Ce matin, chers frères et sœurs, quelque chose m’intrigue. Alors que nous sommes en train de célébrer la solennité de sainte Marie, MÈRE DE DIEU, tous les textes de la Parole de Dieu choisis par l’Eglise pour illustrer ce mystère nous parlent non pas tant de la maternité de Marie vis-à-vis de Jésus que de la paternité de Dieu vis-à-vis de son Peuple.
Je prends à témoin la première lecture, extraite du livre des Nombres : « Parle à Aaron et à ses fils » dit Dieu à Moïse… avant de poursuivre : « voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël ». Une bénédiction à laquelle le Psaume répond en tournant lui aussi le regard de Dieu vers son Peuple : « Que Dieu NOUS prenne en grâce et NOUS bénisse. Que son visage s’illumine pour NOUS ». L’évangile lui-même semble renchérir ne plaçant pas la relation de Marie et de Jésus au centre. A bien y regarder, ce sont les bergers qui sont les personnages principaux, ceux à travers qui chacun de nous contemple la Nativité. « Les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem »… « ils découvrirent Marie, Joseph et le nouveau-né »… « ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé »… et ils repartirent en glorifiant Dieu.
Franchement, chers frères et sœurs, il y a de quoi s’interroger. Pourquoi l’Eglise nous donne-t-elle une telle perspective pour contempler le mystère de Marie, Mère de Dieu ?
Eh bien je crois que c’est la deuxième lecture, l’épître aux Galates, qui donne une piste pour répondre à cette question. Je me permets de la citer à nouveau : « lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils ».
Le mystère de Marie, Mère de Dieu, n’est compréhensible que dans la perspective PLUS LARGE de l’histoire du salut et dans la perspective PLUS PRÉCISE de NOTRE salut. Pour le dire plus simplement : si Marie est la Mère de Dieu, c’est d’abord et avant tout, pour que NOUS soyons sauvés ! Pour que TOUTE l’humanité reçoive le salut que Dieu vient lui apporter en se faisant homme.
Depuis Noël, vous l’avez remarqué, nous n’avons que ce mot à la bouche : le SALUT. Eh bien aujourd’hui, ce message se précise. Comment Dieu veut nous sauver ? En faisant de nous ses FILS. Et comment peut-il faire de nous ses fils ? En envoyant son Fils Unique dans le monde pour qu’il devienne notre FRÈRE.
Ainsi, le mystère de Marie, Mère de Dieu s’avère être INSÉPARABLEMENT le mystère de Marie, Mère de toute l’humanité car il est INSÉPARABLEMENT le mystère de Jésus, SAUVEUR du monde. Par le « oui » de Marie, par son consentement libre au projet de Dieu, toute l’humanité reçoit la grâce d’accueillir au milieu d’elle son Créateur. Et ainsi, dans le sein de Marie, ce Créateur devient aussi notre Sauveur. Marie est Mère de Dieu pour que chaque membre de l’humanité soit sauvé en devenant fils d’un même Père.
Et cela, chers frères et sœurs, va nécessairement teinter notre manière de vivre notre vie chrétienne.
D’abord, parce que si Dieu a voulu nous sauver en devenant notre frère, nous devons nous poser la question suivante : Suis-je prêt à me laisser sauver de cette manière-là ? suis-je prêt à devenir moi aussi le frère du Christ ? Notre première réponse sera évidemment positive… Mais à bien y réfléchir, ce n’est pas si évident ! Car cette proximité avec Dieu, cette fraternité avec le Christ peut remettre en cause en profondeur notre relation avec lui. On est prêt à se laisser sauver par un Dieu, qui est supérieur, qui est magnifique, qui est extraordinaire. Et là, Dieu nous demande : es-tu prêt à te laisser sauver par cet enfant tellement pauvre qu’il a une mangeoire pour couffin ? Es-tu prêt à te laisser sauver par cet homme qui pend nu au bois de la croix ? Es-tu prêt à laisser Jésus vous sauver, non pas par sa puissance, mais par sa pauvreté, son humilité… sa fraternité ?
La deuxième incidence de ce choix de Dieu de nous rendre fils et filles en s’incarnant dans le sein de Marie, va être dans notre rapport avec cette dernière. Nous ne pouvons pas faire comme si elle nous était étrangère, comme si elle était simplement une personne parmi d’autres. Parce que Dieu l’a choisie pour être la mère de notre frère, elle devient aussi NOTRE MÈRE… Et comme le dit l’Ecriture en bien des passages, c’est un devoir pour les fils d’honorer son père et sa mère.
Oh, dans le cas de Marie, ce n’est pas difficile. D’abord parce qu’elle ne cesse de nous montrer des signes de sa douceur maternelle lorsqu’on prend le temps de la prier, mais surtout parce qu’elle ne veut rien faire qui ne fasse pas grandir notre relation avec son Fils Jésus. Marie est toute relative à Dieu. Elle est le reflet de son amour pour chacun d’entre nous. Et c’est la raison pour laquelle, en ce premier jour de l’année qui lui est consacré, nous l’honorons de nos chants et de nos prières pour lui confier les mois qui viennent.
Marie, notre tendre mère, présente ces prières à Dieu. Montre-nous le chemin du Ciel. Et permets-nous de découvrir comment devenir toujours plus fils et filles du Père, en Jésus, ton enfant bien-aimé. Amen.
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