Homélie du 15 janvier 2023, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 15 janvier 2023

Dimanche dernier nous fêtions l’Epiphanie et ce qui peut être appelé, en quelques sortes, la « Pentecôte » du temps de Noël, c’est-à-dire l’universalisation de l’annonce de la naissance de Jésus, la compréhension que « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse par l’annonce de l’Evangile » (Eph3). Cette fête clôturait le temps de Noël et nous sommes revenus depuis dans ce qu’on appelle le « temps ordinaire » de la vie de l’Eglise.

Or la Parole de Dieu de ce jour nous dit que cet « ordinaire », pour ordinaire qu’il soit, n’a rien de calme ou reposant, ne ressemble pas à un lendemain de fête que l’on passerait à buller dans le cocooning de son canapé. Entendons en effet la parole du Seigneur adressée à Israël par le prophète Isaïe comme une parole actuelle, adressée à l’Eglise de notre temps, à nous tous et à tous nos frères et sœurs chrétiens de par le monde. « Tu es mon serviteur… en toi je manifesterai ma splendeur… Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » Cette parole nous rappelle ce que le Concile Vatican II disait de l’Eglise : « Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15) » (LG1). Et encore : « L’Eglise (est) envoyée par le Christ pour manifester et communiquer la charité de Dieu à tous les hommes et à toutes les nations » (AG 10). Voilà la mission ordinaire de l’Eglise : faire resplendir dans tous les cœurs la lumière du Christ venu visiter notre terre. Une mission qui n’a rien de reposant, et qui à l’inverse nous réveille tous.

Combien de fois pleurons-nous sur le fait de ne pas être assez nombreux à nos assemblées, de ne pas voir assez de jeunes, de ne pas trouver de relève dans nos équipes, etc, etc. Lorsque nous sommes dans cet état d’esprit, nous ne sommes pas dans la mission de l’Eglise. Notre mission n’est pas de nous lamenter, mais de faire resplendir et reconnaître la Lumière qu’est le Christ rejoignant tous les hommes. Elle est d’être comme Jean le Baptiste qui, les pieds dans l’eau au milieu des pécheurs, des femmes et des hommes de tous horizons, lève la tête et la main pour désigner Celui qui est, qui était et qui vient.

Les mots que prononce Jean pour indiquer le Messie sont révélateurs : « Voici l’Agneau de Dieu. » Etrange expression héritée de la tradition juive et d’une compréhension sacrificielle de la mission du Messie. Mais cette expression est utilisée encore souvent et jusque dans notre liturgie. Lorsqu’au moment de la fraction du pain, tels les disciples à l’auberge d’Emmaüs, au soir de Pâques, reconnaissent le Christ ressuscité à la fraction du pain, nous chantons « Agneau de Dieu ». Nous pouvons y lire la dimension sacrificielle, encore qu’il faille la relativiser et entendre avant toute chose les mots du psaume : « tu ne voulais ni offrande ni sacrifice tu as ouvert mes oreilles, tu ne demandais ni holocauste ni victime alors j’ai dit ‘Je viens’ ». Nous pouvons aussi comprendre que ce chant, loin d’être un petit refrain pour nous occuper le temps que le prêtre prépare le moment de la communion, est un appel pour chacun de nous et pour toute l’Eglise à devenir l’Eglise du partage, comme elle le reconnaît en son Seigneur se donnant en partage. Ces mots un peu étranges ne disent pas uniquement l’identité de Jésus, ils nous disent, à nous qui sommes ses disciples, la façon de vivre notre mission de disciples : dans le partage. Dans l’ouverture à tous. Dans la Pentecôte de l’Esprit qui vient reposer sur Jésus, puis sur les Apôtres, puis sur chacun de nous. Ces mots, au parage du Pain, nous envoie. Comme Jésus se donne à nous, nous voilà invités à nous donner à ceux que nous rencontrons. Non pour appeler à nous, non pour juger ou condamner, mais pour entrer en relation, en dialogue, en amitié, en vérité, pour faire resplendir la Lumière du Christ en tous les cœurs et dans toutes les nations. Pour donner à reconnaître comment Dieu nous a tous façonnés dès le sein de nos mères pour nous aimer et pour faire de nous tous des serviteurs de cet amour (Is 49). « Vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais, j’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée », continue le psaume.

Mission de Jean le Baptiste, devenue notre mission, dans la joie quotidienne de ce temps ordinaire laissant deviner l’extraordinaire de nos vies.  

Alors pour tout cela, laissons-nous rejoindre et encourager par les mots de l’apôtre Paul : « à l’Église de Dieu… à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre. À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. »

Amen.

P. Benoît Lecomte

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