20ème semaine du Temps Ordinaire – Année A
Textes de la messe :
Ce n’est peut-être pas manifeste à la première lecture, mais la Lettre de Paul aux Romains et cet extrait de l’Évangile de Matthieu, parlent l’un comme l’autre, dans des styles différents, du même sujet : le passage, non sans tension, du judaïsme à une foi ouverte à tous. L’appartenance au peuple d’Israël, pour Paul, pour les apôtres comme pour Jésus, ne suffit plus : les dons gratuits de Dieu et son appel sont pour tous, même si cela se fait dans une tension très forte pour ceux dont l’origine donnait une place à part et privilégiée. Pour ces Judéo-Chrétiens l’héritage du peuple juif, le peuple saint, est pour tous, les païens en sont aussi destinataires et peuvent devenir également des destinataires privilégiés de la grâce, de la miséricorde, de Dieu. Ils peuvent devenir des exemples de vie. Le Dieu unique, créateur et sauveur ne peut être le monopole de quelques-uns.
Aujourd’hui, nous aussi nous voyons bien que des hommes des femmes non présents dans nos églises peuvent aussi, par certains aspects, être des exemples de vie. Ils sont destinataires de l’amour de Dieu, et ils le peuvent le refléter… mieux que bien des Catholiques.
Il y a cependant une condition pour entrer dans cette relation avec Dieu : lui adresser nos besoins, nos attentes, nos cris. C’est ce que fait la Cananéenne devant Jésus : « Pitié », « Au secours » … Toujours dans l’Évangile Jésus demande : quels sont tes manques ? de quoi as-tu besoin ? Il faut commencer par là avec le Christ. Il entend et répond à nos cris. Il ne commence pas avec nous par ce qui va bien, il connait nos réflexes humains de voir d’abord nos difficultés… pour en sortir, pour être sauvé…
Quels sont donc nos cris, nos attentes de cette fin d’été 2023 ? Pour notre monde, nous le savons bien, notre actualité est toujours aussi inquiétante pour notre avenir, lorsque plus de 1 000 incendies ravagent les forêts du Canada et que 20 000 personnes doivent quitter leur logement devant les flammes aux Canaries… Bref, notre monde crie devant les conséquences des activités humaines qui causent tous ces dérèglements. On le sait depuis des années, mais rien de change vraiment, ou juste à la marge. Et nous retrouvons la finale de cet extrait de l’évangile selon Matthieu : que faisons-nous du pain de la création et du travail des hommes ? Le gaspillons-nous ? L’utilisons-nous de manière injuste ? avec des bonnes parts pour les uns et des miettes pour les autres ?
Jésus invite à changer nos critères : celle qui fait le constat de l’inégalité du partage du pain est considérée par Jésus comme ayant « une grande foi » et par conséquent, que tout se passe pour elle « selon sa volonté ». Le changement de paradigme était nécessaire, il y a 2 000 ans, pour inclure les païens à cette relation au Dieu unique créateur et sauveur, il est tout aussi nécessaire aujourd’hui pour que notre monde s’en sorte. Il faut mettre en œuvre un changement conséquent dans la production, dans nos modes de vies, dans nos relations sociales et dans la préservation de notre environnement pour que le pain reste produit et partagé équitablement pour tous.
Le chemin reste ouvert pour que notre humanité et notre avenir soient guéris.
Laurent Maurin
2023-08-20-homelie
Laisser un commentaire