Panique, ce matin, à Jérusalem, dans le clair-obscur du jour naissant. La ville est encore dans le silence du sommeil. Quelques femmes n’ont pas dormi… elles ne dorment plus depuis quelques jours, elles sont accablées de sommeil, leur esprit est sans repos, leur cœur est triste, les larmes dessinent des sillons sur leurs visages. Mais la rumeur, secrète, cachée parce que totalement incompréhensible, commence à courir doucement à travers quelques maisons. Ces femmes sont allées au tombeau honorer le corps de Jésus, mais la pierre était roulée. Elles ont couru réveiller Pierre et l’autre disciple qui sont arrivés en courant au tombeau… et tous commencent à comprendre. Leur cœur bat à 100 à l’heure. La rumeur enfle, on réveille les disciples les uns après les autres… « Le Seigneur est ressuscité ! » « Le Seigneur est ressuscité ! » « Christ est ressuscité ! » Jusqu’à cette nuit, où partout dans le monde, l’Eglise a acclamé et chanté son Seigneur et Christ par un Alléluia qui a traversé l’univers ! Oui, Christ est ressuscité, Alléluia !
Les chants, les lumières, la joie immense de la nuit dernière, tout cela trouve sa source dans cet événement unique : Christ est ressuscité. Celui que l’on avait arrêté, condamné, cloué au bois, couché mort dans un tombeau, oui, celui-là même est revenu à la vie ! Le tombeau est vide, la mort est morte. Jésus-Christ est Seigneur, les femmes au tombeau en ont été les premières témoins. Qu’est-ce que cela change ? Tout ! Tout est récapitulé, tout est transformé, toute l’Histoire trouve un sens ! Oui, tout ce qui est vivant sur terre, dans le ciel et sous la mer, tout ce qui fait que l’Homme est Homme, ses désirs et ses angoisses, ses élans et ses échecs, tout l’univers, tout le cosmos, tout le vivant, tout, absolument tout, trouve son sens, sa raison d’être, sa source et son avenir dans l’événement que nous avons célébré cette nuit, que nous continuons de célébrer ce matin et que nous allons encore célébrer pendant 50 jours : Christ est ressuscité. Il est vraiment Maître et Seigneur de l’univers et de la vie. A lui, tout l’univers et toute l’histoire du monde sont ordonnés. Sur lui, même la mort, qui parait pourtant définitive, n’a plus aucun pouvoir. Lui, est revenu d’entre les morts. Alléluia !
Au milieu des chaos de ce monde qui semble parfois courir à sa perte ou qui ne sait plus très bien où il va, au milieu des obscurités de nos propres vies, de nos peurs et de nos angoisses, de ce qui nous enferme sur nous-mêmes et en nous-mêmes, l’annonce de la résurrection de Jésus renverse les perspectives. Si la mort est morte, si la vie est définitivement victorieuse en Jésus, alors la tempête pourrait bien s’affaler sur nous, notre cœur peut rester en paix. Non pas que nous soyons protégés de quoi que ce soit, encore moins que nous n’ayons plus à être responsables de nos actes, de nos décisions, de nos paroles et de nos engagements. Mais la perspective est désormais ouverte, une espérance nouvelle a jailli du tombeau. « Jésus mort et ressuscité est le cœur de notre foi. […] Le Christ est mort, a été mis au tombeau, est ressuscité, est apparu. Il a traversé le drame de la mort pour nous. L’amour du Père l’a ressuscité dans la puissance de l’Esprit, faisant de son humanité les prémices de l’éternité pour notre salut. L’espérance chrétienne consiste précisément en ceci : face à la mort, où tout semble finir, nous recevons la certitude que, grâce au Christ, par sa grâce qui nous est communiquée dans le baptême, « la vie n’est pas détruite, elle est transformée » pour toujours. Dans le baptême, en effet, ensevelis avec le Christ, nous recevons en Lui, ressuscité, le don d’une vie nouvelle qui brise le mur de la mort et en fait un passage vers l’éternité », dit le pape dans la bulle pour cette année jubilaire (n°20).
Ce baptême, Mya, tu vas y être plongée dans quelques instants. Pour ressusciter, toi aussi, avec le Christ. Pour vivre de sa vie éternelle. Et pour participer, à ta façon, à la vie du Corps du Christ qu’est l’Eglise. Cette Eglise dont la seule mission est de « témoigner au monde de l’événement décisif de l’histoire : la résurrection de Jésus » . Mya, par le baptême, tu entres dans ce Peuple que Dieu se choisi mystérieusement, pour annoncer comme Pierre dans les Actes des Apôtres la puissance du Nom de Jésus, pour être témoin de ce qu’il a fait, de ce qu’il fait et de ce qu’il fera de libération dans nos cœurs et dans le monde. L’annonce de cette nuit, le jaillissement de la Lumière au cœur des ténèbres de l’histoire, ravive notre propre baptême, notre foi et relance notre espérance.
Alors ne gardons pas pour nous la nouvelle de la résurrection de Jésus. Si nous pensons et croyons qu’elle ouvre à une espérance indéfectible, partageons-la joyeusement avec tous ceux qui l’attendent, parfois sans le savoir, et qui souffrent de la solitude, du sentiment d’abandon, du désespoir, qui sont inquiets. Partageons l’annonce de cet événement comme le levain dans la pâte, pour reprendre les mots de Saint Paul, et aussi haut et fort sur tous les toits. Partageons l’annonce de cet événement en l’accueillant en nous-mêmes et en en vivant intensément, le cœur ouvert à l’espérance : Christ est ressuscité, Alléluia ! Il est vraiment ressuscité, Alléluia !
P. Benoît Lecomte
Quelques photos de la célébration de ce jour de Pâques à Chalais (Photos : F. Pujol) :
Laisser un commentaire