Compte-rendu de la visite du P. Paul Kinda à Barbezieux

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 24 août 2022


A 17h, salle St Mathias, rue E. Vinet à Barbezieux, une vingtaine de paroissiens accueille l’abbé Paul Kinda , curé de Kokologho et père Benoît Lecomte,
prêtre à Barbezieux.
Après des mots de bienvenue, d’excuses et de remerciements, l’assemblée lit un extrait de l’Evangile du jour selon St Matthieu 22,34-40 «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit», «Tu aimeras ton
prochain comme toi-même»…
La fraternité Barbezieux/Kokologho existe depuis 45 ans. Cela montre que les charentais et les burkinabè, guidés par le Seigneur, s’aiment et s’apprécient depuis
longtemps. Que cette rencontre, confiée au Seigneur, soit ecclésiale et fraternelle. Puis le groupe entonne «Peuples de frères» et dit un «Notre Père».
L’abbé Paul intervient alors, selon l’ordre du jour comportant des questions glanées au cours des échanges, avant sa venue.
Tout d’abord, père Paul annonce que le Burkina Faso, pays des hommes intègres est devenu «le pays des hommes désintégrés». Ce pays présente 21 millions d’habitants sur 274 000 km². 59 % des habitants ont moins de 20 ans. C’est un pays jeune, avec 63 groupes ethniques, pays essentiellement agricole ( 2e producteur de coton…). Il est attaqué dans le secteur minier [manganèse, or (4e producteur d’or en Afrique)…]

1) La situation sécuritaire
Blaise Campaoré qui a succédé à Sankara, a présidé pendant 27 ans et a été renversé par un coup d’état. A partir de 2015, la situation s’est dégradée. 2 semaines après l’élection de Roch Kaboré on déplore des attaques djihadistes. Il y a plus de 2 millions de déplacés internes venant surtout du Nord et de l’Est du
pays qui fuient les attaques et les attentats particulièrement violents, plus qu’au Mali. La partie centrale est un peu épargnée. Les causes de cette situation sont très diverses, mais les plus importantes sont la pauvreté, l’inorganisation de l’État, le manque de respect du gouvernement…..Il faut ajouter aussi que de nombreux militaires, des gendarmes ont fui, ils ont été radiés. Ils sont partis dans le maquis avec les armes. Dans la partie du pays occupée par les
djihadistes, l’État n’est plus présent, n’est plus représenté. Les citoyens ne sont plus considérés comme des burkinabè ainsi le recrutement par les djihadistes a-t-il été favorisé. L’État central manque de moyens, de vision politique. Il ne pense pas aux autres.
Le président Roch qui a été démocratiquement élu suite au départ de Blaise est accusé d’être trop faible, trop mou. Une junte militaire prend le pouvoir le 24 janvier 2022 : coup de force. Ces militaires ont prévu 5 mois pour en finir avec le terrorisme : aujourd’hui, c’est pire ! Ce nouveau pouvoir est accusé de faire venir des ministres, des responsables….favorables à l’ancien régime de Blaise. Le bras armé de Blaise a pris le pouvoir. Lequel Blaise, exilé en Côte d’Ivoire, est revenu quelques heures au pays !

Qui finance les terroristes ?
Les terroristes possèdent davantage de matériel militaire, de véhicules que l’armée régulière. Des armes viennent aussi de Libye suite à la chute de Kadhafi. Les services de renseignements des djihadistes sont plus efficaces. Ils font des trafics illicites d’or qu’ils exploitent de façon sauvage ce qui fait déguerpir les
burkinabè. Il faut ajouter le trafic de la drogue qui procure aussi beaucoup de ressources. On déplore des enlèvements, des rançons, du trafic de carburant : 10 à 15 camions-citernes ont disparu ! Les terroristes djihadistes veulent créer un couloir incluant Niger, nord du Burkina, et Mali pour faciliter tous ces trafics. Les citoyens burkinabè sont inquiets, ils ont peur ; ils sont encerclés car au Sud du pays, des mouvements terroristes s’implantent au Bénin, au Togo, au Ghana……
Bref, un sentiment d’insécurité ! A Kokologho, pas de menace particulière malgré tout !

Quelle sera l’évolution avec le retrait partiel des troupes barkhanes et la présence des troupes russes Wagner au Mali ?
Quel rôle joue la France ? Question délicate et importante ! Pas beaucoup de changements de ce côté-là . A-t-on tous les éléments pour répondre à cette
question ?
A défaut d’atteindre la France, on peut atteindre les citoyens burkinabè. Au Mali, les troupes barkhanes partent et passent par Kokologho.
Un sentiment anti-français ? Il faut s’intéresser à ce que fait la France aujourd’hui dans ces territoires. Pour le moment, les mercenaires russes ne sont pas présents au Burkina Faso. On accuse la France sans preuve. Les réseaux sociaux sont présents. On parle d’un aéroport clandestin. Est ce vrai ?

Que fait l’Église ? Elle est très attentive. Il y a des prises de parole, des jeûnes…Les évêques sont très écoutés et respectés : leurs messages sont lus lors des messes. Au Burkina, on compte 61% de musulmans et 19% de catholiques. Néanmoins, tous souhaitent la réconciliation.

Le centre d’alphabétisation :
Il permet aux adultes surtout des femmes, qui le fréquentent d’apprendre à lire et à écrire dans leur langue maternelle. Tout se passait bien jusqu’à ces derniers temps où l’État a remplacé l’organisme indépendant qui le gérait, par l’OCADES (Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité). Le coût annuel s’élève à 2 000 € par classe. Il y a 4 niveaux et les besoins en documentation pour les animateurs et les apprenants sont importants.

