Quelques temps après sa mort et alors que Jésus apparaît à ses disciples, il leur dit ces paroles que nous venons d’entendre : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
Ce message a été entendu. Ces paroles se sont transmises de générations en générations à travers l’histoire. Et 2000 ans plus tard, c’est vous qui avez été baptisés au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. C’est vous qui avez été plongés dans l’eau du Mystère de Pâques, dans la vie de Dieu. Vous avez été baptisés parce que vos parents le souhaitaient pour vous, avec tout le meilleur que des parents veulent pour leur enfant. Vous avez été plongés dans l’eau du baptême et dans la foi de l’Église alors que vous ne saviez ni parler ni choisir. Mais vous avez été imprégnés de l’eau, de l’huile sainte, vous avez revêtu le vêtement blanc et votre visage s’est illuminé de la lumière du Christ.
Puis vos parents, vos parrains et marraines vous ont fait découvrir une autre famille que celle où vous étiez nés au jour de votre naissance : l’Église. Ce Peuple bigarré d’hommes et de femmes baptisés qui ont choisi, librement, de suivre le Christ et de le reconnaître comme Celui qui est la Vérité, le Chemin et la Vie. Qui ont choisi ou, peut-être plus précisément, qui ont répondu à l’appel mystérieux de Dieu qui vient nous choisir, chacun, dans la liberté de notre réponse.
Si nous sommes ici ce soir, c’est que depuis votre baptême vous avez grandi, vous vous êtes affermis, vous avez appris à faire des choix, à avoir des convictions, à vous orienter dans la vie. Et vous avez accepté, répondant mystérieusement à l’invitation de Dieu, de prendre à votre compte ce que vous aviez reçu bébé, et de prendre davantage encore votre place dans l’Église.
La prière de ce soir est une étape sur votre chemin de foi. Elle n’est ni une arrivée, ni l’obtention d’un diplôme ou d’un certificat de connaissances. Elle est une balise et une boussole à laquelle vous pourrez revenir quand vous en aurez besoin, pour vous rappeler ce baptême dont vous ne vous souvenez probablement pas. Et cette boussole est importante, parce que le chemin n’est jamais terminé. Parce qu’on n’en fini jamais de répondre à l’appel de Dieu. Parce qu’on n’en fini jamais de découvrir qui est Jésus, le Christ, le Fils, ni quel travail fait l’Esprit en nous et dans le monde, ni la grandeur et la profondeur de l’Amour du Père. Nous avons pris le temps d’en parler samedi dernier à Maumont, mais il y a encore tant à découvrir de ce Mystère de relation d’amour de Dieu dans chacune de nos existences !Vous n’êtes pas arrivés, comme aucun de nous présent dans cette église. Vous professez votre foi et dans le même temps la foi de l’Église reçue des Apôtres, mais cette profession de foi n’est pas l’affirmation d’une assurance. Elle est l’expression d’une confiance libre et heureuse.
Les apôtres ont connu Jésus, ils ont vécu avec lui pendant 3 ans, l’ont écouté prêcher, ont vu ces actions. Ils l’ont vu mourir et il leur est apparu après sa résurrection. Pourtant, vous avez entendu dans l’évangile que « certains eurent des doutes. » Si eux, si proches physiquement de Jésus, ont des doutes quand ils le voient, combien plus nous pouvons avoir des doutes quand nous ne le percevons pas ! Cela, c’est l’espace de notre liberté. Dieu ne s’impose pas. Dieu ne se prouve pas. Dieu n’est pas une évidence. Il y a même bien des raisons de ne pas croire ! La mort, le mal, la souffrance, l’injustice, les maladies, la négation des autres. Tous, nous pouvons en être victimes, témoins, parfois acteurs. Et nous pouvons alors nous rebeller contre Dieu ou crier notre désespoir ! Cela est normal et fait du bien. La Bible est pétrie de ces récits et de ces cris des hommes. Mais l’Esprit Saint continue inlassablement à faire appel à notre esprit pour que nous ayons envie de participer à l’aventure de l’Amour tout-puissant en ce monde, en reconnaissant Jésus comme Maître et Seigneur et en travaillant à l’avènement du Royaume de Dieu en devenant chaque jour un peu davantage des Enfants de Dieu, des frères et sœurs de Jésus, des disciples du Christ.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que faire sa profession de foi n’est pas réciter un texte d’Eglise ou une suite de dogmes par cœur en comprenant plus ou moins ce que l’on dit. Mais c’est accepter de continuer le chemin dans la confiance que le Dieu de Jésus Christ est le Dieu d’Amour et de Vie, et que nous ne sommes jamais seuls puisqu’ « il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin de monde », comme il nous l’a promis. Cela veut dire que ce n’est pas d’abord une histoire d’assurance ou de connaissances à avoir sur Dieu, Jésus ou l’Église, mais un mouvement du cœur qui s’abandonne à la Présence Aimante de Dieu pour vivre d’un style de vie qui rende gloire à Dieu en s’engageant sur les chemins de justice et de miséricorde, d’amour et de bienveillance, de pardon, d’unité et de lutte pour la dignité de tout homme. Cela veut dire que c’est reconnaître qu’on n’est pas seul, mais qu’il y a tout un Peuple qui partage avec nous cette aventure de vie : l’Église, et avec l’Église, la prière, la Parole de Dieu, les sacrements, la fraternité et la solidarité.
Il y a 11, 12 ou 13 ans environs, vous étiez baptisés. Vous faites aujourd’hui ce nouveau pas de votre profession de foi. Nous voulons vous remercier de nous rappeler combien la foi qui nous habite est fragile et belle, combien elle a besoin d’être nourrie, combien elle est importante en nos vies et dans nos engagements, combien elle peut changer le monde si nous la laissons transformer notre cœur.
Amen.
P. Benoît Lecomte
Le 5 juin 2021
Une réponse sur « Homélie de la veillée de Profession de foi à Barbezieux par le P. B Lecomte »
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