Cet évangile de la multiplication des pains, c’est l’aboutissement de la mission du Christ (et à sa suite, de ses disciples) : nourrir les foules par la Parole ET par le Pain de Vie.
Ce que fait Jésus n’est donc pas seulement un acte de compassion envers ces affamés qui l’ont longuement écouté… Jésus va donner un nouveau « signe » pour révéler qui il est.
Dieu est prêt à se manifester : il y a la montagne, lieu habituel de la révélation divine, il y a le rappel de la manne dans cette nourriture donnée dans le désert, il y a aussi le rappel d’Elisée tel que nous l’entendions dans la première lecture avec tous les détails qui font se rapprocher les deux événements.
Autrement dit, Jésus est bien le Messie qui vient servir à son Peuple le repas inépuisable, surabondant, figure du festin qui rassemblera les nations, et où Dieu lui-même rassasiera son Peuple pour toujours.
Dans ce récit, tout est fait pour mettre Jésus en valeur.
Il est celui qui « sait ». Il est celui qui « fait »…
Les pains sont d’orge, c’est-à-dire de basse qualité.
L’intermédiaire est un petit enfant.
Tout cela pour dire en contraste la grandeur de Dieu et de son action !
Et comment ne pas entendre ici les mots de l’Eucharistie ?
« Jésus ayant pris les pains et rendu grâces… »
Jésus qui nourrit tous les participants à la même nourriture…
Le contexte de la fête de Pâque mentionnée par Jean…
Ce signe posé après avoir nourri les foules par sa Parole…
Avant même le Jeudi Saint et le dernier repas, Jésus annonce par ce miracle ce qu’il réalisera à la Cène : « JE SUIS le Pain de Vie ».
Mais parce que cette Heure du plein accomplissement n’est pas encore venue, que nous n’en sommes qu’à l’annonce qui veut disposer les cœurs, Jésus refuse d’être reconnu comme Messie à la manière des hommes. Il refuse leur pouvoir terrestre. Il se retire.
« La grandeur n’est établie que pour faire du bien aux autres… Un jour, dit Bossuet, (Jésus) acceptera le titre de roi et vous le verrez écrit au haut de sa croix, parce que c’est là qu’il sauve le monde. »
Ne nous méprenons pas sur la grandeur de Dieu !
Nous qui participons une fois encore à l’Eucharistie, vivons-la comme un événement, comme une rencontre où nous est révélé qui est Dieu pour nous : Parole fragile et bouchée de pain vulnérable, aussi fragile et fort que l’Amour qui se livre…
Ouvre nos yeux Seigneur ! Dispose-nous à te reconnaître et à t’accueillir !
Amen.
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