Année C
Évangile de Luc 13, 1-9
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Lc 13, 1-9)
Jésus nous remet ici devant le scandale du mal, principale cause de l’athéisme, non sans raison.
Il invite les croyants à changer de regard, à se convertir sur les causes de ces drames qui nous bouleversent.
Il nous invite à ne pas être victime d’une fausse image de Dieu que nous pouvons nous faire.
Ce Dimanche nous sommes sensibilisés à la fois aux victimes des crimes d’abus dans l’Église, comme la conférence des Évêques de France nous y invite à la demande du pape François, et aux victimes de la guerre en Ukraine qui depuis un mois ravage des villes et meurtrit ses habitants.
Dans ces deux cas, des innocents sont les proies des Pilate de notre temps.
Jamais ces catastrophes qui touchent les plus fragiles, ne sont des punitions divines. Jamais elles ne peuvent être voulues par Dieu.
Pourtant dans un cas les acteurs des agressions sont des prêtres, ministres de Dieu, et dans l’autre, des armées et un chef d’État bénis par le patriarche chrétien orthodoxe de Moscou ! Le pire se dessine alors : utiliser le nom de Dieu ou l’alibi de Dieu pour commettre le mal.
Dans ces cas, le mal est légitimé par Celui qui doit être au contraire la Parole qui porte de bons fruits comme le rappelle la parabole du figuier dans l’enseignement du Christ ici.
Cela nous interroge sur nos prières. Sur leur sens. Comment prier de façon la moins provocante, la plus ajustée, dans ces conditions ?
Demander à Dieu d’arrêter les massacres, comme s’il en était l’auteur !?
Non. Peut-être pouvons-nous risquer des mots de la sorte :
Devant toi notre Dieu, nous formulons ce à quoi nous engagent le message et les actes de Jésus, au moment où l’Ukraine est victime d’une guerre destructrice qui fait de nombreux morts, plonge ses habitants dans l’insécurité et oblige certains à fuir leur pays en état de grande détresse.
Qu’à la mesure de ses moyens, chacune et chacun participe aux actions entreprises, pour travailler, même modestement, à la paix, pour venir en aide aux victimes sur place et aux réfugiés, pour manifester notre soutien aux assiégés et martyrisés, pour condamner l’agression qu’ils subissent, et pour accueillir, accompagner et soigner ceux qui souffrent.
Seigneur, toi qui es la force des faibles, sois présent en nous. Donne-nous cette force de résister. De résister au mal.
Pour illustrer ces propos je pense juste à cette femme de la télévision russe qui, il y a huit jours, a bravé l’interdit et une menace de 15 ans de prison pour dénoncer en direct à la télévision le mensonge d’État qui vise à nier la guerre actuelle et ses massacres. En quelques secondes, elle a voulu rendre témoignage à la vérité pour essayer de sauver des vies humaines. Elle, comme bien d’autres, nous renvoie à l’ultime don de Jésus, que nous célèbrerons pour Pâques.
P. Laurent Maurin
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