Le Christ monte à Jérusalem où il vivra sa passion-mort. Il en parle pour la troisième fois à ses disciples. La figure du serviteur souffrant dans l’ancienne alliance se dessinait déjà et se retrouvera finalement dans le Christ qui s’offre en victime pure et sainte pour le salut du monde. « Broyé par la souffrance le Serviteur a plu au Seigneur. »La souffrance pour le Christ n’est pas un manque d’amour de son Père encore moins un abandon de la part de Celui-ci. Dans la souffrance humaine quel qu’en soit le degré, le Seigneur est là, il la vit avec l’homme qu’il est venu racheter au prix de sa vie.
Dans ce contexte de l’annonce de sa passion pour une fois de plus, les disciples sont pris de frayeur. En dépit de tout, voilà que deux des disciples, Jacques et Jean s’approchent du Christ pour lui adresser une demande qui, selon eux, les prépare à partager la gloire sa au dernier jour. Ils demandent à être, un à sa droite et l’autre à sa gauche dans le Royaume. Cette demande résume l’aspiration profonde de leur cœur. Quoi de plus normal que de désirer le Royaume ! Par contre, leur demande ne s’ouvre pas à la possibilité de ne pas être exaucée, comme ils l’attendent. Cette demande ambitieuse des deux frères suscite l’indignation des dix autres.
Alors le Seigneur profite de leur attitude trop humaine pour leur donner le cœur de son enseignement, de son message sur la grandeur évangélique. La grandeur dans l’esprit de l’évangile réside dans cette assertion de Jésus : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. »Le serviteur, en général, sait se dépouiller de ses prérogatives, de lui-même, pour être au service de (…), à la disposition de (..), il ne choisit pas ce qu’il veut accomplir, le service, il le reçoit de son Maître, il ne l’accomplit pas comme il l’entend mais selon le désir et la manière que son Maître veut.
Jésus à travers cet enseignement oppose clairement l’exercice du pouvoir, l’autorité selon le monde au service évangélique tout en employant le même vocabulaire « boire, siéger, régner… »Dans ce monde où les autorités politiques font sentir leur pouvoir, il ne doit pas en être ainsi dans le service évangélique. Régner c’est servir, renoncer à soi pour être à la disposition des autres, chercher leur bien, leur croissance à tous les niveaux. Le vrai serviteur, à la suite du Christ, se dessaisît de sa propre vie. Il y arrivera par un renoncement de soi et un discernement sur ses choix.
Discerner c’est faire le tri. Ce n’est pas évident de savoir faire le tri dans le monde actuel qui voudrait faire oublier aux disciples du Christ leur différence chrétienne. Ils sont dans le monde sans être du monde. C’est ainsi qu’en disciples serviteurs nous sommes invités à garder notre Foi vivante dans une vie de prière, d’écoute de l’Esprit Saint. Nous pourrons alors accomplir tout service missionnaire dans l’amour véritable qui fait et fera de nous les héritiers du Royaume. Le Royaume nous sera donné sans être conquis par nos aspirations ou nos compétences. « Avançons avec assurance, vers la Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde ; en temps voulu, la grâce de son secours » He 4,16
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