Homélie du père Frédéric Vollaud : 12 dimanche du TO B

Saints Apôtres

Publié le 22 juin 2021

« Maître nous sommes perdus : cela ne te fait rien ? ». Etonnement et reproches se mélangent dans ce cri qui semble l’ultime recours de ces hommes, pourtant habitués à affronter les tempêtes subites et redoutables de ce lac au microclimat capricieux. Jésus se lève, et avec une autorité souveraine, « il interpelle le vent avec vivacité », comme il le fait avec les démons. Jésus s’adresse aussi à la mer pour lui imposer silence. Et les éléments obéissent, comme s’ils reconnaissaient la voix de leur Maître. Stupeur des pécheurs ! Non seulement les démons, mais même « le vent et la mer lui obéissent ! ».
Découvrons nous aussi par la foi, celui qui est présent à l’ordinaire de nos journées si souvent agitées. Sa présence est à ce point discrète qu’il semble dormir ; pourtant lui seul a autorité sur les forces du mal qui nous accablent. « Jésus se tait, mais il agit ». « C’est au cœur des tempêtes qu’il nous cherche le plus ». Mais comme il nous est difficile de discerner sa présence rassurante dans nos barques ballotées sur les flots en furie de nos vies en proie à tant de difficultés !
Les tempêtes sont multiples autour de nous et en nous : sans parler des conflits internationaux, pensons aux drames qui menacent notre vie  : divorce, chômage, accident de travail, maladie, deuil. Pour les uns ces événements seront source de révolte ; pour d’autres, occasion de réflexion, d’intériorisation, de conversion.

Et comment réagissons-nous lorsque nos proches se débattent contre des vents contraires ? Si nous avons le courage de leur proposer notre aide, c’est à travers cette disponibilité et cette proximité que nous leur offrons d’entrevoir le visage d’un Dieu proche, présent à leurs côtés malgré l’apparent abandon du ciel.

Pour pouvoir agir ainsi, il faut sans doute avoir assumé auparavant nos propres tempêtes ; avoir découvert au cœur des tourments de notre propre vie, la présence du Ressuscité, du Vainqueur des mille morts qui nous menacent.

Avant d’être dans la tempête, Jésus est dans la barque de Pierre. Si cette barque – qui représente l’Eglise – résiste aux assauts de la mer démontée, c’est parce qu’elle porte en elle le Maître du temps et de l’histoire, celui sur qui la mort n’a plus aucun pouvoir.

Si par la foi et le baptême, nous sommes « en Jésus-Christ », nous croyons qu’avec Lui nous sommes déjà ressuscités.

S’il est difficile de vivre en citoyen du Royaume, au cœur d’un monde qui se moque ouvertement de notre espérance, il est d’autant plus indispensable de demeurer dans la barque de Pierre, et aussi dans la barque intérieure de notre cœur, là où Jésus « dort ».

Et pour éviter de le réveiller inutilement et de lui faire des reproches, il est bon de méditer longuement ses paroles pour nous les approprier profondément – « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? »
Jésus a déjà victorieusement traversé toutes les tempêtes. Les pharisiens, scribes, sadducéens, hérodiens s’acharnent contre lui. Dans quelques mois, au moment le plus dramatique de leur complot meurtrier, alors que les disciples attendront désespérément que leur Maître produise un acte de puissance, que fera Jésus ? Il dormira ! Non plus sur un coussin, mais sur le bois de la croix, attendant avec confiance que son Père le réveille du sommeil de la mort, pour « conduire au port qu’ils désiraient » (Ps 106) tous ceux qui auront mis leur foi en lui.

« Esprit Saint, mémoire vivante de Dieu en nos cœurs, fais-nous souvenir de la présence discrète de Jésus à nos côtés, afin que nous ayons l’audace de prendre autorité en son Nom, sur les forces du mal qui se déchaînent contre la frêle embarcation de nos vies.

Nous pourrons alors rendre grâce au Père de tout notre cœur, pour la liberté nouvelle qu’il nous offre en son Fils bien-aimé. » Amen.

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