« Que devons-nous faire ? » Les foules qui viennent se faire baptiser dans le Jourdain posent la question à Jean le baptiste. Nous aussi, nous nous posons souvent la question : « Que devons-nous faire ? » Avec nos enfants, que devons-nous faire ? Et avec nos parents, surtout quand l’âge et les ennuis de santé se dessinent ? Ou quand nous sommes ados et que c’est « chaud » à la maison, que devons-nous faire ? Et devant une question d’orientation professionnelle ? Un choix à faire ? A chaque élection ? Dans une relation compliquée ? Que devons-nous faire ? Que devons-nous faire pour être un bon chrétien, pour devenir disciple de Jésus ? Que devons-nous faire pour nous préparer convenablement à la fête de Noël ?
À tout moment, et pour 1000 situations, la question revient, nous renvoyant à notre conscience, aux conséquences à choisir, à une étape à vivre. Et à l’inquiétude, sourde, tapie au fond de nous, de savoir si nous faisons bien les choses.
Jean le baptiste répond à chacun, une réponse personnalisée, ajustée à la condition des personnes qu’il a devant lui. Et il n’y a finalement pas de grande surprise dans ces réponses : invitation à partager, à vivre dans la justice, à faire attention aux autres. Bien qu’elles engagent souvent une véritable conversion de vie, il n’est question que d’une morale simple et pertinente, permettant de vivre ensemble dans de bonnes conditions pour chacun.
Nous pourrions avoir ce type de réponses. Elles sont justes. Elles ont quelque chose de rassurant. Il suffirait de faire, et nous trouverions la paix. Mais en même temps, nous pressentons qu’elles ne vont pas au fond des choses. Elles sont à la fois exigeantes et superficielles. Notre attente est plus profonde. « Le peuple était en attente », raconte l’évangile. Et nous rejoignons ce peuple qui veut aller plus loin.
Car en rester là, c’est en rester à Jean le baptiste. Mais il n’est qu’une étape, il ne fait que désigner la suite. Et la suite, c’est Jésus. Celui qui est « plus fort que lui et dont il ne se sent pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. » Jean le Baptiste nous invite à un pas supplémentaire, à un autre baptême que le sien, à un baptême dans l’Esprit Saint et le feu, à un véritable plongeon.
Autrement dit, ne faisons pas de notre foi une morale, aussi juste et nécessaire soit-elle. Le plus essentiel n’est pas l’obéissance à une morale qui ouvrait au véritable bonheur. Elle risquerait même de nous tourner vers nous-mêmes, et de nous entrainer à nous regarder faire, à regarder notre nombril pour vérifier que nous sommes dans les clous. Ce qui prime, ce n’est pas de nous regarder bien faire les choses, c’est de regarder Jésus. C’est la confiance que nous avons en Jésus, l’enfant né à Bethléem. L’enfant que nous allons célébrer à Noël, non comme on fête un anniversaire, mais comme le Mystère déjà reçu de Dieu qui vient à nous en se faisant homme, en prenant chair de notre chair. Le Mystère de Dieu présent à notre humanité, de Dieu présent à notre vie de façon inouïe, essentielle. A cause de cela, « soyez toujours dans la joie du Seigneur », clame Saint Paul. « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce. » A l’inquiétude de bien faire, qui habite nos cœurs, Paul nous invite à répondre par la joie débordante de celui qui met sa confiance en Jésus, de celui qui « garde son cœur et ses pensées dans le Christ Jésus. » Jésus ne donne pas de leçon de bien vivre, comme Jean le Baptiste, il est « le Dieu qui me sauve », comme le dit le psalmiste. « J’ai confiance, je n’ai plus de crainte, il est pour moi le salut ! », continue-t-il. « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour », crie le prophète Sophonie.
Ce dimanche est résolument le dimanche de la joie. Il est aussi celui de la lumière. La Lumière de la Paix de Bethléem, que nous allons accueillir dans cette église à 17h ce soir. Cette Lumière allumée dans la grotte de Bethléem, à l’endroit même où l’enfant Jésus est né, où Dieu a pris chair pour nous offrir Sa paix et sa joie. Et cette lumière a traversé les montagnes et les mers pour venir jusqu’à nous, pour que nous l’accueillons en nous et pour que nous la partagions et diffusions à tous ceux qui en ont besoin, à tous ceux qui sont inquiets, à tous ceux qui sont seuls, à tous ceux qui sont perdus dans l’obscurité de leur vie.
Que devons-nous faire ? Peut-être d’abord cela : témoigner de la joie de Dieu qui habite nos cœurs, et partager cette Lumière qui apporte la Paix, une « Paix qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir », dit encore Saint Paul. Partager une Bonne Nouvelle, celle annoncée par Jean le baptiste : Dieu vient, et il est là, à la porte de ton cœur, et il veut te donner sa paix et sa joie ! Elle est là, la fête de Noël à laquelle nous nous préparons. Préparons-nous en partageant déjà la joie de recevoir Dieu, de l’accueillir en l’enfant de la crèche et de l’accueillir dans cette eucharistie, de l’accueillir aussi dans le sacrement du pardon, que nous célèbrerons cette semaine pour ouvrir encore davantage nos cœurs à la joie et à la paix.
« Tu le vois, Seigneur Dieu, ton peuple attend avec foi la fête de la naissance de ton Fils ; nous t’en prions, accorde-nous de parvenir au bonheur d’un tel salut, et de le célébrer solennellement avec une joie toujours nouvelle ! » (Oraison de ce jour)
Amen.
P. Benoît Lecomte
Homélie du 15 décembre 2024, par le p. Benoît Lecomte
Barbezieux - Baignes - BarretPublié le 15 décembre 2024
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