Homélie du Samedi 4 mai 2024

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 5 mai 2024

Homélie du dimanche 5 mai anticipé, à Baignes – Baptême de Marcel

Aimer. Le commandement de l’amour. Si le mot « commandement » ne nous plait pas toujours, parce qu’on n’aime pas forcément être commandés, le mot « amour » nous rejoint. Il nous fait rêver. Il nous saisit et nous emporte. Il réveille en nous tant de sensations et de désirs. Nous voulons être aimé, nous voulons aimer. L’amour est peut-être la quête de notre vie. C’est en tout cas d’où nous venons et où nous allons, notre origine et notre fin, le sens de notre identité, notre but, notre vocation. Et nous voilà à l’image de Dieu, « nés de Dieu », dit Saint Jean, « connaissant Dieu », car « Dieu est amour ».

« Dieu est amour. » Voilà pour moi les trois mots les plus importants de toute la Bible. Parce qu’ils donnent la clef de compréhension du mot « Dieu », de l’insaisissable réalité divine, de l’immensité du divin. Même la question de la puissance divine trouve sens dans ces trois mots : je me rappelle d’un théologien, François Varillon, lu quand j’avais 20 ans qui écrivait : « Dieu ne peut pas tout. Dieu ne peut que ce qui est amour, mais il peut tout ce qui est amour »[1].

Mais si ce mot « amour » éveille en nous de douces sensations et émotions, les mots de l’évangéliste ne réduisent ni Dieu, ni nous, à l’expression d’un sentiment. Dire que Dieu est amour, dire que nous sommes faits pour aimer et que nous devons nous aimer les uns les autres, n’a rien d’un mantra de bisounours. Cet amour dont on nous parle ce soir, est un amour tout autant miséricordieux que violent. C’est un amour de mort et de vie. C’est un amour qui engage la liberté et la volonté. « Voici en quoi consiste l’amour, continue Saint Jean : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. » « Envoyé en sacrifice », les mots sont pesés et sont forts. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie », continue l’évangile. Aimé n’est donc pas, sous la plume de l’évangéliste, ni dans la vision de Jésus, ressentir de doux sentiments les uns pour les autres. C’est se dépouiller soi-même, s’est se donner totalement, c’est donner sa vie, c’est mourir pour l’autre. Violence des violences. Perte de soi-même, à l’image « du Christ Jésus, qui s’est dépouillé du rang qui l’égalait à Dieu pour prendre condition humaine et connaître la mort de la croix » (Ph 2, 6-11). Il nous faut prendre cette définition, ou ce mouvement, au sérieux si nous voulons être reconnus disciples de Jésus. Plus encore, si nous voulons une existence accomplie. Ou encore si nous voulons que « notre joie soit parfaite. » Si nous voulons « porter du fruit. » Eloge de la souffrance ? me demanderez-vous. Non, certainement pas. La religion catholique a trop longtemps tenu ce genre de discours doloriste poussant à la négation de soi, et maintenant les masses dans un état de soumission. Il ne s’agit pas de se nier, mais plutôt de se trouver. De trouver le sens de notre vie. Et nous pouvons expérimenter qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Renversement des Béatitudes, qui dessinent un chemin de vie, le chemin de Dieu, le chemin de l’Homme. Jusqu’à l’amour… des ennemis ! Où en sommes-nous de notre amour des autres – de ceux que nous aimons, de ceux que nous n’aimons pas trop, de ceux qui sont différents de nous, de ceux qui nous font peur parce qu’ils sont âgés, ou jeunes, ou malades, ou je ne sais quoi d’autre ? Le commandement de l’amour ne semble pas être une option pour qui veut suivre le Christ. Il n’est pas une option pour qui « est né de Dieu ».

Marcel, le plongeon que tu vas vivre dans quelques instants te marque définitivement de ce commandement de l’amour. De l’amour qui se donne totalement. De l’amour de Dieu, dans ta vie. Il vient te donner de vivre différemment, parce que passé par la mort et ressuscité avec le Christ. Ce plongeon, ce baptême te fait vivre dans l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu qui vient habiter notre esprit pour nous faire vivre avec Lui, pour accorder notre vie à la sienne, pour accorder notre façon d’aimer, toujours imparfaite, à la sienne. Cet Esprit Saint que nous invoquons et qui donne de chanter les louanges de Dieu.

            Ce plongeon dans l’amour de Dieu, Marcel, te fait devenir membre de l’Eglise, le Corps du Christ. Ce Corps où nous sommes invités, de façon toute particulière, à manifester notre amitié avec Jésus, qui nous « appelle ses amis ». Ce Corps où lui-même nous choisi pour que nous portions du fruit, un fruit de l’amour tel que le Père le vit et le donne. L’Eglise est ce Corps, ou ce Peuple, convoqué par Dieu, pour révéler aux yeux du monde l’amour dont tout homme est aimé. Elle est ce lieu, toujours en mouvement, où résonne de façon tout à fait sensible ce commandement de l’amour : nous aimer les uns les autres comme Dieu nous a aimé.

            En ce temps pascal et à l’approche de la fête de Pentecôte, accueillons l’Esprit de Dieu qui nous fait naître, sans cesse, à la vérité de son amour. Avec Marcel, replongeons à la source de notre baptême et réveillons le don de la grâce que nous avons reçu, pour faire de notre Eglise le lieu où l’amour de Dieu est révélé à tout homme. Au souffle de l’Esprit, grandissons dans l’amitié avec le Christ et dans l’amour des uns pour les autres.

Amen.

P. Benoît Lecomte


[1] François Varillon, Joie de croire, joie de vivre

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