Homélie du 17 juillet 2022, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 16 juillet 2022

Quel étrange texte que cette première lecture tirée du livre de la Genèse ! Avez-vous fait attention à ce visiteur ? Il est parfois indiqué au singulier, d’autres fois au pluriel. « Le Seigneur apparu à Abraham… Abraham leva les yeux et il vit trois hommes qui se tenaient debout devant lui… Il dit : « Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux… permettez que l’on vous apporte un peu d’eau… » Ils répondirent… ». Puis « le voyageur repris : « quand je reviendrai chez toi. »

Alors, sont-ils trois ou est-il seul ? Evidemment, la tradition chrétienne a lu dans ce passage l’intuition d’un Dieu Trinité qui rendait visite à Abraham. Un visiteur tout à la fois unique et pluriel, Un et Trinitaire en trois personnes. Où quand Dieu rend visite à son serviteur pour lui apporter la bonne nouvelle d’une promesse de vie, d’une bénédiction, d’une génération.

Dans la liturgie de ce jour, ce récit étonnant est mis en relation avec la scène de Marthe et de Marie accueillant Jésus. On connaît par cœur les dispositions de ces deux femmes, l’une s’activant à préparer le repas et reprochant à sa sœur de rester suspendue aux paroles de Jésus, sans rien faire d’autre.

Dans les deux cas, pour Abraham comme pour Marthe et Marie, il s’agit d’accueillir un visiteur qui s’avère être le Seigneur. Dans les deux cas, ce qui est mis en exemple n’est pas tant l’activité déployée que la présence à celui qui vient, à l’écoute de sa parole, aussi incongrue puisse-t-elle être (pensons à cette promesse d’une descendance faite à un vieux couple de plus de 80 ans). Il serait trop facile et trop usé pour lire cette page d’Evangile, de reprendre la distinction entre ceux qui sont dans l’action et ceux qui prient, les uns avec tort et les autres avec raisons. Nous savons bien que l’un et l’autre sont importants et même nécessaires et qu’il serait vain de les opposer ou plus encore de les mettre en concurrence.

Il me semble que ce que la Parole nous invite à relire est plutôt notre capacité à accueillir celui qui vient, celui que nous rencontrons, comme s’il était le Seigneur Dieu lui-même. Lorsque nous accueillons quelqu’un, nous pouvons être prompts à proposer un rafraichissement, à raconter nos dernières anecdotes, à exposer notre état d’esprit, ou nos dernières trouvailles, ou nos soucis du moment. Mais comment sommes-nous prêts à nous taire pour l’écouter lui, dans ce qu’il a de plus profond à nous dire ? Comment sommes-nous disposés à recevoir une parole pour ce qu’elle est et à écouter vraiment l’autre, à nous immerger dans son univers, dans ses soucis ou dans ses joies ? Comment sommes-nous prêts à découvrir en l’autre qui vient à nous, le Seigneur Dieu lui-même qui frappe à notre porte ? Je repense à ces mots, partagés lors de la formation à l’écoute proposée à la paroisse en mai dernier :

« Écouter est, peut-être, le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu’un. C’est lui dire, non pas avec des mots, mais avec ses yeux, son visage, son sourire et tout son corps :
tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis heureux que tu sois là. Avez-vous remarqué combien les « dialogues » sont remplis d’expressions de ce genre : « C’est comme moi quand. . . », ou bien « ça me rappelle ce qui m’est arrivé. . . ». Bien souvent, ce que l’autre dit n’est qu’une occasion de parler de soi. Écouter, c’est vraiment laisser tomber ce qui nous occupe pour donner tout son temps à l’autre. Écouter, c’est refuser de penser à la place de l’autre, de lui donner des conseils et même de vouloir le comprendre. Écouter, c’est accueillir l’autre avec reconnaissance tel qu’il se définit lui-même, sans se substituer à lui pour lui dire ce qu’il doit être. Écouter, c’est donner à l’autre ce que l’on ne nous a, peut-être, encore jamais donné : de l’attention, du temps, une présence affectueuse. C’est en apprenant à écouter les autres que nous arrivons à nous écouter nous-mêmes, notre corps et toutes nos émotions, c’est le chemin pour apprendre à écouter la terre et la vie, c’est devenir poète, c’est-à-dire sentir le cœur et voir l’âme des choses » (André Gromolard).

Et si la Parole de Dieu aujourd’hui nous invitait à savoir écouter ? Ecouter l’autre pour ce qu’il est et ce qu’il nous révèle – de lui et de Dieu ? En ce temps de vacances ou en ce temps d’été, où nous pouvons parfois trouver plus de temps pour écouter ceux qui nous visitent, apprenons à écouter vraiment. Nous y découvrirons, sûrement, la joie de vibrer au même Vivant, à ce Dieu qui habite la profondeur de chacun et qui se révèle à nous pour peu que nous sachions nous taire et… l’écouter.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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