Homélie du 12 mai 2024, par le P. Benoît Lecomte

Aubeterre - Chalais - Brossac

Publié le 13 mai 2024

« Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel tu as choisi pour qu’il prenne sa place dans le ministère apostolique. » C’est dans l’invocation à l’Esprit Saint et la prière que se fait le choix de Matthias pour succéder à Judas, pour que les 12 soient bien 12. Non qu’il faille répondre à une logique de nombre, mais il faut que l’Eglise soit au complet, toute entière envoyée. Envoyée comme les disciples le sont par Jésus dans l’évangile. Envoyés dans le monde. Non pas pour être retirés du monde, mais pour que dans le monde, le nom de Jésus soit sanctifié.

L’Eglise, envoyée pour participer au ministère apostolique.

En ce temps un peu étrange entre l’Ascension et la Pentecôte, voilà ce qui résonne dans la Parole de Dieu de ce dimanche. Alors que les apôtres sont encore sous les chocs successifs de la résurrection et de l’ascension de Jésus, alors qu’ils sont encore habités par la crainte et la peur, alors qu’ils n’ont pas encore reçu la force de l’Esprit Saint à la Pentecôte, alors que nous vivons ce temps liturgique de « l’entre-deux », la Parole de Dieu vient nous saisir, nous, Eglise de Jésus Christ, pour nous rappeler à notre vocation première : participer au ministère apostolique. Une Eglise qui ne se reçoit pas d’elle-même, mais qui vient du cœur de Dieu, qui est choisie par Dieu, pour être envoyée dans le monde et faire connaître le nom de Jésus comme Celui qui sauve. Nous n’avons d’autre raison de nous rassembler, de prier ensemble, de réfléchir, de travailler, de servir : partager le ministère qu’ont reçu les Apôtres, l’actualiser dans le monde d’aujourd’hui. Être, pour aujourd’hui, témoins de la résurrection du Seigneur.

Mais ce ministère ne ressemble à aucune autre mission. Il est intimité avec le Christ, réception de l’amour de Dieu pour nous, et amour entre nous tous.

Le premier critère qui occupe les apôtres cherchant un successeur à Judas, est d’avoir quelqu’un qui a connu Jésus, qui a vécu avec lui « depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé. » Autrement dit, la première mission du ministère apostolique est de vivre le quotidien avec Jésus, de le prendre et de l’avoir pour ami. De partager sa Parole, ses gestes, sa façon d’être, lui qui est « l’image du Dieu invisible », lui qui donne à voir le Père. En entrant en intimité avec Jésus, nous entrons dans l’intimité de Jésus avec son Père, et nous rencontrons le Père. Et se réalise cette prière de Jésus : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Il s’agit, pour le redire avec les mots de la lettre de Saint Jean, de « demeurer en Dieu ».

Et voilà le deuxième critère de la mission, que la lettre de Jean reprend avec ces mêmes mots, car c’est finalement tout un : « qui demeure dans l’amour demeure en Dieu. » Demeurer dans l’amour, « nous aimer les uns les autres. » Le ministère apostolique, la mission de l’Eglise, n’est pas une affaire de programme pastoral, d’organisation des paroisses, de fiches de postes. Evidemment, ces questions font nos inquiétudes et nous avons raison de nous donner un certain nombre de repères pour mieux nous organiser et respectant les personnes et leur travail. Mais la véritable question que nous devons nous poser est la suivante : nous aimons-nous les uns les autres comme Dieu nous a aimé ? « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaitra comme mes disciples », dira Jésus. Et l’amour nous porte, les uns les autres, pour vivre la solidarité et l’entraide, le pardon et la réconciliation, l’attention aux plus fragiles, et toutes les missions et tous les services que nous devons vivre.

Sûrement est-ce cette qualité d’amour, qui n’appartient pas au monde, mais qui est Parole de Vérité. Cette qualité d’amour qui devient témoignage pour le monde, mystère, intrigue, curiosité, ou invitation, c’est selon. Les apôtres commencent à le comprendre… Avons-nous enfin totalement compris ? Comme eux, nous avons encore besoin de la force de l’Esprit Saint, de son audace, de sa délicatesse, de son Souffle. Dans nos communautés locales, dans notre paroisse, dans notre doyenné, dans notre diocèse, dans toute l’Eglise.

Nous célèbrerons le don de cet Esprit le week-end prochain, et l’événement de Pentecôte. Ce sera un moment de communion, d’unité, de fête, de joie, de prière commune. Un week-end pour faire l’expérience, de façon peut-être plus tangible, de la qualité de nos relations humaines et chrétiennes en Sud Charente. Un week-end pour vivre de l’intérieur de nous-mêmes cette intimité avec le Fils et le Père, pour demeurer dans l’amour de Dieu et dans l’amour des uns pour les autres. Un week-end pour recevoir l’Esprit de Dieu et être relancés, ensemble, dans la joie de participer à ce ministère apostolique.

Cette semaine qui s’ouvre aujourd’hui, portons dans notre cœur ce désir de demeurer dans l’amour de Dieu et d’avoir part à son Esprit. Devenons ensemble cette Eglise que Dieu veut, dans laquelle personne n’est oublié, à partir de laquelle chacun est envoyé, en communion avec tous les autres, pour répandre dans le monde le feu de l’amour divin, de son espérance et de sa joie. Et retrouvons-nous samedi et dimanche prochain, à Maumont, pour recevoir ensemble le don de l’Esprit Saint, et être renouvelé dans notre ministère apostolique.

Amen.

P. Benoît Lecomte

Partagez cette page à vos amis !




Télécharger au format PDF

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Contact

Père Benoît Lecomte
6 bis rue de Barbezieux,- 16210 Chalais
09 66 84 13 94 / 06 75 58 36 81
paroisse.de.chalais@orange.fr

Je recherche