Homélie du père Jacques-Emmanuel. Troisième dimanche de l’Avent: Vous serez dans la joie.

Visitation sur Boëme

Publié le 13 décembre 2020

Troisième Parcours de l’aventJn 1,6-8.8.19-28 ; Is 61, 1-2a.10-11 ; Lc 1 ; 1Th 5,16-24

Deux ruptures dans les lectures de ce troisième dimanche par rapport aux précédents. Marc laisse la place au premier chapitre de Jean pour l’évangile. Le Cantique de Marie, au premier chapitre de Luc, prend la place du psaume.

Le prophète dans Isaïe reconnaît les bienfaits de Dieu. Consacré par l’onctionenvoyé annoncer la bonne nouvelle … il  tressaille de joie, son âme exulte. Paul nous exhorte, Soyez toujours dans la joie. Marie chante sa joie devant les merveilles que Dieu fait pour elle, son âme exalte le Seigneur, son esprit exulte en Dieu, son Sauveur. On est dans la Joie, celle que Dieu donne, qu’il nous invite à reconnaître et pour laquelle nous rendons grâce.

Jean commence son évangile par un prologue. Comme Marc, il annonce dès le début où il nous conduit : Jésus et Dieu ne sont qu’un. Au commencement était le Verbe, le Verbe était auprès de Dieu, … il était Dieu…ilétait la vraie Lumière et nous avons vu sa gloire … qu’il tient de son Père comme Fils unique. La Résurrection au matin de Pâques atteste la filiation divine.

Luc. Luc n’est pas juif, il n’a pas connu Jésus. Dans son court prologue, il dit avoir enquêté auprès de ceux qui furent des témoins oculaires, entourage de l’apôtre Jean, femmes qui avaient suivi Jésus, Marie elle-même, et qui sont devenus serviteurs de la Parole. Afin que ses lecteurs se rendent bien compte de la solidité des enseignements reçus, en s’appuyant sur l’évangile de Marc qu’il connaît, il nous entraîne sur le chemin de Jésus qui l’a conduit des rives du Jourdain à Jérusalem.

I  Les textes

            Jean 1. Il nous donne rendez-vous au bord du Jourdain où Jean-Baptiste, venu comme témoin pour rendre témoignage à la Lumière est interrogé par les envoyés des pharisiens. Inquiétés par cet homme qui baptise ?  

Es-tu Le Christ ? Elie ? le Prophète annoncé ? Non je ne le suis pas ! Il n’est pas la Lumière. Il s’efface, il est une voix, qui veut rendre témoignage à la Lumière. Il annonce Celui que vous ne connaissez pas… qui vient derrière moi, je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. Ce qui était le travail des serviteurs …

            Luc 1. Deux Annonciations par l’ange Gabriel ouvrent l’évangile : au prêtre Zacharie, père de Jean Baptiste, bouleversé et saisi de crainte. Et à Marie, dans le texte que nous entendons aussi pour la fête de l’Immaculée Conception, toute bouleversée. Gabriel les rassure « Ne crains pas »toi Zacharie dont Dieu a entendu la supplication et toi Marie qui as trouvé grâce auprès de Dieu. Même surprise : mais je suis un vieil homme et ma femme aussi est âgée. Mais moi Marie je ne connais pas d’homme.

            Mais quand Zacharie reste dans le doute et l’incompréhension, Marie dit oui, que tout m’advienne selon ta parole.

            Deux salutations, « Je te salue, Comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » s’écrie Elisabethà l’arrivée de sa cousine. Marie dit alors ; Magnificat, mon âme exalte le Seigneur, exulte en Dieu mon Sauveur. Saint est son nom ! Tous les âges me diront bienheureuses.

Annonciation, Visitation, salutations devenues Prière.

