Léonie, Caroline et Keryan, vous avez tout à l’heure frappé à la porte de l’Eglise. Et vous avez demandé à recevoir le baptême pour avoir part à la vie éternelle, à la révélation de la vie de Dieu en vous. Vous avez frappé à la porte aujourd’hui, en ce premier jour du temps de l’Avent. Notre horizon, c’est Noël. Et Noël, c’est exactement cela : Dieu qui frappe à notre porte et qui veut venir parmi nous pour nous faire partager sa vie, sa vie éternelle, en Jésus.
Peut-être avez-vous trouvé que les textes de la liturgie sont loin d’être festifs. On les aurait souhaités un peu plus encourageants et enthousiastes, ils nous parlent de nations affolées et désemparées et nous mettent en garde contre les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie.
Mais ils nous annoncent aussi une bonne nouvelle : le Seigneur vient. Et ils nous invitent à nous tenir prêts et debout pour l’accueillir. Voilà que ce temps de l’Avent se dessine, que notre préparation à la fête de Noël est tracée. Car c’est de cela qu’il s’agit : nous préparer à l’accueillir en nous tenant debout au milieu de ce monde, à relever la tête, à rester éveillé et à prier pour être en capacité de le recevoir et de le reconnaître.
La lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens nous indique une voie pour nous préparer à rencontrer le Seigneur : avoir « entre nous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant. » Pour nous entrainer à accueillir Dieu fait Homme, pour nous entrainer à accueillir Dieu en notre chair, il nous faut développer notre amour mutuel et fraternel. Nous entrainer à nous aimer, pour accueillir l’amour fait Homme en notre humanité. Cet entrainement peut être très concret ! Aimer davantage nos parents, notre conjoint, nos enfants, nos collègues de travail ou de vie associative… Aimer davantage ceux qui nous sont plus loin et que l’on connaît peut-être moins, mais avec qui nous partageons la même humanité. Aimer jusqu’à ceux envers qui nous avons des aprioris négatifs, ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord… Aimer les plus petits, les rejetés, les exclus, les vauriens, les paumés, les gens de mauvaise vie, les laissés pour compte. C’est dans le moins-que-rien que le Seigneur voudra se faire reconnaître et aimer : dans le bébé de la crèche, dans le condamné à mort, dans le crucifié. N’avons-nous pas besoin de nous entrainer pour cela, de « faire de nouveaux progrès », comme le dit Saint Paul ? Prenons ce temps de l’Avent comme un temps d’entrainement à l’amour gratuit, désintéressé, perdu. Le seul qui a véritablement de la valeur, aux yeux de Dieu et aux yeux de notre cœur.
L’évangile nous propose un autre chemin, complémentaire : prier en tout temps. L’amour des frères et des sœurs se double de l’amour de Dieu, de la confiance en lui, de la remise de notre volonté en la sienne, comme en un même élan. Si le Seigneur veut frapper à notre porte, à la porte de notre cœur, il faut nous habituer à reconnaître sa voix, son pas, sa façon d’être, son message… il faut nous accorder à son diapason, apprendre à l’écouter, reconnaître sa présence. Ouvrir nos oreilles et nos yeux à l’indicible, à l’inaudible, à l’invisible, à celui dont les chemins sont tellement éloignés des nôtres. A celui qui joue de la lumière et du vent, du silence et de l’absence. Et nous accorder à lui. Prier en tout temps, pas seulement lorsque nous l’avons décidé, dans les cadres que nous avons identifiés. Mais faire de toute notre vie, dans toutes ses dimensions, dans tous ses aspects, une immense prière qui maintiendra en éveil notre cœur, pour le reconnaître et l’accueillir quand il viendra.
Nous pouvons trouver de nombreux moyens, dans les revues et les sites internet, pour vivre ce temps de l’Avent. L’EAP de notre paroisse nous a préparé un calendrier de l’Avent. Ceux qui le souhaitent pourront recevoir par mail chaque jour (ou en version papier sur demande pour chaque semaine), une aquarelle en lien avec les textes du jour et une courte méditation et / ou une proposition d’action en lien avec les textes du jour (préparé par un membre de l’EAP). Et tous les dimanches matin à Barbezieux et tous les samedis soir dans l’église où la messe est célébrée, l’EAP nous invite à nous retrouver 20 mn avant la messe en nous mettant en groupe, si possible avec des gens qu’on ne connaît pas, pour partager ce qui nous a marqué dans la semaine et qui amène une action de grâce, un merci. Sans compter tous les rendez-vous que nous pourrons vivre d’ici Noël… Voilà une façon d’apprendre à accueillir le Seigneur qui vient à nous, et qui veut nous rencontrer en prenant chair de notre chair.
Une dernière chose : ce chemin d’Avent n’est pas uniquement pour nous, personnellement ni même communautairement. Il n’est pas une coquetterie spirituelle pour nous occuper ou augmenter notre piété. Il est pour le monde. Il est pour toute l’humanité. Il est pour les femmes et les hommes qui meurent de peur, qui sont affolés et désemparés par la marche de l’histoire, pour ceux qui ont perdu toute espérance. Oui, ce monde a besoin que nous sachions accueillir et reconnaître le Seigneur Dieu, le Fils de l’homme, Celui qui apporte au monde la paix, le droit et la justice. Celui qui apporte le salut.
Léonie, Caroline et Keryan, avec vous nous entrons joyeusement sur ce chemin de l’Avent. Sur ce chemin de Dieu qui frappe à notre porte pour se lier à nous de manière indéfectible et éternelle. Nous sommes heureux de vous accueillir et de faire la route avec vous ! Avec les mots du psalmiste, nous pouvons prier : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, fait nous connaître ton Alliance. »
Amen.
P. Benoît Lecomte