par Agnès Desmazières
« Une conversion intellectuelle est cruciale » 10/05/2021
Le chemin parcouru ensemble dans l’Eglise synodale est un chemin de conversion, chemin de sainteté personnelle et communautaire. Comme le rappelle le concile Vatican II, « il a plu à Dieu que les hommes ne reçoivent la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu au contraire en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté » (Lumen gentium n. 9).
La conversion, par laquelle nous nous tournons vers Dieu et vers notre prochain, est dès lors tout à la fois personnelle et communautaire. Il y a des moments de l’histoire où la conversion pastorale de l’Eglise paraît spécialement urgente. Nous le ressentons de manière vive aujourd’hui dans le contexte de la crise des abus sexuels. Dans Vraie et fausse réforme de l’Eglise, Yves Congar mettait en évidence que le besoin de réforme de l’Église s’affirmait en particulier soit dans un contexte d’abus, soit à la faveur d’un changement d’époque, de profondes mutations, qui appelle à un renouvellement des structures dans la fidélité à l’Évangile. Il semble bien que nous nous trouvions à la croisée entre ces deux perspectives. Dès Evangelii gaudium, le pape François avait appelé à la conversion missionnaire et pastorale de l’Église. La conversion pastorale de l’Eglise requiert ainsi, dans la ligne de Vatican II, tout à la fois une conversion spirituelle – personnelle comme communautaire – et une réforme des structures de l’Église appelée à témoigner davantage de l’Evangile [1]. Nulle réforme des structures fructueuse sans une authentique conversion spirituelle. La perspective du prochain Synode sur la synodalité représente ainsi une invitation à la conversion spirituelle qui est écoute de l’Esprit qui m’invite à prendre de nouveaux chemins, peut-être parfois crucifiants, mais qui sont des chemins de vie. La réforme des structures vise elle-même à la conversion spirituelle de l’Église dans son ensemble, de chacun de ses membres, ainsi que de tous les hommes et femmes de bonne volonté.
Dépoussiérer la « conversion »
Le terme « conversion » n’a pas forcément bonne presse aujourd’hui. Il est parfois confondu avec un prosélytisme malsain. Il renvoie aussi à une conception ascétique de la vie morale qui rebute nombre de nos contemporains. La notion de « conversion » retrouve droit de cité aujourd’hui dans le contexte de la crise des abus sexuels, en particulier quand elle est employée à propos de la réforme de l’Église. L’Eglise est confrontée aux incohérences entre son discours moral et ses pratiques, incohérences jugées scandaleuses. Elle est appelée à changer pour refléter davantage l’authenticité de l’Évangile.
La conversion apparaît inhérente à la croissance de la personne humaine qui est capable de changer, de se tourner vers l’autre et vers Dieu. Tout itinéraire de vie apparaît marqué par des conversions, des changements d’orientation, des « surprises » reçues comme un appel.
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