II Pour notre vie

Le chapelet. Un même mot pour dire l’objet et la prière qui lui est associée. L’objet on le recevait autrefois avec le missel lors de la Communion Solennelle, la grande, qui s’opposait à la petite, privée. En verre dépoli ou en bois quand il était souvenir d’un pèlerinage à Lourdes ou La Salette, ses grains devenaient intermédiaires de la prière. On égrenait son chapelet en récitant autant de «Je vous salue Marie » que de petits grains, dizaine après dizaine jusqu’à 50. Mais à 12 ans, en connaissait-on vraiment le sens ?

“Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ;

ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup, ils se feront mieux écouter” (Mt 6, 7).

            Le Rosaire.

Codifiée, la prière du Rosaire ne retenait que trois catégories des Mystères de la vie du Christ. Un chapelet, soit 5 dizaines, récité pour chacun d’eux.

Mystères joyeux, caractérisés par la joie qui rayonne de l’événement de l’Incarnation, joie évidente dès l’Annonciation où le salut de l’Ange Gabriel à la Vierge de Nazareth rappelle l’invitation à la joie messianique: « Réjouis-toi, Marie ». Annonciation ; Visitation ; Nativité ; Présentation de Jésus au Temple ; Recouvrement de Jésus lors d’un pèlerinage à Jérusalem en font partie.

Mystères douloureux : Agonie de Jésus, Flagellation ; Couronnement d’épines ; Portement de la Croix ; Crucifixion.

Mystères glorieux : Résurrection de Jésus ; Ascension ; Pentecôte ; Assomption ; Couronnement de Marie.

« Sans la contemplation, le Rosaire est un corps sans âme, et sa récitation court le danger de devenir une répétition mécanique de formules. Par nature, la récitation du Rosaire exige que l’on prenne son temps, afin que la personne qui s’y livre puisse mieux méditer les mystères de la vie du Seigneur, vus à travers le cœur de Celle qui fut la plus proche du Seigneur. » Paul VI (Exhortation apostolique sur le culte marial. 1974)

En octobre 2002, le pape Jean-Paul II écrit : Le Rosaire de la Vierge, tout en ayant une caractéristique mariale, concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique.  La répétition litanique de l’Ave Maria devient louange incessante du Christ, objet ultime de l’annonce de l’Ange et de la salutation de la mère du Baptiste et constitue la trame sur laquelle se développe la contemplation des mystères.

Parce que c’est tout au long des années de sa vie publique que le mystère du Christ se révèle comme mystère de Lumière, « Tant que je suis dans le monde, je suis la Lumière du monde », que le pape propose l’ajout de cinq nouveaux mystères, plus spécifiquement christologiques, les Mystères lumineux : Baptême du Christ ; Noces de Cana ; Proclamation du Royaume ; Transfiguration ; Institution de l’Eucharistie.

III Pour aller plus loin

Cette semaine, nous fêterons sainte Lucie de Syracuse dont le nom signifie Lumière, vierge et martyre au 4ème siècle, et Odile, invoquées toutes les deux pour guérir les maladies oculaires.

Odile, née aveugle au 6ème siècle, déshonorant son père, duc d’Alsace, qui voulait un garçon et ne veut pas qu’elle vive, elle est mise en sécurité par sa mère dans un couvent à Baume les Dames où elle reçoit une éducation chrétienne. Le jour de son baptême, au moment où l’huile sainte touche ses yeux, elle retrouve la vue. Elle reçoit le nom d’Odile, Fille-de-Lumière.

Après maintes péripéties où la légende cède parfois le pas à la vérité historique, son père l’accepte et lui construit une abbaye sur la montagne vosgienne où elle reçoit et soigne des malades. Cette abbaye existe toujours, connue maintenant comme le Monastère du Mont Sainte Odile. Depuis 1931, les paroisses du diocèse se relaient semaine après semaine pour y assurer l’Adoration Eucharistique Perpétuelle, par roulement de deux adorateurs.

La première en chemin, Marie tu nous entraînes

à risquer notre OUI aux imprévus de Dieu,

et voici qu’est semé, en argile incertaine de notre humanité,

Jésus Christ Fils de Dieu.

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