5ème dimanche de Carême — Année B
Pour lire les textes de la messe :
Avons-nous l’audace de nous renouveler ?
Le Pape François a dit, il y a peu, que précisément ce temps marqué par la crise liée à la pandémie du Covid-19, est « un bon moment pour trouver le courage d’une nouvelle imagination du possible, avec le réalisme que seul l’Évangile peut nous offrir ». Alors, les ténèbres épaisses nous font retrouver le courage de l’imagination.
Avons-nous l’audace de nous renouveler ? Comme cela a été fait à différentes époques de l’évolution de l’Église. C’est ce qui fut fait il y a 60 ans notamment à l’occasion du Concile Vatican II, c’est aussi ce qui peut être opportun de faire aujourd’hui. Et nous en avons particulièrement besoin aujourd’hui dans ce contexte triste et anxiogène d’une pandémie qui ne finit pas. Comme l’évangile de ce dernier dimanche de Carême le dit (Jean 12, 20-33) : il faut que le grain tombe en terre et meurt pour porter du fruit. Ne cherchons pas à préserver coûte que coûte ce grain de blé, il y a tant de fruits possibles qui nous attendent.
C’est le sens de la Semaine Sainte qui va s’ouvrir et qui nous allons suivre, aussi le sens du baptême : mourir à une vie qui ne porte pas de fruit, pour se tourner vers une vie qui porte du fruit pour soi et pour les autres…
L’exil du peuple de Dieu (Israël) illustre aussi ce besoin de transformation pour trouver l’essentiel alors même que le peuple qui se réfère à Dieu est minoritaire sur une terre étrangère. Nous avons entendu un écho (1ère lecture) lorsque le prophète Jérémie devait vivre le temps de l’exil, au VIème siècle avant JC, il écrivait (31, 31-32) : « voici venir les jours, oracle du Seigneur, où je conclurai avec la Maison d’Israël une alliance nouvelle. (…) Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. » Qu’avons-nous aujourd’hui à faire inscrire sur notre cœur ? Qu’avons à vivre pour renouveler l’alliance avec Dieu ?
Au cœur des échecs et des défaites, Jérémie et les Prophètes proposaient autre chose pour le peuple de Dieu. Une foi épurée, renouvelée malgré l’absence du culte, du Temple, du Roi, de la Terre. Il fallait dialoguer avec d’autres cultures, créer, innover, ne pas se laisser se refermer sur soi et ses difficultés. L’Exil les avait stimulés pour alerter, dénoncer et proposer. L’essentiel du livre de la Genèse fut rédigé dans ce contexte âpre et douloureux : oui, Dieu ne les abandonnait pas car il était avec eux de toujours à toujours, et ils le disaient et l’écrivaient maintenant en s’inspirant aussi de la mythologie de la Mésopotamie.
L’Église de 2021 vit également ce genre de situation. Ces difficultés, plus sensibles depuis une bonne dizaine d ‘années, devraient provoquer le dialogue, la création et la proposition pour le peuple de Dieu d’abord, pour les structures de l’Église ensuite. L’Alliance renouvelée passe par là.
Je n’oublie pas non plus que ce Dimanche est celui consacré au CCFD-terre solidaire (Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement) et ses actions dans le monde pour plus de justice. Ses problématiques rejoignent aussi celles de l’Église : comment aller à l’essentiel, pour transformer et créer les nouvelles structures, ici économiques et sociales, où tous pourront dignement s’épanouir ?
Nous avons alors besoin d’un « réalisme » qui brise « les schémas, modalités et structures fixes ou transitoires » et nous ouvre pour imaginer un monde différent : « faire toutes choses nouvelles », comme le dit l’Apocalypse. « Serons-nous prêts à changer nos modes de vie ? », nous demande le Pape.
P. Laurent Maurin
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