Homélie Noël 2022 par le Père Laurent Maurin

Notre Dame des Sources

Publié le 2 janvier 2023

Nativité du Seigneur – Année A

Luc 2, 1- 14

Ce récit de la nativité que nous donne l’évangile de Luc, et qui est le seul connu, est truffé de signes : il y a le signe du nouveau-né bien-sûr, mais il y a aussi le signe de la ville de David, le signe du recensement, le signe de la mangeoire, le signe de la ville du pain (Bethléem), le signe des bergers, le signe de l’ange (le messager), le signe de la lumière qui les enveloppe, le signe de la salle commune qui ne peut les recevoir, le signe de la jeune fille qui donne vie, le signe de la gloire de Dieu liée à la paix des hommes, etc…

Si vous avez bien lu ou entendu la place faite à la naissance de Jésus est courte : 1 seul verset (le 7). On aurait pu s’attendre à en savoir beaucoup plus sur le nouveau-né ou sur sa mère. Non. Le récit de l’évangile, le seul donc sur Noël, s’attarde beaucoup plus sur les bergers, qui eux ont droit à 7 versets (du 8 au 14). Les bergers, c’est cette humanité qui est convoquée pour être témoin que Dieu est présent dans le monde. Une humanité de gens quelconques, sans titres, sans foi particulière, qui est enveloppée d’une grande lumière. Ces bergers peuvent être vus comme les gardiens de la création, avec leurs animaux qui vivent de la flore, de la nature de cette terre. Ils font paître leur troupeau sur des terres communes, eux même constituent une communauté commune qui s’organise pour son travail indissociable de la création, de l’écologie intégrale, pour reprendre la formule du pape François dans son encyclique « Laudato Si » (l’homme dans l’écologie). Cette création que l’on sait aujourd’hui particulièrement fragile et même menacée à court ou moyen terme. Cela rejoint aussi les interrogations que nous avons entendues dans notre veillée : paix si fragile, justice si difficile, ici comme partout dans le monde.

Cela prolonge aussi les écrits du théologien, économiste, jésuite, français, Gaël Giraud dans son livre « composer un monde en commun » que vous avez peut-être vu ou lu. Il développe pour cela : « La santé, le fond des océans, la faune des mers, le climat, la biodiversité, les cultures pourraient être traités sous forme de biens globaux. Il faut donc inventer de nouvelles institutions, et c’est une tâche colossale (vers laquelle on ne s’oriente pas forcement aujourd’hui !) et qui nécessite aussi des ressources spirituelles. » Pour lui, le christianisme peut être cette ressource. Encore faut-il bien le saisir…

Si on lit bien l’évangile de la nativité, on l’aura compris : Dieu en venant dans notre monde se retire de sa toute-puissance céleste. Il met toute la lumière sur ce groupe d’hommes ordinaires, les bergers. Ils deviennent les dépositaires du message : la gloire de Dieu passera en organisant nos ressources communes à la manière de ce groupe de bergers : en prenant soin de façon commune des biens nécessaires pour que l’humanité d’aujourd’hui comme de demain puisse vivre dans le respect de tous.

Et si nous n’en étions encore qu’au tout début du Christianisme ? Et s’il venait juste de naître ?

Bon Noël à tous !

Laurent Maurin 

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