Culte au temple de COGNAC, Dimanche 5 février 2023
Prédication par le Père Pierre-Marie ROBERT
Une mission de paix et d’unité :
Notre rassemblement dominical est tout à la fois une louange, une bénédiction en l’honneur de la Trinité sainte, une reconnaissance pour tous les bienfaits reçus d’elle et aussi une intercession, une supplication pour invoquer le pardon de nos péchés. Forts de ces considérations essentielles, notre rassemblement dominical se veut être une prière insistante pour l’unité des chrétiens, car c’est une cause qui tient à cœur et à conscience les diverses confessions chrétiennes dans le monde. La veille de sa mort sur la croix, Jésus a prié pour l’unité de ses disciples en disant : « …qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le mon puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » Et de fait, Jésus a donné sa vie et sa mort, il s’est livré « pour réunir dans l’unité les enfants de Dieu qui sont dispersés » comme l’exprime l’évangéliste St-Jean.
Que notre louange soit traversée par l’action de grâce pour le don de l’unité dans la foi au Christ ressuscité qui nous est fait, qui est notre bien précieux, qui éclaire nos existences personnelles au cœur des joies et des peines qu’ils habitent et qui nous donne l’élan et l’audace d’en témoigner avec la force de l’Esprit-Saint qui ne saurait nous manquer. Chers amis, nous avons en commun la joie de croire qui nous met en communion avec Dieu, source de toute vie créée, nous assurant de son Amour fidèle et même jaloux de nous, pour que nous l’aimions en retour dans la fidélité et que nous aimions nos frères avec son cœur à lui. Car, il est vrai, nous sommes toujours en-deçà de ses appels qui parcourent toute la sainte Ecriture et les prophètes comme Isaïe, se lèvent : « lavez-vous, purifiez-vous. Otez de ma vue vos actions mauvaises, assez de faire le mal ; apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve… » Nous le savons bien, Dieu n’est pas là pour faire des rappels à l’ordre, pour exercer des menaces, bien mieux, il nous veut, nous désire comme partenaires de son Alliance afin de trouver ainsi le vrai bonheur.
La page d’évangile, en St-Matthieu, entendue précédemment et qui évoque le jugement dernier, nous est familière. Et, cependant, elle se présente toujours à nous avec son exigence, nous sommes mis au pied du mur, ici et maintenant. La clé pour entrer dans le Royaume du Père des cieux, l’assurance de la béatitude éternelle pour faire écho au sermon sur la montagne de dimanche dernier, au tout début cette fois de l’évangile -toujours en St-Matthieu – c’est la prise en compte de notre réalité, de notre responsabilité d’hommes et de femmes croyants en relation avec d’autres, avec des situations diverses le plus souvent compliquées. La question revient comme un leitmotiv : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir… ? Et le Seigneur de Gloire d’affirmer : « En vérité, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! »
Ainsi, la quête du Royaume qui est l’objet d’une faveur divine, d’une grande miséricorde avant tout, n’est pas une fuite en avant, un imaginaire virtuel supposé : elle s’élabore dans un réel à aimer et à transformer, dans une attention aux personnes spécialement les plus vulnérables, dans une humanité à considérer. Il s’agit bien d’humanité, de notre humanité à considérer. Il s’agit bien d’humanité, de notre humanité belle et tragique tout à la fois, de l’humanité de Dieu en Jésus, son Fils bien-aimé, notre frère, « l’ainé d’une multitude de frères. » L’ardeur que nous avons pour exercer le culte spirituel « en esprit et en vérité » dans la prière, l’adoration, la méditation de la Parole de Dieu, la pratique hebdomadaire, nous avons à l’exercer à l’endroit de ceux qui sont à nos portes, dans nos rues de villes et villages, dans les institutions sanitaires et sociales et c’est la même ardeur au souffle de l’Esprit-Saint. Oui, assurément, dans le face à face avec « le Père des miséricordes », il y aura un jugement, non pas pour comptabiliser nos bonnes œuvres, nos mérites, mais pour estimer la qualité de l’amour vécu et ce jugement s’opère en ce temps qui est le vôtre, qui est le mien. « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir … ? »
La proximité humaine et la proximité chrétienne sont à unir en permanence, l’humanisation et la divinisation constituent un attelage à tenir ensemble et c’est une tension, un tiraillement pour les disciples de Jésus que nous sommes ; nous éprouvons nos maladresses, nos péchés, l’Adversaire, le démon joue son rôle également de diviseur, de « Père du mensonge ». Mais ne doutons jamais que par notre baptême et notre foi, nous sommes « intégrés à la construction » de l’Eglise, grâce à « Jésus-Christ lui-même, comme pierre maîtresse, pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit. » Ne doutons pas non plus, que plus les chrétiens seront oubliés ou ignorés en notre occident développé et se voulant civilisé, plus ils ont et auront une place à prendre même si c’est au prix de vexations et d’humiliations, ou simplement d’indifférences notoires. Là où l’homme est abimé, réduit à une chose de peu d’importance, là Dieu est bafoué, là où Dieu est oublié, évincé, là l’homme est perdu dans son intégrité. Il n’est pas rare de découvrir que lorsqu’une personne s’ouvre au mystère de Dieu, à sa révélation, des perspectives nouvelles s’offrent à elle, des changements se produisent, c’est comme une nouvelle naissance non sans combat intérieur et parfois extérieur lié au contexte familial, socio-professionnel, relationnel, etc… Recevons les paroles autobiographiques de ce jour, de l’apôtre St-Paul tout en affirmant la foi christologique : « c’est lui, Jésus-Christ, qui est notre paix. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine… à partir du juif et du païen, il a voulu ainsi créer en lui un seul homme nouveau, en établissant la paix et les réconcilier avec Dieu tous les deux en un seul coup, au moyen de la croix : là, il a tué la haine. » Ces paroles n’ont pas qu’une valeur historique avec leurs réalisations objectives, elles nous obligent pour une mission de paix et d’unité.
Pour achever cette prédication, je laisse un auteur anonyme rhénan du XIVème siècle nous exhorter :
« Christ, tu n’as pas d’oreilles…Tu n’as que nos oreilles pour entendre le cri de nos frères. Christ, tu n’as pas d’yeux… Tu n’as que nos yeux pour faire rayonner ta présence dans nos vies. Christ, tu n’as pas de lèvres … Tu n’as que nos lèvres pour parler de toi aux hommes d’aujourd’hui. Christ, tu n’as pas de pieds… Tu n’as que nos pieds pour accompagner les hommes sur ton chemin. Christ, tu n’as pas d’aide… Tu n’as que notre aide pour conduire les hommes à ton côté. Nous sommes la seule Bible que les gens lisent encore, nous sommes le dernier message de Dieu proféré en paroles et en actes. »
AMEN