Dimanche 28 septembre, la paroisse de Aubeterre – Brossac – Chalais a vécu sa journée de rentrée. Retrouvez ici l’homélie et l’album photos.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Parole de Dieu qui nous est donnée d’entendre en ce dimanche de rentrée paroissiale est vigoureuse et nous empêche de nous endormir. « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles, à ceux qui se croient en sécurité… couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur les divans… » Le prophète Amos ne mâche pas ses mots. Ils nous rejoignent. Peut-être particulièrement parce que notre monde secoué ne nous permet pas de vivre de façon tranquille, que le sentiment de sécurité n’est pas si élevé que cela, et que l’inquiétude ambiante ne nous laisse pas vautrés sur les divans. Peut-être nous rejoignent-ils aussi parce qu’ils dressent une feuille de route pour notre paroisse, pour notre communauté chrétienne. En ce début d’année, écoutons donc le programme auquel Dieu nous convoque.
Le Seigneur nous invite à ne pas être indifférent à ceux qui nous entourent. Le riche de l’évangile – qui n’a pas de nom, anonymisé, qualifié uniquement par son train de vie qui lui a enlevé toute humanité – n’a jamais fait attention à celui qui mendiait à sa porte – et qui, lui, porte un nom : Lazare. On dit souvent de Dieu, dans la Bible, qu’il « voit la misère de son Peuple ». Le riche n’a rien vu de la misère qui l’entourait. Il s’est enfermé dans ses richesses et son confort. Il en a perdu son cœur, sa capacité d’aimer, d’accueillir, de voir. Ne soyons pas comme cet homme riche, mais plutôt comme Lazare. Peut-être pauvre, et reconnaissant notre pauvreté. Mais avec un cœur. Avec un cœur compatissant, miséricordieux, avec un cœur doux et humble, avec un cœur qui sait mendier.
Et c’est la deuxième invitation que nous pouvons entendre de la Parole de Dieu : accueillir, inviter, et être proches de ceux qui nous entourent. Nous pouvons nous rappeler de ce que nous avons écrit dans notre projet pastoral il y a un an : adopter une démarche catéchuménale, et être à l’écoute du monde rural. Dans les deux cas, il s’agit de nous mettre à l’écoute de celles et ceux au milieu de qui nous vivons, et de témoigner auprès d’eux, à partir même de cette écoute profonde, amicale et fraternelle, de la foi qui nous habite et de la vie éternelle dont nous voulons vivre. Nous pouvons penser aux personnes âgées, malades ou isolées, si nombreuses dans notre grand territoire. Nous pouvons penser aux éleveurs et aux agriculteurs, pour qui les inquiétudes sont toujours plus grandes. Nous pouvons penser à tous ces couples et ces familles qui cherchent à donner le meilleur d’eux-mêmes à leurs enfants, dans leur commune. Comment déployer une présence simple et bienfaisante auprès de chacune et chacun, comment les encourager dans ce qu’ils ont à vivre de beau, de bon et de constructif, et témoigner de l’amour de Dieu qui invite le monde à sa suite ? Le riche de l’évangile demande que Lazare vienne témoigner auprès de ses frères. Abraham lui répond qu’ils ont Moïse et les prophètes. Nos contemporains n’ont peut-être plus Moïse et les prophètes, mais nous pouvons, nous, être de ces témoins.
La troisième invitation, me semble-t-il, c’est Saint Paul qui l’esquisse dans sa lettre à Timothée. « Toi, dit-il, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! » La Parole de Dieu nous invite à nous enraciner toujours en elle, et dans le Mystère de la foi. Non pas seulement être solidaires et ouverts à ceux qui nous entourent, mais aussi en intimité avec le Christ, le Seigneur. Par la prière, par la beauté de la liturgie, par les eucharisties que nous célébrons ensemble, le dimanche à Chalais et dans les villages de toute notre paroisse les autres jours, par le sacrement de réconciliation, par les temps de ressourcement que nous pourrons vivre, par le partage fraternel qui veut nourrir notre vie spirituelle autant que fraternelle. Nous aurons cette année tant d’occasions de venir nous ressourcer à l’essence même de notre foi. Deux rencontres – conférences sont déjà prévues pour les semaines à venir. La dynamique du doyenné va nous aider à nous retrouver en petites fraternités si nous le désirons. La prière de chacun nourrit la prière commune et porte la vie et l’action de tous. Soyons des « hommes et des femmes de Dieu recherchant la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. »
Être proche de ceux qui nous entourent, témoigner de notre amour et de l’amour de Dieu et nourrir et enraciner notre foi : voilà les trois invitations que nous pouvons entendre de la Parole de Dieu ce matin, et qui vont nourrir notre vie paroissiale toute cette année. Non pas pour devenir des petits chrétiens parfaits, mais pour grandir dans notre relation d’enfants de Dieu, créés à son image, et continuer d’essayer de lui ressembler toujours davantage, lui qui, nous dit le psaume : « fait justice aux opprimés, délie les enchaînés, ouvre les yeux des aveugles, redresse les accablés, aime les justes, protège l’étranger, soutient la veuve et l’orphelin… ».
Que le Seigneur lui-même nous donne de vivre ensemble et avec tous ceux à qui nous sommes envoyés, cette nouvelle année. Que son Esprit inspire notre prière et aussi la joie, la créativité, l’audace, l’humilité et l’enthousiasme ! Qu’il nous sorte de nos tranquillités et nous accompagne chaque jour de sa présence et de sa confiance, sur les chemins de la mission au milieu de notre monde qui attend la paix.
Amen.
P. Benoît Lecomte
(Merci à Frédéric pour les photos !)
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