Si nous sommes ici ce soir, ce n’est pas parce que vous avez suivi le catéchisme ou l’aumônerie pendant quelques années. Ce n’est pas parce que vous auriez acquis suffisamment de connaissances sur Dieu et sur les chrétiens. Ce n’est pas parce que « tout le monde le fait » (autrement, nous serions beaucoup plus nombreux). La profession de foi n’est pas un examen de passage, un diplôme de fin d’études, une récompense après des années d’efforts. Non, si nous sommes ici, et si vous êtes ce soir dans cette église pour renouveler les promesses de votre baptême, c’est parce que Dieu, notre Père, vous attire à Jésus, le Christ. C’est ce que nous venons de lire dans l’Evangile : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ». Et c’est aussi l’expérience que nous connaissons, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes et avec notre cœur. Notre cœur a soif d’un absolu. Notre vie est tendue, attirée vers plus grand qu’elle et que nous-mêmes. Et nous trouvons cet absolu en Jésus Christ, vrai homme, vrai Dieu. Oui, nous sommes attirés par Dieu pour connaître Jésus Christ. C’est bien ce qui nous a fait nous rencontrer toute cette année, et même partir à Lourdes en avril, avec les jeunes du diocèse, sur le thème : « Heureux qui ose croire ! »
Heureux sommes-nous, qui mettons notre foi en Jésus-Christ, heureux sommes-nous qui croyons en lui. Et l’évangile nous indique encore pourquoi nous éprouvons cette joie intérieure : « Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit en moi. » Autrement dit, non seulement Jésus nous montre le Père, il nous dit qui est Dieu, il est « l’image du Dieu invisible » (Col 1, 15), mais encore, il offre à ceux qui lui ouvre leur cœur, la vie éternelle. C’est-à-dire la vie de Dieu lui-même. Par la foi, nous sommes habités par la vie de Dieu en nous, cette vie non seulement pleine d’amour, mais d’un amour qui est toute puissance de résurrection qui nous sauve. Dès aujourd’hui. A chaque instant.
Cette foi, vous l’avez reçue et vous y avez été plongés au jour de votre baptême. Vous étiez petits, sûrement bébés pour la majorité d’entre vous, et vous n’en avez plus de souvenir. Mais ce plongeon a marqué pour toujours votre existence, et la petite graine de foi a germé et a grandi, jusqu’à aujourd’hui.
Nous l’avons entendu dans les témoignages que nous avons écoutés tout à l’heure : la croissance n’est jamais terminée. La foi ne s’arrête pas de grandir avec la profession de foi, bien au contraire. Ce que nous vivons ce soir n’est qu’une étape sur le chemin des baptisés que vous êtes, et que le Père continuera d’appeler encore et encore, et d’attirer à Jésus Christ. La prochaine grande étape sera celle de votre confirmation, l’accueil du don de l’Esprit Saint en vous, cet Esprit qui fait de nous des femmes et des hommes libres, à l’image des Apôtres qui partiront vivre de l’évangile et annoncer la Bonne Nouvelle partout autour de la terre et dans toutes les cultures. Et il n’est jamais trop tard pour continuer notre chemin de foi et vivre ces étapes qui nous encouragent et nous lient toujours davantage avec le Seigneur. Peut-être parmi nous y a-t-il des adultes qui ne sont pas confirmés ? Posez-vous la question, et posez la question à l’Esprit Saint ! Peut-être a-t-il le désir de venir faire sa demeure en vous, pour vous enseigner tout ce que le Père veut nous dire. Cet enseignement qui ne tient qu’en quelques mots et en une dynamique de vie, de don : « Aimez-vous les uns les autres comme Jésus, le Seigneur ressuscité d’entre les morts, vous a aimés. »
Si nous sommes ici ce soir, c’est parce que Dieu nous attire à Jésus, pour nous donner sa joie, sa vie, sa présence, sa puissance, son compagnonnage. Continuez de devenir des amis de Jésus. Continuez de lire les évangiles, de chercher à le comprendre, continuez à lui parler, à l’écouter, à le découvrir, à l’aimer, à le suivre. Demain matin, nous nous retrouverons ici avec une assemblée encore plus nombreuse : toute l’Eglise, toute la communauté des chrétiens sera présente. Comme pour nous, c’est Dieu qui invitera chacun. Pour le rencontrer dans sa Parole, et dans le pain partagé, ce pain vivant dont parle encore Jésus. Ce pain qui donne la vie au monde, ce pain par lequel nous vivons éternellement : non pas que nous ne mourrons pas, mais que la mort – celle de notre fin physique et toutes les morts, les haines, les violences, les ruptures, les peurs que nous connaissons – n’aura aucun pouvoir sur la puissance de la vie de Dieu en nous.
Nous avons des raisons d’être heureux, ce week-end, en professant notre foi. En reprenant à notre compte ce que nous avons reçu, pour marcher, librement, consciemment et joyeusement vers le Christ, et lui redire que nous l’aimons de tout notre cœur. Non pas, certainement, sans doute, sans question, ou en comprenant tout. Mais tels que nous sommes, dans une confiance simple, humble et joyeuse, les mains vides mais le cœur battant. Renouvelons, avec vous, les promesses de notre baptême et la joie de connaître Dieu et d’être sauvés par lui, vivant de sa vie, de son éternité, de sa résurrection.
Amen.
P. Benoît Lecomte
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