Homélie de la vigile pascale 2024, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 31 mars 2024

(Baptêmes de Marie, Léa et Jade)

Je pense que nous pourrons partager ce constat : notre monde est marqué par la mort. Inutile de dresser la liste des zones de combats à travers le monde, nos journaux le font quotidiennement. On nous parle de guerres, d’attentats, de catastrophes naturelles, d’accidents, de féminicides, de famines. On dresse des bilans, en nombre de morts. Même les dernières lois discutées dans notre pays parlent de la mort : celle qu’on peut donner à des enfants pas encore nés, celle qu’on peut inoculer soi-disant « fraternellement » à des personnes décrétées trop malades ou trop âgées. Notre monde – et sûrement nous-mêmes avec lui – est fasciné par la mort. Il la cherche autant qu’il en a peur, il l’expose autant qu’il veut la cacher ou la fuir. Certains diront même que les croyants croient… parce qu’ils ont peur de la mort. N’avons-nous pas passé ces deux derniers jours à ne parler, dans nos prières, que de la mort de Jésus ? Notre célébration ce soir n’a-t-elle pas commencé elle aussi dans le noir ?

Mais la lumière a resplendi. Cette nuit, tous les textes de la Parole de Dieu ne nous parlent que de vie. De la vie crée, de la vie engendrée, de la vie ressuscitée, de la vie célébrée. « Au commencement, Dieu crée le ciel, et la terre, et la lumière et tous les êtres vivants, et au sommet, l’Homme. » Le Seigneur Dieu crée tout l’univers, avons-nous entendu dans la Genèse. Puis au fil des récits, nous avons compris qu’il avait créé un Peuple, son Peuple, pour vivre en Alliance avec lui. Un Peuple qu’il aime, qu’il conduit, qu’il fait grandir, qu’il sauve, qu’il rejoint, à qui il est fidèle. Un Peuple qu’il fait vivre. Et au terme de cette Histoire, Jésus. Lui qui était mort, le voilà annoncé ressuscité, revenu à la vie, relevé d’entre les morts. Non pas revenu comme avant, pour quelques années de plus, mais revenu pour être désormais à jamais vivant. Il a plongé dans la mort, jusque dans nos enfers, et il en est revenu non en héros (il serait alors ressuscité en public pour qu’on l’acclame), mais en Sauveur, en tirant vers la Vie tous ceux qui sont dans la mort, pour qu’ils ressuscitent avec lui.

Cette résurrection, cette vie avec lui n’est pas un projet à espérer pour l’au-delà, pour « après notre vie ». Ou pas uniquement. Elle est aussi ce passage, ce plongeon que nous avons vécu dans le baptême, que vous allez vivre, Marie, Jade et Léa. Ce soir, vous ressuscitez avec le Christ. Cette nuit est nuit de nouvelle naissance. Vous l’avez déjà compris et découvert en le côtoyant : avec Dieu, tout est vie, tout est naissance. Cette nuit est nuit de votre naissance – ou renaissance. Ce baptême, ce plongeon ce soir est la révélation de ce don de la vie de Dieu, que Dieu vous fait. Et cette révélation éclate en pleine lumière. Elle nous prend tous comme témoins et compagnons, comme frères et sœurs pour la route, elle nous constitue, vous et nous, encore, en Peuple, comme déjà au temps jadis. En Eglise. La mort et la résurrection d’un seul a sauvé la multitude. Le baptême de quelques-uns (vous êtes 3 ici, plus de 7000 rien qu’en France à être baptisés cette nuit) entraine tous les autres que nous sommes, et plus largement encore, d’une façon que Dieu seul connaît. Parce qu’il réveille notre propre baptême à sa force et à sa vitalité. Parce qu’il n’est pas événement de salut individuel, mais qu’il tisse entre nous des relations nouvelles qui nous donnent – et nous demandent, voire nous imposent – de nous aimer les uns les autres comme le Christ nous a aimé.

Le monde peut être fasciné par la mort, nous sommes appelés par la vie. C’est elle qui est la plus forte. Sur elle, la mort n’a plus aucun pouvoir. La pierre a été roulée. Ce qui se présentait comme un obstacle insurmontable pour les femmes du petit matin, a disparu. Changement de regard. Les femmes étaient inquiètes et marchaient la tête basse. Maintenant, elles lèvent les yeux. Comme le soleil se lève de grand matin. Dans cette nuit, tout se lève, avec Celui qui se relève d’entre les morts. L’humanité se lève, le monde se lève, l’univers se lève. Jésus se relève d’entre les morts, et entraine tout avec lui dans ce même mouvement : l’Homme, avec lui, se lève. Il n’est plus en proie à la peur, à la violence, à la haine ou à la mort. Il est libéré de cette fascination pour la mort, et regarde désormais la vie en pleine Lumière, « les yeux levés ». L’événement que nous célébrons cette nuit nous arrache aux puissances des ténèbres et nous ouvre à la liberté et à la paix, à la joie des vivants pardonnés. Tout prend naissance – renaissance.

L’avenir n’est pas sur ce tombeau. Il est en Galilée. Jésus nous y précède. Il est au carrefour des nations, à la croisée des chemins. Il est sur les lignes de fractures du monde et dans les lieux d’inhumanité, pour annoncer que la vie a vaincu, que s’il y a des douleurs, ce sont les douleurs de l’enfantement. Le monde était dans la nuit, mais la Lumière a jailli et nous appelle à la Vie. Allons ! Partons ! Ne restons pas ici, en prise avec nos peurs, attachés à nos morts. Laissons-nous renaître, chacun et ensemble, avec le Christ. Laissons-nous ressusciter avec lui, « le Seigneur de l’univers », « le Dieu de toute la terre ». Le Christ et l’Esprit nous précèdent. Vivons de cette Vie nouvelle. Allons annoncer à tous les peuples, à toutes les langues, à tous les hommes, cette espérance et cette joie : Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité, Alléluia !

P. Benoît Lecomte

L’album photos de la célébration

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