Homélie du dimanche 11 octobre 2020 du P. Laurent Maurin

Notre Dame des Sources

Publié le 12 octobre 2020

28ème dimanche du Temps ordinaire, Année A

Paroisse Notre-Dame-des-Sources

Isaïe 25, 6-10 ; Psaume 22 ; Philippiens 4, 12-20 ;
Matthieu 22, 1-14

« Appel à la paix, à la justice et à la fraternité »
(Fratelli tutti)

C’est un appel à la fraternité universelle qui retentit dans cet évangile selon Matthieu. Une fraternité sous le signe de la fête, de la joie, du partage, de l’alliance. Une alliance avec le peuple, célébrée par un festin de noces ! rien que ça ! et c’est pour nous tous !

La condition ? Je n’en vois guère qu’une seule : vouloir vivre cette fraternité ! Vouloir vivre la fraternité, c’est cela « être digne » de cette alliance selon Jésus. Pas si simple en fait… On sait que vivre cette fraternité est exigeant, surtout par ces temps qui sont les nôtres. C’est ce que nous rappelle avec réalisme notre pape François dans son encyclique Fratelli tutti, publiée dimanche dernier :

(30.) «  Dans le monde d’aujourd’hui, les sentiments d’appartenance à la même humanité s’affaiblissent et le rêve de construire ensemble la justice ainsi que la paix semble être une utopie d’un autre temps. Nous voyons comment règne une indifférence commode, froide et globalisée, née d’une profonde déception qui se cache derrière le leurre d’une illusion : croire que nous pouvons être tout-puissants et oublier que nous sommes tous dans le même bateau. Cette désillusion qui fait tourner le dos aux grandes valeurs fraternelles conduit à une sorte de cynisme. »

(35.) « Après la crise sanitaire, la pire réaction serait de nous enfoncer davantage dans une fièvre consumériste et dans de nouvelles formes d’auto-préservation égoïste. Plaise au ciel qu’en fin de compte il n’y ait pas ‘‘les autres’’, mais plutôt un ‘‘nous’’ ! Plaise au ciel que ce ne soit pas un autre épisode grave d’une l’histoire dont nous n’aurons pas su tirer leçon ! Plaise au ciel que nous n’oublions pas les personnes âgées décédées par manque de respirateurs, en partie comme conséquence du démantèlement, année après année, des systèmes de santé ! Plaise au ciel que tant de souffrance ne soit pas inutile, que nous fassions un pas vers un nouveau mode de vie et découvrions définitivement que nous avons besoin les uns des autres et que nous avons des dettes les uns envers les autres, afin que l’humanité renaisse avec tous les visages, toutes les mains et toutes les voix au-delà des frontières que nous avons créées ! »

Alors quel lien entre cette fraternité et la solidarité ?

(36.) « Si nous ne parvenons pas à retrouver la passion partagée pour une communauté d’appartenance et de solidarité à laquelle nous consacrerons du temps, des efforts et des biens, l’illusion collective qui nous berce tombera de manière déplorable et laissera beaucoup de personnes en proie à la nausée et au vide. (…) Le “sauve qui peut” deviendra vite “tous contre tous”, et ceci sera pire qu’une pandémie. »

Pour le pape, la solidarité, (116.) c’est  « penser et agir en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens de la part de certains. C’est également lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, de la négation des droits sociaux et du travail. C’est faire face aux effets destructeurs de l’Empire de l’argent. […] La solidarité, entendue dans son sens le plus profond, est une façon de faire l’histoire et c’est ce que font les mouvements populaires».

Il rappelle encore, qu’il n’y aura pas de paix sur terre sans un minimum de justice. (235.) « Ceux qui cherchent à pacifier la société ne doivent pas oublier que l’iniquité et le manque de développement humain intégral ne permettent pas de promouvoir la paix. En effet, «sans égalité de chances, les différentes formes d’agression et de guerre trouveront un terrain fertile qui tôt ou tard provoquera l’explosion. Quand la société – locale, nationale ou mondiale – abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même, il n’y a ni programmes politiques, ni forces de l’ordre ou d’intelligence qui puissent assurer sans fin la tranquillité ».

Voilà bien quelques préalables, toujours nécessaires à entendre, si nous voulons vivre plus de fraternité et de solidarité entre nous ! On retrouve bien là les préceptes de base ce repas de noces présenté dans l’Évangile. Tous sont appelés, car tous sont frères, mais certains ne veulent pas y participer. Le repas de noce dit cette alliance préparée pour chacun avec Dieu. C’est pour nous, chaque messe, le repas de l’alliance des hommes avec Dieu, qui doit en être le signe tangible.

P. Laurent Maurin

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