les premières places tombe au bon moment aussi dans nos oreilles et dans nos cœurs ! Car au lendemain de la réception du rapport de la CIASE et à l’ouverture du synode de l’Eglise universelle sur la synodalité, c’est justement cette attitude, cette posture que l’Eglise est invitée à adopter. Dans le cas du rapport comme dans celui du synode, ce n’est pas l’existence ni même la nature de l’Eglise qui est mise en question, mais les rapports que nous pouvons entretenir les uns avec les autres, entre baptisés quelques soient nos missions et nos fonctions, et du rapport que nous entretenons avec « le monde » et l’invitation à entrer dans des relations de serviteurs les uns pour les autres.

Le week-end dernier, le pape a ouvert à Rome ce synode qui a pour sous-titre : « Communion, Participation, Mission. » Tous les diocèses du monde entrent à leur tour ce dimanche dans cette grande dynamique qui veut renouveler de l’intérieur tout ce qui doit l’être. Il ne s’agit pas de multiplier de nouvelles réunions sans lendemain, de faire semblant de donner la parole pour ne rien en faire ensuite, ou de créer une sorte de parlement de l’Eglise. Dans le document préparatoire, parlant du but de ce synode de façon à la fois concrète et poétique, le pape dit : « Rappelons que le but du Synode, et donc de cette consultation, n’est pas de produire des documents, mais de « faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains… » En Charente, plusieurs d’entre nous ont participé samedi dernier avec d’autres membres d’Equipes d’Animation Pastorale et des responsables diocésains à une « Assemblée Diocésaine » qui nous a donné d’entrer dans la compréhension de ce qu’est la synodalité et de son importance pour la vie de l’Eglise. Au point que le pape le martèle : « L’Eglise du 3ème millénaire sera synodale, ou ne sera pas. »

« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » Notre façon, en paroisse, de commencer ce chemin, ou plutôt de le continuer en marquant une étape, un pas supplémentaire, va être de vivre cet après-midi notre assemblée paroissiale. Elle ne répondra pas à toutes les questions, elle ne donnera pas de solutions toutes faites, elle ne sera pas un remède miracle à tous ce que nous souhaiterions transformer. Peut-être même serons-nous frustrés de ne pas pouvoir aller plus vite et plus loin à la fin de l’après-midi. Mais elle va nous faire vivre l’expérience de la communion, de la participation et de la mission, pour reprendre les termes du synode. Elle va nous faire vivre l’expérience de l’écoute mutuelle, entre nous bien sûr, et ensemble de l’Esprit Saint. Et avec l’écoute, l’expérience de l’accueil – l’accueil de l’autre différent de moi et de ma façon de voir et de comprendre, de prier, de vivre ce que nous partageons pourtant dans la même foi. Elle va nous faire vivre l’expérience de la prise de parole, parce que l’Esprit souffle dans le cœur de chacun et que chacun a de belles choses à dire et à transmettre, pour la construction commune de notre Eglise locale. Elle va nous faire vivre l’expérience de la communion en nous engageant sur un chemin de discernement commun. Elle va nous faire vivre l’expérience de la mission, parce que transformés par cette rencontre, enrichis de ce que nous aurons partagé, notre communauté paroissiale sera renforcée dans ses liens et dans l’unité des multiples visages, et elle deviendra un peu plus témoin de la joie que Dieu nous donne de vivre en Eglise. Synode rime avec exode, et peut-être notre assemblée synodale nous emmènera-t-elle sur des chemins qui nous sont encore inconnus. Mais nous pouvons prendre Dieu comme guide, lui seul sait nous emmener en terre promise, en Terre Sainte, en Terre d’humanité.

Dans l’évangile, la demande de Jacques et de Jean est légitime, et nous portons sûrement la même : être plus près du Seigneur, pouvoir entrer en confidence avec lui, devenir un ami privilégier. Et ils sont prêts à tout pour cela, jusqu’à boire à la coupe que Jésus boira, à être plongés dans le baptême que Jésus connaîtra. Mais leurs représentations de cette proximité avec le Seigneur est faussée. Ceux qui l’entoureront à l’heure de la croix seront deux larrons. La place que Jésus est venu prendre pour accomplir son désir de notre libération n’est pas la première place, mais la dernière. Et l’invitation qu’il lance à Jacques, à Jean et à tous les autres disciples portés à leur façon par la jalousie, est de devenir à leur tour serviteurs. Ce n’est qu’en ce lieu où l’autre devient premier, que l’amour peut être réellement vécu et qu’il sauve. Qu’il sauve, c’est-à-dire qu’il redonne humanité, et donc divinité, qu’il libère des peurs d’aimer ou de mal aimer, qu’il fait entrer en communion ce qui était isolé, qu’il redonne grandeur à ce qui en avait perdu. En dehors de cette place de serviteurs, nos paroles sont creuses et nos prières tombent à côté, comme celle de Jacques et de Jean.

« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » demande Jésus à ses disciples. Et nous, de lui répondre : « Seigneur, fais de nous un peuple qui n’a pas peur de se laisser rejoindre par toi sur nos routes quotidiennes, et conduire par toi. Fais de nous des artisans joyeux et responsables ensemble de l’Eglise que tu veux faire de nous. Fais de nous des hommes et des femmes solidaires les uns des autres et des défis de notre temps, des hommes et des femmes courageux et plein d’espérance, heureux de participer comme tu nous le demandes aujourd’hui à cette étape de la vie de l’Eglise, pour qu’elle soit renouvelée et davantage signe de ta présence et de ton amour au milieu des hommes. »

Amen.

P. Benoît Lecomte

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