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“Aujourd’hui, le Christ évoque ce qui est caché en nous et qui commande nos paroles et nos actes : le cœur.
Il nous invite à changer notre regard sur nos semblables : Avant de juger un frère apprenons à reconnaître nos propres faiblesses.
Enfin, il nous rappelle la métaphore de l’arbre qui « se reconnait à son fruit » et du trésor que représente un cœur qui est bon.”
Lectures du jour
Homélie du Père Denis
DESCENDRE DANS LA PROFONDEUR DE NOTRE CŒUR
Un grand défi nous était lancé, à travers l’Évangile de dimanche dernier : poser des actes bons et gratuits, y compris dans les situations les plus difficiles.
Nous rencontrons, dans l’Évangile de ce jour, une série de petites sentences, mises bout à bout par l’évangéliste Luc ; ce sont des Paroles du Christ qui nous invitent à descendre dans la racine qui permet de vivre des actes bons, des paroles bonnes et des regards bons. Ce n’est pas rien parce qu’il ne suffit pas de dire, espèce de méthode Coué : « il faut aimer ses ennemis, il faut aimer ses ennemis » ….
Mais, comment faire pour vivre l’Évangile ? La première lecture de Ben Sira nous invite aussi à trouver la « racine » de cet Amour dans la profondeur de notre être. Alors, nous pourrons vivre, à l’extérieur, de bonnes choses. Il y a une réalité cachée, une source au plus profond de nous-mêmes qui nous permet de vivre l’Évangile .
On se retrouve très vite en face de ses limites, surtout dans des situations extrêmes, la violence par exemple. Les médias nous en ont donné de tristes exemples récemment.
Alors, où chercher la racine, où trouver la source ?
Allons les chercher dans trois lieux.
NOS PAROLES
Nos paroles peuvent être porteuses de vie ou porteuses de mort, selon la manière dont nous sommes ancrés ou non dans l’Amour. Il y a des paroles qui peuvent détruire et il y a des paroles qui donnent de la Vie et Ben Sira nous dit « la parole fait connaitre les sentiments ».
Tout dépend de la manière dont on s’exprime. Si l’on a une parole violente, si l’on a une parole dure, si une parole est intolérante, on peut estimer ne pas avoir rejoint cet Amour, au plus profond de nous-mêmes. Et pourtant, nous avons reçu, à notre baptême, cette Vie Nouvelle qui nous attend si nous descendons en profondeur !
C’est vraiment la grande question. Comment des pays chrétiens, comme l’Allemagne au temps du nazisme, ou des pays christianisés plus récemment, comme le Rwanda, ont-ils pu tomber dans des folies meurtrières ?
Il semble que l’Évangile n’ait pas pénétré le fond du cœur…. Il n’a pas touché « les racines du cœur » de l’homme.
En effet, réside, au plus profond de nous-mêmes, la présence de Dieu ; mais, si l’on vit de manière superficielle, tous nos instincts, quelquefois les plus violents, se saisissent de nous et nous entraînent sur des pentes déshumanisantes.
Au contraire, des paroles profondément ancrées dans l’Amour, peuvent devenir des bénédictions. Une parole, une écoute, puisées dans l’Amour de Dieu, deviennent des bénédictions et peuvent porter la vie. Certainement, que dans votre vie, des paroles sont venues vous faire vivre, vous ont révélé à vous-mêmes, vous ont donné le désir de dépasser des difficultés. En effet, ce sont des paroles puisées dans l’Amour et dans le respect de l’autre.
Et puis, il peut y avoir d’autres paroles qui, au contraire, vous ont enfoncés. Là on peut se dire : cela ne vient pas de la même profondeur. Hannah Arendt disait : « le mal est superficiel, le mal est banal, le bien est profond ».
Les paroles signifient à quel niveau de vie nous sommes, à quel niveau de profondeur et d’Amour.
LES REGARDS
Isaac le Syrien, un Père de l’Eglise dit : « Le cœur de certains moines, (mais ne vous inquiétez pas, ce n’est pas que pour les moines), le cœur de certains moines ressemble à un prétoire. Le moine y siège, en juge, du matin jusqu’au soir, passant en revue, pour les condamner, tous ses frères, à commencer, bien sûr, par ses supérieurs. S’il ne le fait pas à voix haute, il le fait dans son cœur, en interpellant silencieusement chacun de ses frères : -Frère, laisse-moi donc enlever la paille qui est dans ton œil-, alors qu’il ne s’aperçoit pas du tout de la poutre qui est dans le sien. »
C’est très fréquent ! On peut passer son temps à regarder tous les défauts des autres et à trouver que, finalement, ils ne sont pas aussi bien que nous. C’est assez habituel de se prendre pour la référence, de ce qui est bien et de ce qui est mal, et pourtant, si on voulait bien, là aussi, descendre dans notre profondeur d’Amour, là où Dieu est présent, nos yeux s’ouvriraient sur la beauté des autres et sur la grâce qu’ils expriment, différente de la nôtre, mais qui est aussi une merveille venant de Dieu.
Sœur Monique CHAMBON, qui était religieuse ici, voyait des merveilles chez tous les gens qu’elle rencontrait et elle aimait nous le raconter. C’est une question de regard.
Si notre cœur est éclairé, il va éclairer nos yeux. Et nous voyons ce qui est beau chez l’autre et nous nous émerveillons en rendant grâce pour la beauté dans l’autre.
