« Frères, j’aimerais vous voir libre de tout soucis ».
Tel est le souhait que saint Paul exprime dans sa Lettre aux Corinthiens. Ce souhait, il est pour nous aussi aujourd’hui.
Paul propose pour cela de rester unifier à l’intérieur de nous. Que nous sachions repérer l’essentiel en toute chose. Que tout ce que nous faisons soit en lien avec notre condition d’Enfants de Dieu. Que nous ne soyons pas en tension entre ce que nous considérons comme nécessaire pour y être fidèle et tout ce qui peut nous accaparer tout en étant secondaire dans notre vie familiale, conjugale… En toute chose que nous y voyons l’occasion de répondre à la volonté de Dieu.
C’est justement l’homme divisé qui est dans la synagogue de Capharnaüm selon l’évangile de Marc et qui est libéré par Jésus d’un « esprit impur » qui divise son être intérieur. Pour cela Jésus met en œuvre sa parole : une parole qui unifie.
Et nous aujourd’hui, en 2021, qu’est-ce qui nous empêche d’être nous-même ? qu’est ce qui nous tient captif et qui ne nous permet pas d’être libre de tout soucis, de toute divisions intérieures ?
Chacun peut y répondre à sa guise, personnellement…
Cependant il est nécessaire de constater comment aujourd’hui, à l’ère des écrans, on cherche à « manipuler nos cerveaux » comme le titrait fin décembre l’hebdomadaire Le Point, à l’occasion de la sortie du livre Apocalypse cognitive de Gérald Bronner et qui cible un des dérèglements de notre temps. On peut ne pas être d’accord avec ses conclusions, mais l’analyse me semble assez vraie et mérite de faire le lien avec notre condition d’être divisé intérieurement aujourd’hui.
L’article pointait que, surinformé, assailli de débats contradictoires, plongé dans un océan planétaire de données par le web et les réseaux informatiques, de fausses nouvelles, de démagogies et de mensonges parfois, « le cerveau humain est désormais l’enjeu d’une lutte d’influences visant à en capturer les tendances naturelles et à en exploiter les fragilités. Dans cette course permanente pour capter l’attention du public, médias, fournisseurs de contenus, publicitaires, groupes financiers, idéologues, politiques même s’adressent à nos instincts plus qu’à notre raison dévoilant certains éléments de notre nature profonde façonnés par des millénaires d’évolution ».
« Face à cette vertigineuse perspective, Gérald Bronner défend une approche basée sur la connaissance et le développement de l’esprit critique. Mais cette approche, prévient-il, à un préalable : la lucidité. Pour se libérer des innombrables manipulations qui le menacent, l’homme doit, en premier lieu, accepter de regarder en face sa propre nature. (…) »
Je crois que cela prolonge l’Evangile que nous avons entendu : la Parole de Dieu est là pour faire la vérité en nous. Son autorité nous délivre des complicités avec les manipulations de tous ordres dont nous pouvons être l’objet, afin d’être et demeurer nous-même, dans notre condition libre de Fils et de Filles de Dieu. Elle nous invite à la lucidité sur notre nature, nos choix, nos actes, nos engagements pour y exercer avec raison une critique la plus juste possible.
L’homme tourmenté par l’esprit impur est lucide sur sa situation personnelle et sur celle de Jésus. Cette lucidité lui permet d’être délivré de ce qui le trouble et l’empêche d’être cohérent. La Parole de Dieu nous libère, la parole humaine vraie nous libère aussi. Elle nous ouvre un chemin pour rester soi-même, aimé de Dieu et aimant comme Dieu.
P. Laurent Maurin
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