Oui, c’est bien le Seigneur qui bâtira une « demeure » pour David, en suscitant un successeur dans sa descendance dont il rendra stable la royauté. Il sera pour lui un père et lui sera son fils, pour toujours.
Cette « demeure » que Dieu lui-même construit n’est autre que le sein de Marie afin que s’accomplisse l’incarnation du Fils éternel, l’avènement du roi des rois, du prince de la paix, de la descendance, de la maison de David… Voilà le roi dont le règne n’aura pas de fin.
Mais pour que le projet de Dieu se réalise, il faut le OUI de Marie.
Au jour de l’Annonciation, le monde entier est comme suspendu aux lèvres de Marie.
Car son avenir, notre avenir, se joue là, à cet instant précis.
Saint Bernard, dans un commentaire célèbre, tente d’exprimer ce « suspens » cosmique, universel…
“Cette réponse, le monde entier l’attend, prosterné à tes genoux. Et ce n’est pas sans raison, puisque de ta parole dépendent le soulagement des malheureux, le rachat des captifs, la délivrance des condamnés, le salut enfin de tous les fils d’Adam, de ta race entière.
Ne tarde plus, Vierge Marie. Vite, réponds à l’ange, ou plutôt, par l’ange réponds au Seigneur. Réponds une parole et accueille la Parole ; prononce la tienne et conçois celle de Dieu; profère une parole passagère et étreins la Parole éternelle.”
Finalement, ce à quoi Marie est invitée, c’est à laisser la Parole de Dieu s’incarner en elle, prendre chair en elle. C’est aussi ce à quoi chacun de nous est appelé s’il veut se réjouir de la présence, de l’amour et de l’action de Dieu en lui, et s’il veut réjouir le monde de cette présence, de cet amour, de cette action.
Marie nous enseigne trois attitudes : accueillir, consentir, engendrer. Nous les retrouvons dans les trois invocations de l’Angélus.
L’ange du Seigneur porta l’annonce à Marie, et elle a conçu du Saint Esprit. ACCUEILLIR.
Malgré la surprise, cette présence n’était pas “inattendue”. L’attitude mariale par excellence c’est cette disposition du cœur à se rendre attentif et disponible à ce que Dieu révèle de lui. Déjà et depuis longtemps, Marie médite les événements et les garde dans son cœur. Cette disponibilité lui permet de reconnaître l’envoyé du Seigneur et surtout d’accueillir son message, de le laisser résonner en elle. ACCUEILLIR. Si nous mettons notre cœur en cet état d’intériorité, nous aussi nous devenons capables de reconnaître et d’accueillir les signes de la présence de Dieu.
Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. CONSENTIR.
Après l’annonce de l’action vivifiante de l’Esprit Saint en elle, Marie consent à ce qui la dépasse. C’est le consentement de la FOI, et de la foi aimante. C’est le risque inouï de l’amour de Dieu qui ne veut pas faire sans nous, même pas pour nous sauver. Car ce salut doit s’opérer dans l’amour et par amour. Il y faut donc notre libre consentement. Mais n’oublions pas que ce OUI de Marie fut préparé par d’innombrables OUI quotidiens, tant de sa vie humaine que de sa vie de foi.
Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. ENGENDRER.
La Parole est accueillie, librement, amoureusement. Elle peut alors prendre chair. Dieu peut faire irruption, sans effraction, dans notre humanité qui sera donc sauvée de l’intérieur et par un Dieu qui en prend lui-même le chemin pour assumer en lui le meilleur et le pire. Ainsi, aucun homme ne devrait plus pouvoir désespérer devant le mal, les souffrances et la mort… Aucun homme ne devrait s’y croire abandonné… Dieu est bien de notre côté pour que nous puissions affronter ce qui nous menace, mais aussi pour que nous puissions goûter toute la profondeur et la saveur de nos joies humaines.
ACCUEILLIR. CONSENTIR. ENGENDRER.
La foi nous met du côté de la vie qui naît.
Que Marie protège cette vie de Dieu en nous.
Qu’elle nous apprenne comment en prendre soin et devenir féconds de la joie de Dieu ! Amen.
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