Homélie du dimanche 24 mars 2024, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 24 mars 2024

Le Roi est mort. « Jésus, poussant un grand cri, expira. » Le Fils de Dieu, le Sauveur du monde, n’est plus. Celui en qui l’on avait mis notre espérance a été tué. Vous parlez d’un « Dieu Tout-Puissant » ! Il a été englouti. Par la haine, la violence, l’injustice, la calomnie, la trahison, le mensonge. La mort. Et il ne s’est même pas défendu. Même ses plus proches ont fui. Tous l’ont abandonné. « Livré aux mains des pécheurs. » Où donc est-elle, sa Toute-Puissance ? Qui donc est-il, ce Dieu qui prétend être Dieu ? Regardons le monde qui nous entoure : des guerres de plus en plus proches et violentes. Des injustices de plus en plus criantes. Des souffrances de plus en plus insupportables. L’isolement, la maladie, l’insécurité devant l’avenir, la peur du lendemain, de la fin du monde et de la fin du mois. Des jeux de pouvoirs qui ne servent pas le bien commun, les puissances économiques et financières qui semblent faire la loi, la folie des hommes qui s’emballe : il y aurait de quoi implorer un Dieu qui fasse quelque chose, qui agisse, qui rétablisse la dignité de tout homme, qui écrase le mal, qui impose la paix, qui convertisse les cœurs, qui fasse éclater son règne ! Il y a du travail, pour un Dieu qui s’en donnerait la peine ! Au lieu de cela, il s’abandonne aux mains des pécheurs. Il ne répond rien. Il livre son corps. Il verse son sang – pour la multitude, dit-il. Il rend l’esprit. Le voilà enveloppé dans un linceul, déposé dans un tombeau, une pierre roulée contre l’entrée.

Nous serions-nous trompés de Dieu ? L’aventure et l’espérance s’arrêtent-elles là, à la porte de ce tombeau, au pied de ce mur ? A vue humaine, oui. Tout le laisse penser.

Mais des mots laissés par le Maître alertent notre esprit : « toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jour… » « Une fois ressuscité, je vous précèderai en Galilée… » Il semble avoir semé, tout au long de sa vie et encore en ces dernières heures de tourbillon de violence, comme non seulement l’annonce de ce moment, mais aussi l’annonce d’une suite à venir. D’une suite à cette mort, d’une suite à cette fin. Comme si elle n’était pas seulement accidentelle, mais aussi voulue dans le plan de Dieu. Comme s’il fallait que Jésus passe par là, pour accomplir sa mission, pour aller jusqu’au bout de la volonté du Père : « Non pas ce que je veux, mais ce que toi, tu veux. » Comme si l’on n’avait pas pris sa vie, mais qu’il l’avait donnée. De lui-même. Par amour. Pour nous aimer jusque-là. Jusque dans les détresses, les injustices, les abandons et les violences de toutes sortes. Jusque dans le mal qui blesse nos cœurs, nos vies, nos relations, notre existence. Comme s’il avait fallu qu’il descende jusqu’en ces enfers, jusqu’en nos enfers, pour que nous comprenions que là encore, il est avec nous et nous tient la main. Et qu’il nous fasse remonter, un jour, avec lui, à la Lumière. « Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement, clamait le psalmiste. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! » « Il s’est anéanti, rappelait Saint Paul, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Il s’est abaissé jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. »

Alors ce récit n’est pas celui de la mort d’un homme. Il est l’annonce d’une aurore à venir. D’une autre logique que nos logiques humaines. d’une puissance divine bien plus puissante que toutes les puissances que nous pouvons imaginer. Il est l’annonce d’une espérance qui prend sur elle tout, absolument tout ce que nous pouvons vivre et que notre monde peut vivre. Pour nous mener à la confiance et à la paix, à la vie de Dieu, au règne de ce Roi d’amour.

Les rameaux que tu as en mains aujourd’hui, sont signes de cette espérance. Avec eux tu as acclamé tout à l’heure l’entrée de Jésus à Jérusalem. Ne les utilise pas comme un gri-gri ou un porte-bonheur, mais comme un signe d’espérance et de confiance, que la mort, la haine et la violence ne sont pas la fin de tout, que l’amour aura le dernier mot. Que si le roi est mort, c’est pour venir nous chercher dans notre mort. Mais que demain, la pierre du tombeau sera roulée et que nous pourrons être vivants, avec lui, dans son royaume.

Amen.

P. Benoît Lecomte

Bénédiction des rameaux à Lagarde sur Né

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Une réponse sur « Homélie du dimanche 24 mars 2024, par le P. Benoît Lecomte »

Fertein dit :

Merci père Benoît, c’est une très belle homelie

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