« En entendant cela, les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur… la parole du Seigneur se répandait dans toute la région », lit-on dans les Actes des Apôtres. A quoi répond le psaume : « Acclamez le Seigneur terre entière. » L’Apocalypse enchaine : « Et voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. » Ces trois extraits nous projettent assurément dans une dimension universelle. Toute l’humanité, tous les peuples, toutes les personnes sont invitées à un même élan, à une même dynamique, à un même appel.
Un appel : nous vivons justement, en ce 4ème dimanche de Pâques, le dimanche de prière pour les vocations – vocations, vocare = appeler. La terre entière et tous ses habitants sont appelés !
Appelés par le Père qui nous tire du néant pour nous mener à la vie,
Appelés par le Fils qui nous donne la vie éternelle par sa Parole,
Appelés par l’Esprit, pour vivre de l’intimité du Père et du Fils dans leur parfaite unité.
Appelés par Dieu, qui nous donne le Christ pour Pasteur. Dire que Jésus est pasteur, c’est dire qu’il prend soin de nous comme un berger prend soin de ses brebis les plus faibles et les plus fragiles, et qu’il nous constitue en peuple – dans l’évangile, on dira en troupeau pour filer la métaphore des brebis -, en un troupeau organisé, en Corps dont nous sommes chacun des membres indispensables dans notre diversité. Et chacun de nous étant unique, chacun de nous répond de façon unique à cet appel de Dieu. Il fallait un pape : nous en avons trouvé un cette semaine. Mais il y en a un, pas la peine d’en avoir davantage ! De même, chacun de nous est un membre unique de cet immense Corps. Chacun de nous est unique et indispensable, avec une mission à vivre et à déployer, pour un temps ou pour plus longtemps.
Partout dans le monde, nous prions ce dimanche pour les vocations. Lorsqu’on prie pour les vocations, on pense d’abord et souvent à demander des prêtres, des religieux, des religieuses, des consacrés. Il en faut ! Qui ne tombent pas du ciel, mais qui se lèvent, de l’intérieur du peuple, et acceptent, consentent à ces missions particulières au service du Corps. On devrait ajouter les diacres, essentiels eux aussi à la vie du Corps. Il y a peut-être – et sûrement, même – parmi nous, des futurs prêtres, diacres, religieux, religieuses, contemplatifs ou apostoliques ! J’ai appris hier soir qu’une jeune femme originaire de Charente, que j’avais connue par les aumôneries et les pèlerinages de jeunes et les JMJ, allait être consacrée pour un autre diocèse dans 5 semaines. Quelle joie ! Posons-nous la question, à nous-mêmes et à ceux qui nous entourent ! Le Seigneur ne t’appelle-t-il pas à une de ces vocations particulières ?
Mais il y a aussi tous les autres appels, toutes les autres missions : le mariage, l’enseignement, le témoignage, la prière, le service sous toutes ses formes… le déploiement de notre baptême dans tant et tant de domaines et de dimensions ! Comment déployons-nous notre baptême ? Comment lui donnons-nous de la profondeur et de la hauteur, de l’envergure et de la force ? « La vocation est un don précieux que Dieu sème dans les cœurs, un appel à sortir de soi-même pour s’engager sur un chemin d’amour et de service. Et toute vocation dans l’Église – qu’elle soit laïque, au ministère ordonné ou à la vie consacrée – est un signe de l’espérance que Dieu a pour le monde et pour chacun de ses enfants », disait le Pape François dans le message qu’il avait prévu pour aujourd’hui.
L’important, nous dit l’évangile, tient en deux mots, qui peuvent tracer un chemin de vie et de bonheur : écouter et rester dans la main. Ecouter la voix du Bon Berger, écouter la voie du Seigneur qui s’adresse à chacun de manière unique. Ecouter celui qui nous connaît par notre nom et de qui nous n’avons rien à craindre. Ecouter dans le secret du cœur celui qui s’adresse à notre liberté, à notre conscience et à notre intelligence, notre histoire. Ecouter, et rester dans sa main, de laquelle personne ne peut nous arracher. Ni de celle du Fils, ni de celle du Père. Rester dans sa main comme on garde précieusement un trésor dans le creux de la main, follement aimés de Dieu qui veut nous donner tout son amour. Pas pour y être bien au chaud comme en un cocon, mais pour être donnés. Pour être envoyés. Pour être témoins d’une espérance dont le monde a besoin. Pour être artisans de paix, héraults de l’Evangile, pour grandir dans la liberté que nous offre l’Esprit, pour être veilleurs et révélateurs de tous les possibles enfouis sous les violences du monde. Pour être en plein vent ouvriers de communion. Nos vocations ne sont pas pour nous-mêmes, mais pour toutes celles et tous ceux qui se sentent loin, oubliés, abandonnés, isolés. Notre « Caravane de l’espérance » ne veut-elle pas répondre à cet appel que Dieu nous fait en Sud Charente ? Vocation non pas individuelle ou personnelle, mais vocation d’Eglise, d’une Eglise située en un lieu et en un temps, qui veut répondre à ce qu’elle entend des signes que Dieu lui fait. Participons à cette invitation de la Caravane comme si nous répondions à un appel de Dieu.
Le pape François écrivait encore : « L’Église a besoin de pasteurs, de religieux, de missionnaires, d’époux qui sachent dire “oui” au Seigneur avec confiance et espérance. La vocation n’est jamais un trésor enfermé dans le cœur, mais elle grandit et se renforce dans la communauté qui croit, aime et espère. Et puisque personne ne peut répondre tout seul à l’appel de Dieu, nous avons tous besoin de la prière et du soutien de nos frères et sœurs. » Alors prions les uns pour les autres, pour que chacun personnellement et ensemble en communauté, nous sachions répondre à l’appel de Dieu de tout notre cœur.
Amen.
P. Benoît Lecomte
Homélie du 11 mai 2025, par le P. Benoît Lecomte
Barbezieux - Baignes - BarretPublié le 11 mai 2025
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