3) La banque de céréales et la situation alimentaire : Après les récoltes, la paroisse achète du maïs dans les régions productrices arrosées (Bobodiolasso…..)
ex. : en 2022 : 360 sacs de 100kg.
Ces sacs sont stockés à Kokologho dans un local traité contre les termites, dans la cour du presbytère. Dès 2018, la fraternité de Barbezieux, avait versé 200 € pour l’implantation de ce local. Les sacs sont vendus par OCADES et par l’abbé Raphaël à la population dès juillet. Père Paul fait remarquer qu’il s’agit d’un compte spécial, dédié. Il est précisé que les djihadistes interdisent de semer…..La famine guette. Plus de 2 millions de déplacés internes dont une quarantaine à Kokologho. Une crise alimentaire est prévisible.

4) La fraternité des laïcs : comment correspondre ?
Certaines paroisses, à la demande de l’évêque, ont créé un bureau de laïcs. Quand toutes les équipes auront été constituées, elles éliront un bureau diocésain des
fraternités. Pour l’instant, les équipes de laïcs sont réunies 3 fois par an. Père Paul insiste sur sa présence régulière pour représenter Kokologho. La fraternité est une valeur, bien fêtée à Kokologho. L’équipe de laïcs a pour responsable Georges, un ancien catéchiste, qui seul, parle français. Le meilleur moyen de correspondre avec nos frères et sœurs de Kokologho reste la lettre écrite et envoyée par la poste, même si celle-ci n’est pas très fiable.

5) Les projets :
Père Paul annonce que c’est sans doute sa dernière année à Kokologho. C’est la raison pour laquelle, il ne veut pas trop entreprendre. Néanmoins, depuis longtemps, l’idée de mettre en place des boutiques de rue, prend forme. Un devis a été déposé pour une épicerie et 15 boutiques en location assurant ainsi des revenus pour la paroisse, revenus qui compléteront les quêtes et le denier du culte classiques.
De plus, un devis pour construire un oratoire au presbytère a été remis à l’évêque.
A Kokologho, la construction de puits busés, avec l’aide financière d’amis italiens, permet à des femmes et à des jeunes de travailler au jardinage.

6) Questions diverses :
Pour finir père Paul nous explique la crise qui sévit à Kokologho, depuis plus de 7 ans. Le chef s’est suicidé. Son fils, qui devrait lui succéder comme la coutume le préconise, refuse le poste.
2 camps se sont créés, incapables de se réconcilier depuis plus de 7 ans. Le chef n’est toujours pas remplacé. Or, le chef, dans un village, a un rôle de pacificateur, gère les litiges et fait l’unanimité, sans jamais s’occuper de politique. Il est respecté.

Enfin, père Paul nous rappelle la création d’une nouvelle paroisse : «Bingo». C’est l’abbé Raphaël qui y assurera le service. Un logement équipé l’attend dès le 1er
septembre prochain. En remarque, la vaisselle envoyée, à plusieurs reprises, par la fraternité de Barbezieux a servi !
La fraternité de Barbezieux sera invitée à l’ouverture officielle de cette nouvelle paroisse.

En réponse à une question posée à propos du container, père Paul insiste sur la joie de recevoir les colis et sur le bonheur de distribuer tout leur contenu.
La fraternité décide de poursuivre les envois par container.

Elle discutera, lors d’une prochaine réunion, de la manière d’aider les veuves à Kokologho et à Bingo. En effet, l’abbé Paul dit que ces veuves sont nombreuses, et qu’il faut les aider à se prendre en charge, participer aux frais de scolarisation des enfants. On peut assurer un minimum de revenus en leur achetant 2 moutons qui, élevés, produiront un petit troupeau…..Et en cas de besoin, la vente d’une bête viendra en aide à la veuve.
A la date d’aujourd’hui, un mouton coûte 45 000 CFA soit 68,61 €
La fraternité de Barbezieux pourrait-elle aider 3 veuves par an ?…… pendant quelque temps, car peu à peu, les veuves, entre elles, peuvent s’aider.

En conclusion, l’assistance a beaucoup apprécié l’intervention très précise de père Paul.
L’apéritif et le pique-nique tiré du sac ont permis de poursuivre les échanges, en toute simplicité, mais assez efficaces pour faire grandir la fraternité.

Remarques :
* Durant son séjour, père Paul a découvert l’église de Royan et l’histoire résumée de la ville, l’église de Talmont/Gironde ; il a visité un élevage de chèvres chez Matthieu et Gilles Buteau et assisté au concert «Lutz Eternal» (celtique, gospel…) donné, samedi soir, en l’église de Saint Hilaire de Barbezieux. Partout, des échanges enrichissants avec la population !
* Père Paul a présidé la messe du 21 août en l’église St Mathias de Barbezieux, et en a 4profité pour transmettre les remerciements des paroissiens de Kokologho pour les prières charentaises et tous les envois. Il a souligné la vitalité de la fraternité de Barbezieux.

Compte-rendu validé par l’abbé Paul Kinda resté à Barbezieux du 16 au 22 août 2022
Ghislaine Audy,
ce 23 août 2022

Des dates à retenir
1) réunion de la fraternité, salle St Mathias, vendredi 2 septembre à 16h30.
2) festival des services, après la messe, pique-nique et présentations dans jardins du presbytère dimanche 2 octobre.
3) réunion pour fêter la Fraternité, à la maison diocésaine, samedi 15 octobre de 10h à 17h.
4) pour préparer cette fête, réunion à la maison diocésaine, du bureau élargi de l’association diocésaine des fraternités, mercredi 5 octobre de 10h à 12h.
5) Assemblée générale de l’association diocésaine des fraternités, à la maison diocésaine, samedi 12 novembre de 10h à 12h.

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05 45 78 01 27
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