Qu’y a-t-il dans la loi ?
Cette question, on peut se la poser dans notre vie quotidienne. Au travail ou dans l’entreprise, au moment d’un litige avec quelqu’un, pour rechercher la bonne façon d’organiser, de gérer… pour ne pas se retrouver dans l’illégalité. « Nul n’est censé ignorer la loi », dit l’adage. Bien que les lois, dans notre pays tout du moins, se font et se défont, évoluent parfois bien vite, se remplacent l’une l’autre sans même qu’une évaluation ait été faite de la version précédente. Il faut être juriste pour arriver à suivre, c’est devenu un métier que de connaître la loi. Et c’est loi deviennent souvent malheureusement le lieu d’un affrontement de partis politiques et de postures, bien plus que la recherche du bien commun.
Dans l’évangile, c’est un docteur de la Loi qui pose la question à Jésus. Et Jésus de le renvoyer à ses connaissances : « Dans la loi, qu’y a-t-il d’écrit ? »
Mais cette loi n’est pas sujette à caution. Elle ne dépend pas des groupes ou des partis en présence, même si les différents groupes ou partis religieux ont eu à cœur de l’enrichir au cours des siècles et de la complexifier, au risque parfois d’en oublier le principe. Et c’est à ce principe que Jésus renvoie le docteur de la Loi. « L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Voilà l’essence même de la Loi dans l’Histoire Sainte, dans la Bible. Une Loi qui n’est qu’amour. Une Loi donnée par Dieu lui-même pour que le cœur de l’homme soit en paix, et que les hommes vivent en paix les uns avec les autres. « Moïse disait au peuple : « Ecoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans ce livre de la Loi… Car cette loi n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte », entendions-nous dans le livre du Deutéronome. « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
On se demande parfois où est Dieu. Quand on voit les catastrophes, les injustices, le mal rôder, la violence se déchainer, quand on est soi-même mal intérieurement, où est Dieu ? Pourquoi n’intervient-il pas ? Pourquoi semble-t-il absent, lui qui veut, dit-on, notre bonheur ?
Sa présence tient dans le don qu’il fait de sa Loi et de lui-même. Et ce don, cette Loi est une Parole, et une Parole qui tient en un mot, en un verbe, en une action : « Aime ». Dieu n’est pas loin, il est là, dans sa capacité à aimer, à t’aimer, et dans la capacité qu’il te donne pour aimer à ton tour. A te faire le prochain de celui qui va mal, de celui qui souffre, de celui qui est oublié. Cette Loi là n’est pas compliquée. Elle ne change pas d’un mandat sur l’autre, elle ne souffre aucun amendement, elle résiste au temps parce qu’elle est essentielle à toute vie : aime. Le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même. Aime, alors-même que peut-être tu n’arrives pas à aimer ! Mais la force de la Loi de Dieu, sa Parole, est inscrite en toi et te donne la capacité d’aimer. Sur tes lèvres et dans ton cœur. « La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie », chantait le psaume.
Celui qui nous donne cette Loi, qui la réalise et l’accomplie, c’est Jésus, le Christ. Saint Paul nous le dit à sa façon, et nous dit la force de cet accomplissement de la Loi d’amour en Jésus Christ : « Que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. »
Lya et Romane (Blanzac), Aurélio (Chalais), c’est cette Loi qui vous est donnée par le baptême aujourd’hui. Pour que, en l’accueillant, en l’écoutant, en la mettant en pratique, vous ayez vous aussi, comme le désire le docteur de la Loi dans l’Evangile, la vie éternelle. Cette vie qui n’est pas la vie après la mort, mais qui est la vie dans sa plénitude dès aujourd’hui, la vie de femmes et d’hommes pleinement réconciliés entre eux et avec tous les vivants, et qui chantent par leur vie leur confiance en Dieu et l’amour de ceux dont ils deviennent proches.
Que cette Loi d’amour, inscrite désormais et à jamais en vos cœurs, grandisse, se déploie, et irrigue toute votre vie. Pour devenir, avec nous tous, aussi imparfaitement que nous le sommes, et avec toute l’Eglise, ce lieu où tout renait, où l’amour est accompli, où la justice et la paix l’emportent, où chaque femme, chaque homme, peut se savoir accueilli, attendu, aimé tel qu’il est.
Amen.
P. Benoît Lecomte
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