Homélie du 16 juin 2024, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 16 juin 2024

Comment parler du règne de Dieu ? Chacun de nous pourrait chercher une réponse à cette question. Il m’est arrivé de poser la question aux enfants du caté. Et les réponses fusent : ce pourrait être « un règne d’amour », de bonté, de justice, de miséricorde, de paix. Mais encore, comment aller plus loin, comment en savoir plus ?

Jésus aussi se pose la question. Difficile de décrire factuellement ce règne. Lui qui sait, cherche les mots compréhensibles pour nous. Alors il utilise des paraboles. Et comment pourrait-il en être autrement ? Jésus utilise des images, et en ce dimanche, des images agricoles.

Ce que nous repérons à la lecture de l’évangile, c’est que Jésus met l’accent non sur la semence, non sur le travail à faire pour que la semence grandisse, mais sur les fruits. Ou plutôt, sur les conséquences de la semence arrivée à maturation. Pour le blé, il s’agit de la moisson. Pour la graine de moutarde, la plus petite des semences, c’est le fait qu’elle dépasse toutes les plantes potagères et devient un abri où les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid. On retrouve là l’intuition de la parole du Seigneur dans le livre d’Ezékiel : l’idée que la jeune et petite tige devient un cèdre magnifique où habiteront « tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux. »

Il est comme ça, le règne de Dieu : accueillant à tous ceux qui cherche un abri. Il n’est pas le lieu où l’on se met en lumière, il est le lieu qui produit l’ombre nécessaire pour se protéger et être bien.

Depuis une semaine, dans notre pays, combien veulent prendre la lumière et étendre leur règne, à en devenir cacophonique ! Le règne de Dieu est tout autre : il n’est pas prise de pouvoir ou recherche d’autorité. Il est accueil large de celui qui vient, sans distinction, offrant simplement le toit à celui qui en cherche un. Il n’est pas déclamation de sa propre grandeur et de ses propres forces, mais ouverture simple et large pour donner du pain et le gite à celui qui a faim et qui cherche où dormir. Il n’est pas suffisance de soi-même ou enfermement sur soi-même, mais service de l’autre, don offert sans calcul.

            Mais une autre dimension semble ressortir de ces paraboles sur le règne de Dieu : la coordination, la conjonction, l’articulation de l’action de l’Homme et de l’action de Dieu.  Dans le cas de la semence de blé, c’est bien l’homme qui jette en terre la semence, et c’est encore lui qui passe la faucille. Même si, « qu’il dorme ou qu’il se lève », la semence germe et grandit : action de Dieu qui veille sur toutes les créatures. De même avec l’image de la graine de moutarde : c’est l’homme qui la sème en pleine terre, avant que le Seigneur lui donne de grandir jusqu’à sa taille majestueuse. Autrement dit, le règne de Dieu est autant de la responsabilité de Dieu, fruit de son action, de sa présence, que de la responsabilité de l’Homme.

            Cela vient encore nourrir notre méditation.

Oui, Dieu accompagne l’histoire des hommes et nos histoires personnelles à travers tous les événements que nous pouvons connaître, heureux ou plus difficiles. Il est même Celui qui donne sens à notre histoire, qui lui donne son origine et son but et qui la conduit à son accomplissement. Notre monde, notre histoire personnelle aurait beau être chaotique, l’Esprit de Dieu reste présent et Lui est là tous les jours jusqu’à la fin des temps, comme il l’a promis. Ainsi, il n’est pas de raison d’avoir peur de ce que nous pouvons voir. Nous pouvons avoir confiance en ce Dieu qui nous accompagne en toutes circonstances, comme il fait germer et grandir la semence.

Dans le même temps, il ne fait rien sans nous. Plus encore, il a besoin de nous, de notre action, de notre responsabilité. Au moins pour semer la semence, dans les paraboles. Le règne de Dieu a besoin de notre implication sérieuse et cohérente, de notre collaboration avec Dieu. « Notre ambition, c’est de plaire au Seigneur, annonçait Saint Paul, car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué selon ce qu’il a fait soit en bien soit en mal. » Ainsi, en toute situation (et la situation que notre pays connaît peut en être une nouvelle occasion), nous avons à prendre nos responsabilités, non pas en vue de nos propres projets, mais en vue du règne de Dieu que Lui veut et accompli.

A y regarder de plus près, ces petites paraboles bucoliques ne sont pas si anodines que cela. Elles viennent questionner notre inscription dans le monde et dans la société, autant que notre enracinement et notre confiance au Christ. Elles nous sortent de la déresponsabilisation, si nous y étions tentés, et nous sortent aussi à l’inverse d’un sentiment de devoir et de toute puissance sur les événements de nos vies. Elles nous sollicitent à la juste place, celle de l’Alliance entre Dieu et toute l’humanité, pour que vienne le règne de Dieu, accompli déjà en la personne du Christ.

Céleste, en étant plongée dans le baptême ce matin, tu deviens disciple de ce Jésus, et artisan de son règne. Le monde a besoin de toi ! Prends ta place, dans ce monde, dans l’Eglise, pour que soit annoncée et vécue la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Que la semence de foi que tu reçois aujourd’hui grandisse, et que tout homme, toute femme trouve en elle, inconditionnellement, refuge et paix.

Et nous tous, que la Parole de Dieu ce matin, et cette eucharistie, nous donnent d’expérimenter, dans notre chair et notre cœur, dans nos actions et nos paroles, dans le silence de la prière et dans la mise en œuvre de l’Evangile, ce règne de Dieu qui vient à nous.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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