Homélie du 3 septembre 2023, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 2 septembre 2023

Nous revenons de vacances, nous sommes encore plein de souvenirs de la période estivale qui s’achève, le bronzage est encore visible par endroit, nous sommes encore dans l’enthousiasme de telle rencontre, de telle expérience te moment vécu cet été. Nous sommes reposés, prêts à reprendre nos activités ordinaires de l’année… et le moins que l’on puisse dire c’est que l’Evangile n’est au premier abord, pas très motivant. « Passe derrière moi, Satan. » « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Voilà qui douche quelque peu notre motivation. Etranges paroles, pour des encouragements.

Ces paroles sont pourtant paroles d’Evangile, et donc Bonne Nouvelle, paroles de bonheur.

La lettre de Paul vient ouvrir notre horizon : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »

Notre référence de bonheur, la Bonne Nouvelle de l’Evangile, n’est pas les moments beaux et chaleureux que nous avons vécu cet été. Ces souvenirs nous rappellent des moments de douceur et de paix, mais ils peuvent n’être que des échos du bonheur selon le modèle du monde présent. Réjouissons-nous de ce que nous avons vécu ! Mais ce n’est pas pour ça que le Christ est venu partager notre condition d’Homme. Il est venu pour vivre la croix et nous inviter, à sa suite, à prendre la nôtre.

Que l’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas de chercher à accumuler le plus d’épreuves et le plus de souffrances possibles. La croix est ce signe d’amour infini, de don total que nous dessinons sur tout notre corps au début de chaque prière, pour que toute notre vie soit sous le signe de cet amour.

Cet amour passe par les épreuves, et jusqu’à l’épreuve du mal, et l’assume, et la dépasse. Là est le véritable mystère de Dieu : la croix va plus loin que la violence du mal. Elle ne contourne pas l’obstacle, elle ne contourne pas le mal, elle ne le fuit pas, elle ne fait pas comme s’il n’existait pas (ce que nous pouvons faire quand nous sommes en vacances : on met nos soucis de côté). La croix assume totalement le mal, la souffrance, la violence, même la mort. Elle prend tout cela sur elle pour le tuer définitivement. La croix fait face.

            La croix n’est pas un élément extérieur à nous-mêmes : c’est le premier signe que nous recevons au jour de notre baptême. Avec elle, c’est donc notre programme de vie chrétienne qui est immédiatement et définitivement établi. Disciples de Jésus-Christ, nous voulons vivre de la croix dans sa réalité la plus grande et la plus mystérieuse.

            L’année qui s’ouvre nous offrira, soyons en sûrs, son lot d’épreuves, de souffrances, de violences. Armés de notre baptême, enracinés dans la victoire du Christ, ne désertons aucun des lieux que nous serons amenés à traverser. Ni les lieux de bonté, de douceur et de joie, en rendant grâce à Dieu. Ni les lieux de difficultés, d’incompréhension et de douleur, sûr que la paix, le pardon et la communion auront toujours le dernier mot. C’est ainsi que nous vivrons de la croix, que nous déploierons pleinement notre baptême.

            Et Jésus continue : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » Voilà qui ouvre encore à une autre dimension. Rien ne sert de gagner le monde, si c’est au prix de sa vie. Invitation à ne pas se regarder soi, mais à avoir en ligne de mire, comme horizon, l’autre. Les autres. Tous les autres. La vie sociale, notre vie en société, et la vie communautaire, celle de notre communauté chrétienne aux frontières si floues car passant dans l’intimité du cœur de chacun. L’Evangile est Bonne Nouvelle parce qu’elle nous décentre de nous-mêmes, de notre petit bonheur personnel, pour nous ouvrir au bonheur ensemble, en commun. « En synode », pourrions-nous dire avec ce mot à la mode en Eglise aujourd’hui. C’est le bonheur – et l’horizon, le chemin – d’une société où chacun a sa place, est écouté, attendu, rejoint. Renoncer à sa propre vie, c’est ouvrir le chemin de la fraternité et entrer dans le dessein de Dieu.

            En ce temps de rentrée, n’ayons pas peur de mettre la croix en perspective de notre regard. Elle est notre boussole. Elle nous invite à aller de l’avant, sans peur, plein de confiance et d’espérance, joyeux d’être aimés du Dieu victorieux de tout mal. Elle nous invite à lever nos yeux et à ouvrir nos bras pour accueillir celles et ceux que nous rencontrerons, et à faire un bout de chemin avec eux. Elle nous invite à nous recevoir et à construire une communauté enracinée et ouverte, priante et servante, attentive et active.

            Nous faisons si souvent ce signe de croix sur nous, qu’il devient machinal et nous en oublions sa force. Alors à la lumière de cette page d’Evangile, en regardant les semaines et les mois qui s’annoncent, nous pouvons refaire ensemble, lentement, intimement, profondément, le signe de la croix pour nous engager à vivre d’elle : au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, que cette année soit toute entière marquée de ton amour, Seigneur.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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