Depuis le début de ce carême, nous entendons la question que Dieu posait à Adam et qu’il nous pose encore : « Où es-tu ? » Mais aujourd’hui, c’est nous qui voulons poser la question à Dieu. Où es-tu, Seigneur, toi qui étais acclamé comme un roi et qui a été crucifié et déposé au tombeau ? Où es-tu donc passé, toi en qui nous avions mis notre confiance et notre espérance ? Nous t’espérions maître des nations et te voilà sous terre, cadavre avec les morts. Où es-tu donc passé, toi le Maître de l’Univers ? As-tu abandonné l’Homme que tu avais créé et toute l’humanité et la création avec lui ? Nos yeux peuvent le croire. Lorsque des enfants et des innocents sont massacrés aux portes de l’Europe et en tant d’endroits dans le monde. Lorsque les injustices sont si criantes dans notre société, lorsque les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Lorsqu’en Eglise des atrocités innommables sont commises, à l’encontre de tout évangile. Où es-tu donc, Seigneur ? Nous as-tu abandonné ?
En cette crucifixion qui est don de la vie jusqu’au bout, c’est tout le contraire qui se produit. Non seulement Dieu ne nous abandonne pas, mais il vient au plus profond de la rencontre, dans l’en-bas de l’en-bas, jusqu’en nos entrailles parfois abîmées par la haine et la violence, par la peur et l’injustice. Dieu ne nous abandonne pas, il s’engage. Il s’engage totalement. Non pas du bout des doigts ou par des paroles bien pensantes, mais par tout son être et toute son existence. Il s’engage pour nous retrouver. Enfin. Non comme un roi de ce monde, mais comme un serviteur d’humanité.
Il s’engage comme tous ceux qui luttent contre les inégalités. Il s’engage comme tous ceux qui accueillent les étrangers qui ont tout perdu – et combien de nos contemporains s’y emploient encore davantage depuis quelques semaines. Il s’engage comme tous ceux qui nouent des actes de solidarité, de relèvement, de soin de ceux qui ont besoin.
Ce week-end est un moment important dans notre pays. Nous pouvons être mus par des peurs, et elles peuvent être nombreuses. Nous pouvons être tentés de ne pas nous engager, de ne pas voter, de regarder les choses se faire, de rester en marge de l’histoire. Nous pouvons nous dire que tout ça ne rime à rien, sans regarder combien d’hommes et de femmes à travers le monde rêvent de pouvoir exprimer librement un choix de société. Ce n’est pas la logique de Dieu. La peur est le contraire de la foi et de l’espérance, et Dieu, en Jésus-Christ, continue, jusqu’au bout et encore au-delà, de croire et d’espérer. Il continue de se donner et de s’engager en faveur de tous et de chacun. Il continue d’aimer et d’aller chercher tout homme, toute femme, tout enfant, pour l’amener à Lui, dans l’amour infini, déjà ici et maintenant. Frères et sœurs, si nous voulons devenir disciples de Jésus, prenons le même chemin que lui, engageons-nous dans la même dynamique de vie.
Les rameaux que tu tiens en mains ne sont rien d’autre que le signe de cette espérance et de cette foi. Ils ne sont pas des grigris à poser sur les tombes des morts, mais des signes pour les vivants de ce que nous croyons : Dieu est amour infini, en Jésus-Christ il va jusqu’au bout de cet amour, et par son Esprit il nous invite à aimer comme lui.
Amen.
P. Benoît Lecomte
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