La fête de l’Assomption est une victoire. Nous connaissons celle de Pâques, celle du Christ sur la mort. Mais il ne suffisait pas que Jésus ressuscite d’entre les morts. Saint Paul l’écrit aux Corinthiens, il est « le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis ». « Dans le Christ, tous recevront la vie. » Et la fête que nous célébrons est la confirmation et la réalisation de cette promesse : une femme, une fille du peuple, une femme comme vous et moi, est elle aussi entrée dans la résurrection. Ce passage, cette Pâque, n’était pas réservée au Fils de Dieu, mais c’est bien toute femme, tout homme qui se trouve appelé et en capacité de la vivre, avec le Christ et en Lui. Car là est finalement le travail du Christ, qui veut aller jusqu’au bout : jusqu’à « tout remettre entre les mains de son Père », jusqu’à ce que même la mort soit « sous ses pieds ».
Cette promesse que Dieu fait à toute l’humanité, il nous donne de la contempler en Marie. En elle, Sa puissance fait des merveilles. En elle, « il élève les humbles. » La joie de cette victoire respire et transpire de l’Evangile, de Marie et d’Elisabeth qui savent, dans leurs corps, dans leurs chairs, que rien n’est impossible à Dieu, et que par Lui, de la mort peut naître la vie.
L’entrée de Marie au ciel tourne nos regards vers l’enfant qu’elle porte, qu’elle fera naître, qu’elle accompagnera jusqu’à la croix, qu’elle retrouvera au Cénacle et à la Pentecôte : Jésus. Par le Mystère de l’Assomption de Marie, nous célébrons la victoire de Jésus, qui aura été capable de faire entrer toute l’humanité au ciel, à la vie éternelle, dans la Lumière du Père. Mais l’Assomption nous invite aussi à regarder Marie et sa place unique dans l’histoire du salut, dans le projet de Dieu pour nous. Car si l’accomplissement de cette promesse est réalisé en elle, c’est parce qu’elle a su dire « oui ». Parce qu’elle a su accueillir en elle le Verbe de Dieu. Par la maternité, Dieu s’est uni l’humanité à lui… et à son Fils. En acceptant de devenir la mère du rédempteur, elle a participé d’une manière unique et splendide à cette rédemption, pour tous les hommes. Par son fiat, sa foi, sa confiance, elle a offert à tous les hommes que nous sommes, la possibilité du salut par son Fils devenu notre frère, le « premier-né parmi beaucoup de frères », dira Saint Paul dans sa lettre aux Romains (Rm 8, 29). Ce fiat qui se prolongera jusqu’à la croix, restant fidèle à la confiance en la promesse de Dieu, alors même que tout semble s’effondrer. C’est cette foi, cette confiance et ce oui qui mènent à la joie dont Marie témoigne auprès d’Elisabeth sa cousine. Joie de la puissance de Dieu qui sauve l’humanité non sans l’humanité, mais avec elle, comme en une danse où l’humanité consent à prendre le pas de Dieu. Marie monte au ciel dans cette Alliance à jamais scellée, par son oui, par elle.
L’accueil de cette promesse, du Verbe de Dieu en son sein, cette confiance et cette foi, l’Eglise en est aujourd’hui dépositaire. Marie devient modèle de l’Eglise, qui veut faire naître des enfants à la vie nouvelle, à la vie éternelle. Elle devient modèle de l’Eglise qui a reçu pour tâche et pour mission de continuer l’œuvre de Marie en laissant l’Esprit Saint l’enfanter dans la sainteté et donner au monde la présence du Rédempteur, du sauveur du monde, de témoigner de son salut et de la réalisation de sa promesse. Elle est, cette Eglise, « sans tâche ni ride » (Eph 5, 27), à l’image de Marie, toujours jeune et prête à dire « oui » à l’invitation d’ouvrir le monde à la présence de Dieu. Toujours prête à « se mettre en route avec empressement » pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Alliance à jamais scellée, et participer à cette Pâques, à ce Passage, par la prière, les sacrements, la miséricorde et la charité parfaite. L’Assomption de la Vierge Marie renvoie l’Eglise à sa mission, à notre mission. Non pas à regarder le ciel dans la joie de l’entrée de Marie auprès de Dieu, mais à nous mettre avec elle à la suite de son Fils pour partager cette joie de devenir tous ensemble enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, participants et vivants de la vie éternelle.
La fête de ce jour est la célébration d’une victoire. Celle de l’Amour sur toutes les formes de mort, de haine et de rejet. Celle de l’Alliance entre Dieu et toute l’humanité. Celle d’un « oui » qu’a prononcé une jeune fille de son temps et qui a entrainé tous les hommes de tous les temps avec elle. Celle de Jésus, qui par ce oui accomplit sa mission jusqu’au bout et nous amène avec lui dans la Lumière du Père.
Que la joie de Marie et d’Elisabeth habite nos cœurs, nos paroles, nos actions, nos vies. Qu’elle imprègne nos oui et convertisse nos refus. Qu’elle nous emporte par-delà les chemins vivre et témoigner de cette Bonne Nouvelle. Que par le oui de Marie et son Assomption, l’Esprit Saint achève en nous ce qu’il a commencé.
Amen.
P. Benoît Lecomte
Une réponse sur « Homélie du 15 août 2025, par le P. Benoît Lecomte »
Très belle homélie en l’honneur de notre mère à tous, Marie notre Reine, mère de Jésus, que l’on fête aujourd’hui. Que nos élans du coeur montent vers Marie en ce jour béni.