Homélie du père Patrice Zoma – 5° dimanche de Carême B

Saint Cybard sur Charente et Nouère

Publié le 23 mars 2021

La parole du Seigneur nous fait découvrir en ce dimanche deux aspects importants de la vie du croyant : la nouvelle alliance et l’obéissance de la Foi. En effet dans la première lecture, le livre du prophète Jérémie, Yahvé Dieu conclut avec chaque membre du peuple et le peuple tout entier une alliance nouvelle. Cette alliance revêt une nouveauté particulière en ce qu’elle passe d’une observance extérieure à une fidélité et docilité intérieure ; d’un engament communautaire à celui personnel ; d’une foi communautaire à celle personnelle. L’alliance va de la connaissance intellectuelle à l’obéissance du cœur. « Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, ils seront mon peuple. » L’alliance est aussi nouvelle en ce qu’elle passe d’un code de lois, à Dieu lui-même. La relation change ici menant l’homme à la source du bonheur qui est Dieu lui-même et non purement la loi.

Chers amis, notre monde actuel reconnaît pleinement à chaque personne ses droits, ce qui nous met dans une certaine attitude qui nous dispose à mieux comprendre cette nouvelle alliance : Elle se particularise sur chaque personne. Ce n’est pas pour autant que Dieu veuille favoriser l’individualisme comme modèle dans les relations entre les hommes encore moins dans la relation de l’homme avec Lui.

En outre, la nouveauté de cette alliance dévoile un des aspects cachés de Dieu : sa miséricorde qui va jusqu’à pardonner les péchés, établissant ainsi une relation plus intime entre l’humain et le divin, une relation au for interne. « Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère….Car tous me connaîtront, des plus petits aux plus grands…Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. »Dans cette nouvelle alliance une relation de dialogue s’établit entre l’home et Dieu. L’homme n’arrivera à une pleine connaissance de Dieu qu’en entrant en dialogue, en communication intime avec lui. Entrer en dialogue avec Dieu c’est surtout l’écouter parler à l’homme .A l’homme de lui répondre en lui obéissant. Ce n’est pas évident de nos jours où ce mot « obéir » pourrait  même rebuter une certaine mentalité qui chante à tout vent la  liberté individuelle. Pourtant l’alliance inscrite dans le cœur permet une liberté intérieure qui est la plus grande voire, la meilleure. Une des épineuses questions que l’on pourrait se poser est : Jusqu’où obéir à Dieu ?

La deuxième lecture, le passage de l’épître aux Hébreux  y  apporte un éclairage spirituel. « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.» Bien souvent, la tentation pourrait être grande pour les chrétiens d’aujourd’hui que nous sommes, en regardant le Christ en croix, de rejeter les souffrances atroces du Christ voire d’attribuer  au Père cette image de cruauté qui laisse  le Fils essuyer une telle défaite par une morte atroce et honteuse sur la croix. Mais ce regard et cette compréhension des souffrances du Christ, du rôle du père sont carrément inversés et faussent le sens salvifique du mystère du salut par la croix. C’est parc e que le Christ obéit pleinement et totalement qu’il va jusqu’au bout de l’obéissance en acceptant même les souffrances de la croix. Il a apprit l’obéissance parfaite en assumant jusqu’au bout par les souffrances. Loin d’exalter la souffrance en elle-même, la souffrance permet de mesurer la qualité de l’obéissance surtout intérieure sans se révolter. Elle montre la qualité, l’intensité de l’amour. Quand on aime on se fait de la peine pour l’être aimé. L’évangile de ce jour pourrait nous en dire meilleur.

Le Christ Jésus va vers ce pourquoi, il est venu, dans l’obéissance au père jusqu’au bout. Son obéissance filiale le conduit à accepter d’aller à la mort pour sauver l’humanité : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas il reste seul mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd, qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle….Maintenant mon âme est bouleversée .Que vais dire ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure –ci » Dans son humanité, le Christ face à la souffrance a tremblé mais, il s’est ressaisi car son obéissance passe par cet événement  de la passion. Alors la voix du Père le confirme dans sa volonté d’obéissance parfaite : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore »

Chers amis, le christ donne aux croyants d’aujourd’hui que nous sommes, le modèle parfait d’obéissance à la volonté du Père ainsi que son acceptation sans vouloir s’y soustraire, ni se révolter. Combien de chrétiens de nos jours arrivent à remettre en cause l’existence de Dieu ou à se révolter face à la souffrance ? Levons les yeux et tournons nos cœurs vers le Christ en croix et laissons lui nous parler le langage de l’obéissance parfaite et de l’amour vrai. C’est par ce chemin de damas que beaucoup, par la grâce de Dieu, reviennent au Seigneur. Ils peuvent alors entrer en dialogue avec ce Dieu aux voies insondables ou voir les signes de la présence dans leur vie.

Chers amis, Laissons nous entrainer par Dieu dans son alliance laquelle est renouvelée en  chacun de nous grâce à l’obéissance d’amour du Fils qui nous aime et se donne entièrement à nous. A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

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