Homélie du dimanche 4 octobre du P. Laurent Maurin

Notre Dame des Sources

Publié le 4 octobre 2020

27ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A

Textes de la messe :

Isaïe 5, 1-7
Psaume 79
Lettre aux Philippiens 4, 6-9

Nous avons tous besoin de frontières pour vivre, pour contenir et nous contenir. La première frontière de l’individu est sa propre peau, et nous voyons actuellement, par ces temps de crise sanitaire, avec les gestes barrières et la distanciation physique, que celle-ci  doit être protégée pour ne pas être malade !

Seulement voilà, on peut transformer ses frontières en clôture, et y construire des tours de garde.  C’est ce qu’a fait le maitre du domaine de cette parabole. Ces clôtures et murailles sont sources d’un sens prononcé de la propriété à l’intérieur du domaine. Mais, nous le voyons, ce sens aigüe de la propriété y conduit à un déferlement de violence pour y avoir la possession des fruits de la vigne.

Cette parabole est vraie pour les États, lorsque des murs s’érigent entre les peuples dans le monde, ou même à l’intérieur d’un même peuple (on parle alors de « séparatisme » et de ses dangers…), vraie aussi (on l’a vu récemment) lorsque les frontières se ferment, même pour un temps limité… Elle est vraie encore pour nos systèmes d’organisation sociaux et politiques lorsque la course au profit génère de nouvelles violences pour s’accaparer les bénéfices du travail… Elle est vraie toujours pour l’Église, lorsque, se sentant menacée, elle s’érige en citadelle de la foi, sûre de son bon droit en toute circonstance… Elle est vraie enfin pour toute croyance, religion qui peut produire des phénomènes de violence parfois dramatique…

Le maître de la vigne fera-t-il donc périr les vignerons homicides ? interroge Jésus. Qu’en pensons-nous ? … Les interlocuteurs de Jésus, eux, sont enfermés dans leur attitude de vengeance, et croient que c’est là, la seule solution. Jésus, lui, ouvre sur une autre solution : le mur de clôture va servir pour être la fondation d’une autre construction, de ce qu’il appelle « le Royaume de Dieu ». Là, il nous invite à changer notre façon de voir ! Dans ce Royaume, ceux qui ont été écrasés au nom de principes faits pour garder ou sauvegarder les intérêts d’un système religieux, social, économique ou politique (c’est la même chose dans la critique faite par l’Évangile), ces « rejetés » doivent prendre la première place, devenir les « pierres d’angle ». Une première place pour construire d’autres relations, celles de justice et de paix du Royaume. Il y aura bien des fruits dans ce Royaume, mais ils ne seront pas d’abord matériels, ce seront des sentiments, des volontés, qui mises en commun qui parviennent à faire « des merveilles ».

Je n’oublie pas que nous fêtons aujourd’hui François d’Assise qui a voulu vivre, par ses choix radicaux, cette fraternité universelle faite de justice et de paix, avec ses semblables et avec toute la Création. Je n’oublie pas que se termine aujourd’hui le Mois de la Création, voulue par notre pape François, occasion de découvrir encore plus que c’est chaque jour que nous devons changer de comportement pour sauver cette terre que le maitre du domaine nous a confiée.

P. Laurent Maurin

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