Homélie du 22 septembre 2024, par le P. Benoît Lecomte

Aubeterre - Chalais - Brossac

Publié le 22 septembre 2024

Quels sont les désirs de ton cœur ? Sont-ils rivalité, jalousie, comparaison, convoitise, recherche de puissance et de premières places, de reconnaissance et d’admiration de la part des autres ?

C’est la question que te pose l’apôtre Jacques dans sa lettre.

C’est à ces désirs que les apôtres sont soumis dans l’évangile.

Reconnaissons-le, ces désirs nous animent, nous aussi. Oh, bien sûr, pas tout le temps, pas avec tout le monde. Nous ne sommes pas réduits à ça ! Mais ils sont là. « Ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand », raconte l’évangile. Être le plus grand au risque, ou au prix, de rabaisser les autres pour qu’ils soient, eux, en toute logique, plus petits.

Intéressant, Jésus prend la balle au bond et reconnait ce désir : « Si quelqu’un veut être le premier », dit-il. Il ne renie pas ce désir tapis en nos cœur, encouragé par nos éducations. Devenir premier, comme ces athlètes des Jeux Olympiques ont tout donné pour le devenir. Mais Jésus nous rappelle en même temps à notre vocation fondamentale, à notre identité, celle d’hommes et de femmes créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance.

Et cette image n’est pas un dessin, ou une photo. Elle n’est pas une image physique. Elle est un mouvement. Elle est le mouvement de celui qui nous la révèle : Jésus. Ce mouvement, Jésus lui-même le décrit, l’annonce à ces apôtres : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Ce mouvement, il est abaissement devant l’autre. Il laisse l’autre grandir. Il nous place comme « serviteurs », et même « serviteurs de tous », autrement dit, non seulement « dernier », mais « dernier des derniers », comme le Christ. Si tu veux être le premier, soit le dernier.

Auto-flagellation ? Masochisme ? Invitation à se faire du mal ? Morale déshumanisante et dangereuse ? Non. Rien de tout cela, même si cette logique paraît illogique, même si cette dynamique va à l’encontre de celle du monde. Rien de tout cela, et même tout le contraire : on parle d’amour. D’un amour qui nous fait devenir plus humain. On parle de paix, de bienveillance, de sagesse qui vient d’en haut, de miséricorde, d’esprit pacifique », pour reprendre les termes de saint Jacques. On parle d’un amour qui nous rend à notre visage humain, qui nous configure à l’image de Dieu, qui nous donne d’être vraiment nous-mêmes, c’est-à-dire pas seulement soi-même chacun les uns à côté des autres, mais soi-même en ouverture, en relation, en communion avec tous les autres, et même avec tout le vivant, car l’Homme n’est pas indépendant de tout le reste de la création et il y a une vocation unique. « [L’Esprit Saint] appelle à la conversion des styles de vie, à résister à la dégradation de l’environnement par l’homme, et à manifester cette critique sociale qui est avant tout un témoignage de la possibilité de changer. Cette conversion consiste à passer de l’arrogance de ceux qui veulent dominer sur les autres et sur la nature – réduite à un objet à manipuler – à l’humilité de ceux qui prennent soin des autres et de la création », dit le pape dans son message pour le mois de la Création au milieu duquel nous sommes. Et il continue : « Espérer et agir avec la création (c’est le thème de ce mois) signifie avant tout unir les forces et, en cheminant avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté, contribuer à « repenser la question du pouvoir humain, de sa signification et de ses limites. » » L’Evangile nous interpelle dans toutes nos relations.

Et l’évangile nous interpelle aussi en Eglise, en communauté chrétienne, en communauté de disciples missionnaires. Nous pouvons avoir la tentation de vivre la mission, l’évangélisation, la rencontre avec les autres dans un mouvement de « ramener à nous ». Les paroles de Jésus nous invite à d’abord servir ce monde, en accueillant la Paix qui vient de Dieu et en devenant artisans de cette paix. A prendre la place de dernier et de serviteur d’une humanité parfois joyeuse, parfois inquiète, violente et en proie à ces désirs destructeurs. A nous de ne pas utiliser les mesures du monde pour nous comparer (en nous comptant, en comptant nos richesses ou nos pauvretés, ou le nombre de nos idées…), mais à travailler à la justice, humblement, parfois secrètement.

La seule revendication que nous avons à avoir est celle de devenir serviteurs. Et d’accueillir tout un chacun comme l’enfant de l’évangile. L’enfant, celui qui n’a pas la parole et le langage (« in-fans »), l’enfant qui est dépendant, sans moyen, le petit, et pour l’époque de Jésus, celui qui ne compte pour rien. Il est pour nous l’image de Jésus au milieu de nous, il rejoint le véritable désir de notre cœur : celui d’aimer et de prendre notre place dans ce monde en aimant.

Que cette eucharistie nous donne de grandir dans le service et dans l’amour.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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