Homélie du père Laurent Maurin : 25° dimanche du TO B

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Publié le 20 septembre 2021

ABBAYE Notre-Dame de La CouronneMesse en Doyenné Grand-Angoulême

Livre de la Sagesse 2, 17-20 ; Psaume 53 ; Lettre de saint Jacques 3, 16 – 4, 3

Evangile selon saint Marc 9, 30 – 37

Saint François d’Assise que nous allons fêter dans quelques jours, aimait se présenter comme un « tout petit, un serviteur » et ses disciples avec lui, les « minores », les frères mineurs.

Sainte Thérèse de Lisieux que nous fêterons encore plutôt, dans dix jours, avait choisi comme nom de religion « de l’Enfant Jésus » pour dire ainsi ce qu’elle voulait être.

Le bienheureux Alain de Solminihac, qui a fait reconstruire cette abbaye ND de La Couronne après les Guerres de religions et qui y vivait comme abbé dans les années 1630, prêchait, lui, l’amour de l’humilité.

Mais qu’ont-ils donc tous à mettre en avant le tout petit et cette humilité ?

Attention, pourtant, cette propension à vouloir retourner en enfance peut être symptomatique de problèmes, si elle est l’occasion de refuser le réel, la vie telle qu’elle est !  

Et que dire de saint Joseph, lui-même, qui est au cœur de cette année selon le souhait du pape François ! Dans l’évangile, sa présence est si discrète, si silencieuse, que c’est lui celui qui ne parle pas ! Lui, le père de famille, qui devient paradoxalement l’enfant, infans, celui qui ne parle pas !

Regardons-les. Pourquoi veulent-ils ressembler à l’enfant ?

Pour François d’Assise, cette petitesse lui permet, lui et ses frères, simplement et fortement « de vivre l’évangile », « et nous ne voulions rien de plus » ajoute-t-il !

Pour Thérèse de Lisieux, cela lui permet d’être uni à Jésus : en effet « comment craindre un Dieu qui s’est fait si petit et si humble ? » écrit-elle.

Placer le plus fragile, le plus petit au centre, permet de dégonfler nos prétentions et, par conséquence, nos conflits. Que le puissant s’accepte avec ses limites et se reconnaisse le plus petit, lui permet de changer de regard sur lui-même et sur les autres et de manifester toute justice. Ce qui est donc voulu par Jésus.

« C’est dans la paix qu’est semée la justice », avons-nous entendu dans la lettre de Jacques. Nous savons combien c’est vrai. Cependant, pleins de convoitises, nous n’osons pas demander et nous considérons l’autre comme une menace pour nos propres intérêts et nos projets !

Il suffit de vivre selon l’Evangile ! Et pourtant cette attitude n’est pas aussi simple qu’il n’y parait. Attention, elle ne peut être menée seul, sous peine de prendre le risque de se faire écraser, humilié par les autres comme nous l’avons entendu dans le Livre de la Sagesse. Cette attitude doit être vécue ensemble, à plusieurs.

Nous avons bien des freins pour suivre cette petite voie. En premier lieu, sommes-nous prisonnier de l’avoir et du pouvoir ? Nos possessions déterminent-elles notre être profond ? Notre attitude n’est-elle pas celle-ci,  décrite dans les paroles de cette chanson :

Si j’avais si j’avais ça
Je serais ceci je serais cela
Sans chose je n’existe pas
Les regards glissent sur moi

Le bonheur est possession
Les supermarchés mes temples à moi
(…) C’est plus « je pense » mais « j’ai » donc je suis

(…) J’achète pour être, je suis
Quelqu’un dans cette voiture

Plus que jamais, je crois, nous en sommes là ! Cette société que décrivait JJ Goldman il y a déjà 20 ans, dans « les choses », celle où « Je prie les choses, elles comblent ma vie ».

Pour vivre vraiment, nous pouvons, nous devons en sortir.

Dans ces versets de l’évangile de Marc, Jésus vient d’annoncer sa mort et sa résurrection, il aurait pu se placer lui-même au milieu de ses disciples et leur demander qu’ils le sauvent, ou dire qu’il faudra l’adorer lui-même sous une autre forme à l’avenir… Et pas du tout !

Il place au centre celui qui ne parle pas, celui qui ne peut pas être le premier, celui qui ne peut pas entrer dans nos compétitions de toutes sortes basées sur l’avoir !

A l’heure où il faut changer nos comportements sur nos productions, sur nos consommations, pour sauver notre avenir et notre Terre, il faut aussi changer de regard sur nous-mêmes et sur les autres, nous dit encore Jésus. C’est ainsi que vous vivrez apaisés, c’est ainsi que vous prendrez les justes décisions. Mais cela ne peut se faire qu’ensemble. Pour aujourd’hui et pour l’éternité de Dieu !

P. Laurent Maurin, doyen

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