Homélie du dimanche 15 octobre, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 15 octobre 2023

Des noces. Voilà le décor de la liturgie de ce dimanche. Des noces et un banquet. Un banquet de noces. Et pas n’importe quel banquet, ni n’importe quelles noces : celles du roi ! Les images de l’intronisation du roi Charles III en Angleterre, ou celles de son banquet à l’Elysée récemment ont assez circulé pour visualiser à quoi peut ressembler un banquet de noces du roi : « un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés », annonçait le prophète Isaïe.

Des noces pour célébrer une Alliance. Le seul et unique projet de Dieu avec nous, ce projet dont témoignent les mariés qui prennent tant et tant de soins à préparer leurs noces. L’Alliance pour sceller l’amour, pour vivre en communion, en harmonie, en complémentarité. Toute la Bible ne parle que de cela, à longueur de livres, de la première à la dernière page. C’est l’obsession de Dieu, son mystérieux but : faire Alliance avec nous. « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous […] Je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre », pouvons-nous entendre dès la Genèse (Gn 9, 9.13).

            Cette Alliance, ce banquet de noces, c’est celui auquel le Seigneur nous invite, et que nous vivons à chaque eucharistie. Il est là, ce banquet, autour de cet autel, avec ce pain et ce vin devenus Corps et Sang du Christ, de Celui qui scelle l’Alliance une fois pour toute en donnant sa vie pour tous. Pour partager toute la vie de Dieu en nous, et toute notre vie en Dieu. « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a voulu prendre notre humanité », dit le prêtre en versant une goûte d’eau dans le calice au moment de la présentation des dons.

            Voilà le décor et la réalité de ce que nous sommes en train de vivre. Et qui sont les invités ? Nous ! Nous tous ! A en croire la parabole de l’évangile, les invités prévus non seulement ne sont pas venus, mais ont tué les serviteurs. Alors le roi invite plus large, aux quatre vents, par tous les chemins : « les mauvais comme les bons ». Quelle bonne nouvelle ! Nous ne sommes pas là parce que nous sommes meilleurs que les autres, puisque même les mauvais viennent à la noce ! Notre assemblée et notre Eglise ne sont pas constituées de gens bien, à la conduite morale irréprochable, à la pratique religieuse impeccable. Même nous, qui connaissons nos limites et même notre péché, sans aucun mérite, nous avons reçu le carton d’invitation et nous pouvons répondre « présent » ! Bonne Nouvelle !

            Bonne nouvelle parce que nous entrons ce dimanche dans la semaine missionnaire mondiale, et cette page d’Evangile nous invite à sortir de nos cercles bien-pensants (ou « pensants comme nous ») et nous envoie à la croisée des chemins, rencontrer les bons et les mauvais pour les inviter à la noce. Bonne nouvelle, mais exigeante parabole, parce qu’elle ne nous laisse pas tranquilles dans les schémas que nous connaissons, dans les entre-soi sécurisants. A l’image de Dieu qui nous invite à son banquet de noces alors que nous n’en sommes pas dignes, la mission nous envoie inviter ceux qui n’en sont a priori – ou apparemment –  pas dignes pour partager l’Alliance d’amour promise.

            Alors que nous prions pour les missions, nous prions aussi, en ce mois d’octobre, pour les délégués synodaux réunis en session à Rome sur le thème de la synodalité, et qui ont à écouter le Peuple de Dieu répandu par toute la terre tel qu’il s’est exprimé ces deux dernières années, et l’Esprit Saint dans le silence et la Parole de Dieu. Puissent leurs travaux, répondre à ce désir du Roi d’accueillir largement en son banquet et son Royaume, en invitant l’Eglise à être toujours davantage du côté des croisées des chemins et des périphéries existentielles. Au banquet des noces, « le Christ ressuscité est Celui-qui-rompt-le-pain et, en même temps, il est le Pain-rompu-pour-nous. Et donc, tout disciple missionnaire est appelé à devenir, comme Jésus et en Lui, grâce à l’action de l’Esprit Saint, celui-qui-rompt-le-pain et celui-qui-est-pain-rompu pour le monde », dit le pape dans son message pour aujourd’hui.

            Reste cet étrange épisode final où l’un des convives est renvoyé parce qu’il n’a pas le vêtement de noces. Avertissement pour nous ! Le vêtement de noces, c’est ce qui habille le convive. Et ce qui habille le convive lorsqu’il est invité par le roi à son banquet, c’est la joie. C’est le bonheur de partager et communier avec le roi. C’est l’espérance. Ce vêtement est celui de notre baptême. Mais si nous ne faisons pas resplendir la beauté de ce vêtement, si nous le laissons au placard et nous habillons des vêtements de la tristesse et du désespoir, nous n’avons rien à faire à la noce. Peut-être plus encore en ces temps de violences extrêmes, de haine furieuse, de déchainement inhumain, d’incertitude et de peur de l’avenir. Notre présence au banquet du roi, notre témoignage missionnaire, notre vie d’Eglise se tient là : dans notre capacité à vivre de la vie de Dieu, de son amour, de son espérance et de sa joie, jusque dans les détresses abyssales de ce monde. Non pas que nous serions naïfs ou inconscients. Mais, les manches retroussées pour travailler aux carrefours des hommes et sur les lignes de fracture d’humanité, nous savons que le Roi est le grand vainqueur, et que chacun, d’où qu’il vienne, peut trouver sa place autour de la table du banquet. Et qu’il est, lui, celui « qui fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples, qui essuiera les larmes sur tous les visages… Le Seigneur a parlé. »

Puissions-nous être de ces convives, invités de la dernière minute, qui savent s’habiller avec leur vêtement de ressuscités, et partager avec le monde, tel qu’il est et déjà sauvé par Dieu, la joie de participer au banquet.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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Une réponse sur « Homélie du dimanche 15 octobre, par le P. Benoît Lecomte »

Ilaria Moggi dit :

C’est le bonheur de partager et communier avec le roi. C’est l’espérance. Ce vêtement est celui de notre baptême. Mais si nous ne faisons pas resplendir la beauté de ce vêtement, si nous le laissons au placard et nous habillons des vêtements de la tristesse et du désespoir, nous n’avons rien à faire à la noce.
Merci p. Benoît !

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