« Il vit, et il crut » ! Voilà chers frères et sœurs, l’expérience première du mystère de la Résurrection. Sur le témoignage de Marie-Madeleine, saint Jean courut, entra dans le tombeau. « Il vit, et il crut ».
Que voit-il ? Rien ! Et c’est précisément ce rien, cette absence du corps de Jésus qui provoque sa foi. Evidemment, cette expérience originelle en appellera d’autres. Les apôtres auront besoin de confirmations que Jésus ne manquera pas de leur donner en apparaissant plusieurs fois jusqu’à l’Ascension. Mais, pour l’heure, en ce matin de Pâques, ce qui est donné à saint Jean, c’est un vide. Une absence. Attention, pas une absence triste, comme celle d’hier lorsque Jésus gisait, mort, dans le tombeau. Ce matin, c’est une absence joyeuse, heureuse car elle ouvre des possibilités gigantesques.
C’est pourquoi, il est bon, chers frères et sœurs, que nous nous arrêtions un instant sur cette absence du corps de Jésus dans le tombeau. Car elle dit quelque chose de profond sur le mystère que nous célébrons ce matin : on ne peut pas mettre la main sur la Résurrection ! On ne peut pas faire le tour de cette expérience pascale vécue par les apôtres ! Ni notre intelligence qui se débat face à tant d’inconnu, ni notre corps qui n’est capable que de constater que le Ressuscité n’est pas physiquement présent à nos côtés comme n’importe quelle autre personne. Le seul moyen d’entrer dans le mystère de Pâques, c’est la foi ! Le crédit accordé à la Parole des apôtres et un acte à poser : adhérer personnellement à ce mystère qui nous dépasse infiniment. C’est précisément à cela que nous sommes appelés ce matin, à poser un choix devant lequel on ne peut se dérober. Soit décider que ce ne sont que des sornettes, comme les disciples d’Emmaüs qui s’en retournent chez eux, tout tristes, parce qu’ils ont refusé d’y croire. Et alors, on en restera englués dans la tristesse et dans la mort. Soit décider de croire que cette absence du corps de Jésus a un sens pour le monde, pour l’histoire ET pour nous. Et alors, nous pourrons faire un pas supplémentaire. Non pas seulement CROIRE que ça s’est réellement passé, mais VIVRE de ce mystère, c’est-à-dire « devenir chrétiens ». Et je ne dis pas cela parce que ça sonne bien ! Non seulement croire, mais vivre de la résurrection du Christ, c’est l’expérience qui va nous être donnée dans quelques instants dans le baptême de Léonie, Eliott, Margaux et Apolline. Dans ce sacrement, nos intelligences n’entendront que quelques paroles. Nos yeux de chair ne verront qu’un peu d’eau qui ruisselle sur la tête de ces enfants. Rien de bien extraordinaire… tout comme l’absence d’un corps dans un tombeau. Et comme saint Jean, chacun d’entre nous sera mis face à choix. Soit décider que ce geste est un simple geste rituel, une sorte de petite protection spirituelle ; soit décider que le baptême provoque un véritable changement. Un changement si profond qu’il ne se manifestera pas extérieurement, comme c’est souvent le cas avec ce qui a le plus d’importance.
Chers frères et sœurs, ce matin, chacun d’entre nous est appelé à poser cet acte de foi : croire que Léonie, Eliott, Margaux et Apolline vont devenir vraiment fils et filles de Dieu. Croire qu’ils vont être plongés dans la mort du Christ pour ressusciter avec lui ; lavés du péché originel pour avoir part avec le Christ à la vie éternelle ; saisis par la tendresse de Dieu pour vivre d’ores et déjà dans tout leur être ce mystère de la Résurrection.
Alors, pour conclure cette homélie, je me contenterai de vous poser une simple question : croyez-vous que Jésus est vraiment ressuscité ?
Si vous répondez « non » ! Vous en resterez au seuil du mystère et vous pourrez continuer bien tranquillement votre vie en jouissant des biens de la terre pour le temps de votre vie terrestre.
Mais si vous répondez « oui ». Alors je vous promets une aventure décapante. Car la foi en la résurrection n’est que le premier pas d’une longue marche à la suite du Ressuscité ! C’est la marche de l’Eglise qui, depuis 2000 ans, ne cesse de découvrir les richesses de la tendresse et de l’amour de Dieu. C’est la marche de la vie chrétienne, qui ne promet pas d’être épargnés des épreuves de la vie, mais qui permet de vivre, dès ici-bas, de la vie de Dieu. Le chrétien ne peut pas se contenter d’une petite vie tranquille. Tout simplement parce que Dieu désire ardemment qu’il vive au plus intime de son être SA VIE DIVINE.
Alors chers frères et sœurs, professons notre foi en la résurrection du Christ. Redécouvrons les richesses de notre baptême. Et VIVONS notre vie chrétienne avec intensité. Le Christ est ressuscité pour nous donner la vie ! Faisons de cette vie un chemin vers le Royaume du Père ! Amen. Alléluia.
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