LES ACTES
Selon la profondeur de notre vie, nos actes peuvent être agités et agitants, désordonnés et désordonnants, non harmonieux et disharmonieux.
Comment nos actes reflètent-ils une certaine harmonie, une certaine paix, un bonheur ?
J’ai amené ici un petit livret que j’avais fait faire avec des textes de sœur Madeleine Gilles qui est morte à 102 ans, qui était sœur de Sainte Marthe. Cette femme qui était pourtant très âgée, s’est mise à 100 ans, parce qu’elle ne pouvait plus broder, à tricoter pour les gens de la rue. Elle disait : « il faut que je fasse quelque chose. Je ne vois plus assez pour broder, est-ce que je ne pourrais pas tricoter ? » ; je lui apportais un tas de pelotes de laine, pour qu’elle puisse réaliser des écharpes pour les gens de la rue. Puis, comme elle ne voyait plus du tout, elle ne pouvait plus tricoter. Elle était dans son lit, à la fin de sa vie. Comme elle ne pouvait plus rien faire, quand les gens entraient dans sa chambre pour la soigner, elle leur prenait les mains pour les embrasser.
Ce sont des actes qui portent la Vie alors que d’autres actes, agités ou sans amour, peuvent, au contraire, détruire. On peut aussi avoir des gestes menaçants, des gestes d’agacement. On peut avoir des gestes qui font que l’autre ressent bien que l’on n’est pas présent.
Le Seigneur nous appelle à descendre dans la profondeur de notre cœur où Il demeure, pour trouver la manière de parler, la manière de regarder, avec amour et d’agir avec harmonie et tout cela fait du bien, le contraire moins.
Alors vous direz mais comment y arriver ?
Frère Léon, un frère de Saint François, prêtre, qui accompagnait François, lui demande comment faire pour avoir le cœur pur, pour descendre dans son cœur. En effet, Frère Léon voit bien que François vit dans l’harmonie, dans l’Amour, dans la paix. Voici la réponse de François à Frère Léon qui se sent pris dans ses contradictions :
« Sais-tu, Frère Léon, ce qu’est la pureté du cœur ? Tourne ton regard vers Dieu, admire-le, réjouis-toi de ce qu’Il est, Lui toute sainteté, rends Lui grâce à cause de Lui-même. C’est cela avoir le cœur pur et quand tu es ainsi tourné vers Dieu, ne fait surtout aucun retour sur toi-même, ne te demande pas où tu en es avec Dieu. La tristesse de ne pas être parfait, découvrir qu’on est pécheur est encore un sentiment trop humain. Il faut élever ton cœur plus haut, beaucoup plus haut où il y a Dieu, l’immensité de Dieu, son inaltérable splendeur. Mais cette pureté ne peut pas s’obtenir à la force des poignets et en se tendant. Il faut simplement ne rien garder de soi-même. Tout balayer, même cette perception aigue de notre détresse, faire place nette, accepter d’être pauvre, renoncer à tout ce qui est pesant, même au poids de nos fautes ».
Vous voyez, l’Évangile se reçoit de Dieu qui nous aime et, si nous voulons acquérir cet art de vivre, de parler avec Amour, de regarder avec Amour, d’agir avec Amour, d’être soi-même dans la Paix pour transmettre la Paix, et bien il faut accueillir le Prince de la Paix. Il faut s’ouvrir à cet Amour gratuit qui transforme notre cœur.
Alors, si nous ne voulons pas regarder les autres de haut, ne pas les juger, ne pas agir avec eux avec violence, ne pas parler mal, il faut descendre dans cet Amour gratuit que Dieu nous donne et qui peut transformer notre vie.
Le tout est d’y croire. Se laisser Aimer pour Aimer !
Prière universelle
Soyez fermes, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur
Quand notre Eglise s’inquiète et prie pour le Pape François souffrant, écoute-la, Seigneur.
Que ta grâce réconforte notre Pape dans son épreuve.
Donne aux fidèles de rester confiants en ta Providence et de tenir ferme la Parole de Vie afin qu’elle continue à produire des fruits d’activités abondantes porteurs d’espérance ;
Ensemble, nous te prions
Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Quand le Mal est érigé en Bien, le mensonge exalté, la brutalité et la violence justifiées, garde les peuples de tout aveuglement, Seigneur. Chez les dirigeants politiques, économiques, médiatiques, fais aboutir les efforts de ceux qui cherchent la vérité, le dialogue mesuré et la négociation équitable, nécessaires à ton dessein de justice et de paix ;
Ensemble, nous te prions
Enlève d’abord la poutre de ton œil
Quand ceux qui se sentent jugés ou méprisés, ceux qui ont besoin de paroles de consolation, d’actes de bienveillance, de gestes d’accueil, se croient abandonnés, Seigneur, donne-nous d’adopter envers eux ton regard et tes paroles de miséricorde qui relèvent et raniment l’espérance ;
Ensemble, nous te prions
Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur
Quand des millions de croyants, catholiques, orthodoxes, protestants, musulmans, entrent ou vont entrer dans un temps privilégié de conversion et de service fraternel,
Seigneur, aide-nous tous à mettre nos actes et nos paroles en conformité avec notre foi pour être les artisans d’un monde meilleur, signes agissants de ta présence ;
Ensemble, nous te prions
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