Peut-être que vous vous dites : « Mais de quoi avons-nous l’air dans ce monde où il semblerait que ce soit la puissance aveugle, la spéculation, l’intérêt partisan qui triomphent, alors que nous fêtons la naissance d’un Enfant tout petit, fragile, appelé le Seigneur » ? !
Essayons d’entrer dans ce mystère car, oui, c’est le Seigneur, c’est le Sauveur.
Voici deux tableaux. 

Dans le premier tableau, on voit un ange et quatre hommes et il fait sombre. 
J’ai reçu cette peinture, d’un ami malade, voici une trentaine d’années et je suis resté perplexe sur son sens. Et, voilà, que ce soir,  en le regardant, je me suis dit « mais oui, bien sûr ! Ce sont des bergers ! ».
Des bergers qui sont dans la nuit. Il ne fait pas chaud, il y a du vent. Ils sont peut-être autour d’un petit feu. Et puis, arrive quelque chose plein de lumière.
C’est un ange, mais ils sont encore dans la nuit : ils sont surpris.

Voici le second tableau : une grande lumière, l’Espérance !
La Lumière apparait, envahit tout. Il y un jaillissement de Lumière et on peut penser qu’il y a la voix des anges qui chantent.

Ces deux tableaux m’ont été offerts par deux personnes malades, Olivier et Daniel.
Je trouve ces deux représentations intéressantes car elles illustrent ce que nous célébrons aujourd’hui.
En effet, nous avons à laisser surgir une Lumière, d’abord discrète puis à nous laisser envahir par cette Lumière qui vient éclairer toute chose et qui vient nous donner cette Joie inattendue. S’ouvrir à la « Joie de l’Inattendu » …. Accueillir la Joie de l’Inattendu, comme l’indique l’image que vous avez reçue.
Nous avons à accueillir l’Enfant de la Crèche avec simplicité, avec un cœur d’enfant, un regard d’enfant…
Rappelez-vous la première crèche que vous avez vue il y a très longtemps….
On avait pris la poupée d’Elisabeth de la Trinité, (qui sera carmélite, puis canonisée), pour représenter l’Enfant Jésus de la crèche ; quand le prêtre est entré avec la poupée, elle s’est écriée : « méchant curé, rends-moi ma poupée ». Elle avait tout compris !

Essayons de retrouver, un instant, cette fraicheur de l’enfant qui voit pour la première fois la crèche et qui s’émerveille.

Laissons tomber nos pensées, nos soucis, peut-être nos angoisses, pour nous replonger dans cette ambiance de la crèche vue pour la première fois : la Lumière, cet Enfant Jésus, Joseph, Marie, les Bergers, le bœuf et l’âne. Laissons-nous happer par cette tendresse qui se manifeste.

• S’ouvrir à cette Douceur, croire à cette Douceur, dans un monde souvent dur, violent, croire que la Douceur peut avoir le dernier mot.
• Le Pape François disait que la Tendresse demandait beaucoup de Force dans un monde où la facilité pourrait être de s’imposer, de dominer, d’écraser.
• Accepter de pardonner, accepter de regarder l’autre avec bienveillance.
• Accepter de se laisser saisir par un moment de beauté, de lumière, de douceur : c’est révolutionnaire.
  

Que le Seigneur nous donne ce soir de commencer à lâcher un peu nos défenses, tout ce qui nous retient pour descendre dans le cœur.
Passer de la tête au cœur et regarder avec les yeux du cœur, se regarder les uns les autres avec beaucoup de tendresse, beaucoup de bienveillance. Réjouissons-nous de cet Amour qui vient et qui demande à être reçu, tellement fragile comme un enfant nouveau-né !

Mais il ne faut pas s’arrêter là. Il ne faudrait pas que nous en restions à une nostalgie de jours anciens heureux. Le Seigneur a envie de nous entraîner vers l’avenir. 

Cet Amour qui se donne ne nous replie pas sur une espèce de « doudou », bien au chaud et tranquille !   

La Lumière qui nous est donnée est faite pour être une force de transformation. 

L’Amour doit avoir le dernier mot, la puissance et la domination doivent s’écraser. Cette force rejoint le mystère de Pâques : le Christ Enfant, le Christ crucifié va mettre toutes les puissances sous ses pieds, pour faire jaillir la Lumière qui est la Lumière de Noël et qui sera la Lumière de Pâques. 

Que le Seigneur nous donne de comprendre que cette beauté donnée doit nous entraîner vers de la nouveauté, non pas vers des sécurités, mais vers la création d’une civilisation d’Amour. 

Oui, le Seigneur nous demande d’être des ouvriers d’une civilisation de l’Amour… 

Pour que cette civilisation de l’Amour advienne, nos cœurs sont invités à passer de la nuit (on peut entretenir en nous l’obscurité), à l’accueil d’une Lumière. Celle-ci prend sa source de l’intérieur et saisit tout notre être, pour aller porter cette Lumière partout, dans tous les lieux, là où des gens sont en souffrance, là où des gens sont seuls, là où des gens sont malades, là où des gens ne voient plus d’avenir. 

Nous avons à nous rendre présents. Si Jésus était né dans un palais, les bergers auraient été laissés dehors parce que, seuls des VIP auraient pu entrer. 

Si Jésus était mort dans un palais, Il aurait été entouré de chambellans. Or, Il est mort au milieu de bandits et Il est né au milieu de bergers ! Ceux-ci étaient très mal vus. Ce ne sont pas les gentils petits bergers de la crèche.  

C’est pourquoi, il fallait que Jésus naisse dans une crèche, autrement pas de berger ! C’est pourquoi, il fallait que Jésus meure sur une Croix, autrement pas de bandit. 

« Heureusement », parce que nous sommes tous un peu des bandits, et le Seigneur nous rejoint dans ce qui, en nous, a besoin d’être guéri, pour que nous puissions, à notre tour, apporter la guérison de la crèche à ce monde qui en a tant besoin … 

Alors, ne craignons pas de vivre dans ce monde. ! Le Seigneur est venu pour la multitude : il y a plein de gens dans les immeubles de nos quartiers, dans nos familles qui attendent cette Bonne Nouvelle ! 

Dans cet esprit, l’image reçue ce soir est à remettre à une personne rencontrée, à quelqu’un de votre famille, à un ami… Que cette image fasse du bien à une autre personne, surtout si elle est dépressive, en difficulté ! Simplement, dites-lui : « j’ai un cadeau pour toi ».

« La Joie de l’Inattendu » ! Cette image, ce message seront une invitation à s’ouvrir à la Lumière. Que le Seigneur vous donne de devenir des « anges » ou des « bergers » « porteurs de lumière », porteurs de la Bonne Nouvelle. C’est votre « mission » …

Que le Seigneur nous donne de devenir « porteurs de Lumière », « porteurs d’Amour », « porteur de Joie » en cette belle soirée, en cette belle veillée de Noël !