Homélie de Marie-Anne Vitry pour le 29ème dimanche de l’année B – Ouverture du synode

Sainte Joséphine Bakhita

Publié le 17 octobre 2021

Textes du jour

Homélie de Marie-Anne

Jésus avec Jacques et Jean

C’est une histoire de places que certains ont osé demander, que certains voudraient réserver … une histoire de jalousie entre les disciples, qui récriminent contre ceux qui osent s’attribuer des places … Bref, des histoires comme nous les connaissons bien en paroisse, en Église, où nous ne sommes pas mieux que les disciples !

            Comment aider chacun à prendre sa place, toute sa place, rien que sa place ? Quelle place pour chacune et chacun en Église ? Isabelle Parmentier, lors de la rencontre que nous avons partagée ensemble sur « la place des femmes dans l’Église » ne nous a t elle pas mis en garde sur cette tentation de vouloir occuper une place, prendre une place, jalouser la place des uns et des autres ?

            Jésus, pris au milieu des rivalités et jalousies du groupe des disciples, se retrouve à devoir enseigner ses disciples. « Parmi vous il ne doit pas en être ainsi. » La comparaison avec les chefs des nations est terrible et repoussante : St Marc dans son Évangile décrit à plusieurs reprises ces « chefs des nations », ces hommes de pouvoir qui manipulent les personnes et abusent du pouvoir, Par exemple Hérode qui va faire décapiter Jean le Baptiste – alors qu’il apprécie cet homme, mais pour ne pas renier la promesse faite à une jolie danseuse ; ou encore Pilate qui livrera Jésus aux romains, sous la pression des juifs : ces deux hommes sont pris au piège de leur volonté de puissance. Les grands, les chefs de ce monde incarnent la violence politique, l’injustice, le pouvoir sans pitié qui tue l’innocent.

            Tel n’est pas l’Évangile, tout autre est l’exercice de l’autorité du Christ, qui – investi par son Père de la puissance de l’Esprit – se fait proche et à l’écoute de chacun et chacune ; il fait de toute sa vie comme une leçon d’autorité pour ses disciples : servir, relever, guérir, annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, aux malades, aux pêcheurs, tous ceux qui n’ont pas leur place ; être en chemin et toujours auprès des plus faibles, laver les pieds de ses disciples, aimer jusqu’au bout, donner sa vie pour tous. A travers l’exemple du Christ et comme les disciples nous sommes appelés à faire de même. Telle est la vocation de l’Église, peuple appelé pour annoncer l’Évangile : promouvoir des relations différentes, ne pas nous comporter comme les chefs des nations, ni les tyrans sanguinaires, ni les démocrates impuissants.

            Alors que faire et comment faire ? Comment et pour quoi prendre sa place de disciple sans prendre le pouvoir ? Le service que nous croyons rendre n’est il pas parfois l’exercice d’un pouvoir déguisé ? Le pouvoir se déguise parfois en service …

            Jésus est très clair dans l’Évangile : prendre place à ses côtés c’est boire la coupe avec lui, aller à la croix, se faire faible et esclave – cette condition méprisée par tous. Cette kénose de la croix, l’affaissement du Christ souffrant n’est elle pas la posture à laquelle nous sommes invités collectivement, par humilité aujourd’hui ?

            En ce mois d’octobre 2021 nous entrons dans le synode de l’Église universelle – synodalité, communion, participation, mission – quelques jours à peine après la publication du rapport de la CIASE, après la révélation de l’ampleur des abus et crimes sexuels commis en Église : est-ce un hasard du calendrier ? Que dit l’Esprit à notre Église de France aujourd’hui et maintenant ?

            Nombreux sont ceux qui, ces derniers jours ont souhaité que l’Église se fasse petite, une Église qui reconnaît ses erreurs, en se mettant à l’écoute des petits, à l’écoute des victimes, pour espérer – à l’école du serviteur souffrant d’Isaïe – pouvoir marcher vers la lumière.

            Écouter les victimes, regarder les dysfonctionnements internes ayant conduits à de tels abus de pouvoir, c’est le début d’un chemin pour nous convertir intérieurement. Dans la lettre écrite au peuple de Dieu en aout 2018 le pape François dénonçait déjà les crimes sexuels en reliant abus de pouvoir, abus d’autorité, abus sexuels. Il invitait l’ensemble du peuple de Dieu à se saisir de cette question, à s’engager dans une transformation de l’Église, à prendre sa place – justement, pour assumer sa responsabilité de baptisé, chargé d’annoncer le Christ.

            Aller jusqu’au mystère du mal infligé aux innocents, le mystère de la croix c’est boire avec le Christ la coupe, c’est être baptisés du même baptême que lui, plongés dans sa mort et sa résurrection pour nous mettre au service du monde, de nos frères et sœurs. C’est prendre notre place dans une Église appelée à se convertir pour avancer et témoigner de ce mystère de mort et de résurrection.

            Le but d’un synode n’est pas de faire davantage de réunions en paroisse pour produire des documents que personne ne lira ! Non, le pape François nous invite à « faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre … ».

            Derrière ce drôle de machin « synode sur la synodalité » c’est tout un chemin pour vivre ensemble un itinéraire de conversion collectif – tous ensemble avec le Christ – et inclusif – sans oublier personne ! Pour nous mettre à l’écoute, pas seulement les uns des autres, dans nos petites paroisses et communautés, mais aussi de l’Esprit qui nous pousse au loin vers tous ceux qui nous n’entendons pas, ceux qui sont dehors, qui sont à la porte de l’Église, les plus pauvres, les sans-voix, les exclus, tous ceux qui ont « des choses à dire ». Quelle est leur place dans notre Église ?

            Écouter ceux que l’on n’entend pas, dialoguer dans l’Église et dans la société, expérimenter et relire de nouvelles manières de nous sentir co-responsables dans la mission, prendre la parole avec liberté, vérité et charité, réfléchir à l’exercice de l’autorité afin de permettre la participation de tous … quelques mois ou années ne suffiront pas à réaliser tous ces rêves d’Église en marche … Ce n’est pas la révolution, ce synode mais cela va nous conduire à vivre des transformations, des conversions, à la manière des disciples qui comprennent peu à peu.

            Le plus important est de commencer, commencer même si on ne comprend pas tout, même si on ne sait pas tout ; accepter de se laisser conduire par l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles, sans chercher à vouloir arriver tout de suite. Commencer à servir notre monde, à servir tous nos frères et sœurs en humanité ! Ne pas chercher à prendre une place mais plutôt à laisser sa place, pour se laisser conduire par ce que l’Esprit dit aujourd’hui à notre Église. Merci à Denis d’avoir laissé la place aujourd’hui !

                                                                                                                     Marie Anne Vitry

                                                                                                                     

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