Après la samaritaine qui a reçu la révélation de Jésus comme source d’eau vive, et l’aveugle-né guéri à qui Jésus s’est manifesté comme la lumière du monde, Jésus se révèle à nous ce dimanche comme « la Résurrection et la Vie » (cf. Jn 11, 25). Nous sommes invités à contempler sa divinité, car il n’y a que Dieu qui puisse ressusciter les morts. Mais ce récit de la résurrection de Lazare est plein d’humanité, et invite aussi à contempler l’humanité de Jésus pleine de compassion. Pleinement homme, Jésus est pleinement Dieu. À plusieurs reprises l’évangéliste saint Jean précise que Jésus aimait cette famille de Béthanie.
Nous pouvons diviser ce récit en 5 tableaux pour approfondir notre méditation.
Dans le premier tableau, nous découvrons le message qui est envoyé à Jésus par les deux sœurs, Marthe et Marie : « Seigneur, celui que tu aimes est malade » (Jn 11, 3). A travers ce message qui est en même temps une prière, nous pouvons y voir une prière d’intercession pour nos malades. Jésus va accueillir leur demande. Mais, malgré les sentiments d’affection qu’il nourrit à l’égard de Lazare, il va attendre deux jours avant de se mettre en route. Deux jours pour permettre à l’œuvre de Dieu de se manifester. Jésus va donner pendant ce temps à ses disciples un enseignement. Il va leur parler de la mort comme d’un sommeil, comme d’un temps de passage entre cette vie et la vraie Vie. Nos morts se reposent, attendant le jour où Dieu les réveillera. Telle est notre espérance.
Dans le deuxième tableau, nous voyons Jésus revenir à Béthanie avec ses disciples. Il va d’abord rencontrer Marthe qui va lui faire un reproche : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». N’est-ce pas ce que nous disons à Jésus quand nous venons de perdre l’un des nôtres ? Combien de fois on entend cela quand il y a une catastrophe, quand quelqu’un est malade, quand un enfant meurt, quand certaines choses ne vont plus. Et des gens quelquefois nous disent : « Ah si ton Dieu existait, tous ces malheurs ne seraient pas arrivés ». Et dans le psaume 41, on demande au juste : « Où est-il ton Dieu ? »
Marthe croyait déjà en la résurrection aux derniers jours. Une foi de catéchisme juif. Mais Jésus va susciter sa foi en sa personne : « Moi, je suis la Résurrection et la Vie, tout homme qui vit et qui croit en moi ne pourra jamais » (cf. Jn 11, 25-26). Cette parole est très importante car Jésus nous indique que, si nous avons foi en lui, nous ne ressusciterons pas simplement aux derniers jours, mais que nous sommes déjà ressuscités. Avec cette parole, Jésus nous donne de prendre conscience que notre baptême est le lieu de notre résurrection. Nous sommes déjà ressuscités avec le Christ, puisque nous croyons en lui, et que nous vivons de lui, à travers l’Eucharistie que nous recevons. Nous avons déjà cette vie éternelle. Mais elle implique que nous puissions dire notre foi à Jésus comme Marthe : « Oui, Seigneur, je crois. »
Dans le troisième tableau, on nous présente Marie et les juifs qui pleuraient bruyamment, alors que Jésus pleurait silencieusement. Jésus reste touché par la mort de son ami. Ainsi, il nous faut conserver un peu d’humanité dans nos rapports avec les autres. Car, il manque cette humanité à de nombreuses personnes, et notre monde en souffre terriblement. Des gens restent indifférents aux cris et aux pleurs de leur semblable.
Dans le quatrième tableau, Saint Jean nous montre que même dans la peine et la douleur, Jésus reste maître de lui-même. Il va inviter ceux qui sont là à enlever la pierre ; La pierre qu’on pourrait identifier ici à notre douleur qui enferment parfois nos morts dans la désespérance. Après s’être tourné vers son Père dans l’action de Grâce, Jésus va dire une parole qui va éveiller son ami Lazare à la vie : « Lazare, viens dehors ! » Jésus commande ainsi à la mort, et montre qu’il est détenteur du pouvoir même de Dieu. Lazare va être touché par cette puissance de résurrection. Il va passer par les ténèbres du tombeau, pour la lumière de la vie. C’est un signe qui nous donne de penser déjà à la mort-résurrection du Christ, unique dans l’histoire. Lazare va encore mourir, alors que le Christ va ressusciter une fois pour toute.
Le dernier tableau s’achève sur le fait que ceux qui étaient là autour de Marie crurent en lui. Même si des personnes vont croire en Jésus, ce miracle va déclencher la colère de juifs. Jusqu’ici, on n’avait jamais imaginé qu’il pourrait sortir un mort vivant du tombeau. Ce miracle indique que Jésus a franchi le Rubicon. Il faut qu’il meure, car il met en danger la religion juive. D’où le complot qui sera mis en route pour son arrestation et sa mort.
Laissons-nous toucher par ce récit qui engage notre foi en la puissance de vie que nous apporte le Christ. Présentons dans cette eucharistie tous nos défunts. Et demandons à Jésus la grâce de vivre dès à présents en ressuscités. Amen.
Jacques Emmanuel Ndong
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