« Jésus appela les Douze. » Dieu appelle.
Dieu appelle là où on ne l’attend pas. Dieu appelle celui que l’on n’attendait pas. « J’étais bouvier, et je soignais les sycomores, raconte le prophète Amos. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » Dieu fait d’un bouvier, un prophète. Il fait de quelques pêcheurs d’eau douce, des apôtres. Il fera d’un persécuteur, Saint Paul, hérault de la foi tout autour de la Méditerranée. Et l’on pourrait dérouler une longue liste d’appels que Dieu adresse à des hommes et à des femmes loin d’imaginer ce qui les attend, voire au départ à l’opposé de ce que Dieu leur propose.
Et toi, à quoi Dieu t’appelle ? Car la question ne se pose pas uniquement quand on est jeune et que l’on doit choisir sa voix. Dieu appelle chacun à chaque instant, sans cesse. L’amour de Dieu nous presse toujours de répondre à son invitation à aimer davantage et concrètement, d’une façon ou d’une autre. Alors que tu aies 10 ans, 15 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans, 75 ans ou plus, à quoi Dieu t’appelle ?
La méditation de Saint Paul aux Éphésiens nous met sur une piste inattendue en nous parlant de « prédestination. » « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ… En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ. » Dieu nous a choisis et appelés avant même notre naissance, avant notre propre existence, de toute éternité semble-t-il. Il nous a choisis et prédestinés non pas pour contraindre notre volonté et notre action en nous obligeant à choisir telle ou telle voix, mais il nous a choisis et prédestinés à vivre de lui, avec lui et en lui. A devenir ses enfants et à prendre pour frère Jésus le Christ. Il nous a choisis et appelés pour réaliser son projet, devenir des saints, des vivants dans l’amour.
Un saint n’est pas forcément quelqu’un à la vie extraordinaire ou originale. Nous connaissons tous les saints « de la porte d’à côté », comme les appelle le pape François, qui continue : « Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie (cf. Ga 5, 22-23) » (Gaudete et Exultate, 14-15). Saint Paul nous le rappelait déjà : « En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Evangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. »
A lors à quoi Dieu t’appelle ? Et à quoi Dieu nous appelle, en Eglise ? A vivre dans l’amour, à accueillir l’Esprit de son Fils et à prendre la route de la manière la plus simple, respectueuse et fraternelle pour annoncer la paix de Dieu et la répandre autour de nous. Un appel qui n’est pas d’aujourd’hui, mais de toujours et à toujours. Un appel qui est non seulement un point de départ, mais aussi un but, une vocation, plus encore, une raison de vivre, notre raison d’être en ce monde. Il n’y a pas de raison plus essentielle que celle-ci à notre présence sur terre. C’est le sens même de notre vie : accueillir par Jésus-Christ l’amour de Dieu et son élan de vie, et les partager autour de nous. A chacun, ensuite, de trouver chaque jour la meilleure manière de vivre la réponse à cet appel, en devenant bouvier ou prophète, pêcheur en lac ou apôtre. Et en acceptant de nous laisser déplacer par l’Esprit Saint qui peut nous proposer ou nous inspirer, toujours, de nouvelles façons de mettre notre vie au service de cet Amour tout puissant qui récapitule tout et donne sens en dévoilant le Mystère de la volonté de Dieu et de notre vie.
« Jésus appela les Douze ; et il commença à les envoyer en mission… et ils partirent. » C’est bien cet appel et cet envoi qui nous mettent en mouvement. Ne restons pas les deux pieds dans le même sabot ! De cette période estivale qui commence, avec un rythme de vie un peu différent et le temps de la détente, des rencontres, des visites, de l’accueil des uns et des autres, des retrouvailles en famille, faisons-en un temps favorable pour vivre cette mission d’annonce et d’amour. Pour construire le Royaume de Dieu. Pour participer au projet de Dieu, ce projet qu’il a pour nous, de toute éternité, ce projet où ” amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ” (Ps 84)
Amen.
P. Benoît Lecomte
Une réponse sur « Homélie du 11 juillet 2021, par le P. Benoît Lecomte »
[…] – Tout d’abord, l’homélie de ce dimanche 11 juillet : Dieu t’appelle ! […]