33° dimanche du Temps Ordinaire (A)
L’évangile des talents nous parle en fait de la venue finale du Christ. C’est le thème que l’Eglise offre à notre méditation les trois dimanches qui terminent l’année liturgique.
Cet homme qui part en voyage, c’est Jésus, qui après sa résurrection et son ascension, quitte les siens pour un temps indéfini.
Avant de partir l’homme appelle ses serviteurs et leur confie ses biens. Ce que nous avons, nous ne l’avons pas en propre, cela nous est confié. Ces biens, ce sont d’abord nos qualités personnelles, mais plus encore, ce sont les biens de Dieu : son Evangile, les sacrements et son Eglise, autant que nos frères en humanité…
A l’un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux, à un troisième un seul. Un seul talent, c’était déjà beaucoup : 35 à 60 kilos d’or ou d’argent ! De quoi rêver ! Quel dépôt, quelle richesse et surtout quelle confiance ! Le maître, qui connaît sûrement bien ses serviteurs, donne à chacun selon ses capacités. Et inutile de jalouser celui qui a reçu plus que moi ! Je ne serais pas capable de gérer ce plus, ce serait trop pour mes forces et je me découragerais. Les deux premiers font valoir et doubler la somme confiée. Celui qui n’avait reçu qu’un talent creuse la terre et enfouit l’argent de son maître.
Longtemps après… leur maître revient. C’est l’heure du retour du Christ lorsqu’ « il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». Pour éviter tout risque d’erreur sur le personnage, ce maître sera désormais appelé du même titre que Jésus Ressuscité : « Seigneur ». Avancent les deux premiers qui s’entendent dire chacun : “Très bien, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup”. Oui, même la somme énorme qu’on leur a confiée est peu au regard de ce qui va suivre : « Entre dans la joie de ton seigneur ». Participe à la joie de Dieu même, entre dans son bonheur à lui. Et dire qu’on imagine parfois le ciel à s’éterniser sur un nuage en guise de prie-Dieu !
Celui qui avait reçu un seul talent s’avance alors. Il confond « connaître » et « savoir » : « Je savais que tu es un homme dur. » Sa relation est faussée. Et fatalement, ses actes aussi… Quand on a un maître dur, on ne prend pas de risques : « J’ai eu peur, je suis allé au plus sûr, j’ai enfoui ton talent dans la terre. Le voici. Je ne t’ai pas volé : tu as ce qui t’appartient. » Seulement, il y a méprise sur la personne. Dieu ne veut pas s’imposer en maître. Dieu nous voit comme partenaires de son amour, comme héritiers de sa vie. Non, ce serviteur ne connaissait pas son maître… et il a eu peur !
Frères et sœurs, le Christ ne nous confie pas le trésor de son amour et de la foi comme un lingot à conserver dans un coffre-fort, mais comme un don à faire fructifier. Il ne nous appelle pas à la peur ni à l’esclavage (même religieux…) qui stérilisent notre cœur ! Dieu nous a donné un Esprit qui fait de nous, non plus des esclaves, des gens qui ont peur, mais un Esprit qui fait de nous des FILS, associés à son héritage et à son amour.
Seigneur, tu nous as donné ton Esprit de liberté. Qu’il nous rende libres POUR faire le Bien, pour rester vrais avec Toi, avec nous-mêmes, avec les autres, et pour faire grandir en nous les dons de ton Amour ! Amen.