Des centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes tentent chaque année de rejoindre l’Europe, après avoir fui des situations dramatiques, guerres, pauvreté, dictatures. le philosophe italien interpelle le lecteur : « Éteins la télévision, range ton journal, déconnecte-toi d’internet… Ferme les yeux et regarde en toi leur visage souffrant, implorant de l’aide ou figé par la mort. »
A quel avenir peut prétendre une civilisation incapable d’accueillir la détresse d’autrui ?
Dans ce manifeste, Vincenzo Sorrentino souhaite interpeller la responsabilité individuelle de chacun. Il écrit : « Il suffit de détourner le regard pour se rendre complices, pour séparer la vie privée de la vie publique, l’intérieur de l’extérieur, la famille de tout le reste, sa sécurité du destin des autres. Peut-on, en toute sincérité, être attentifs et affectueux envers ses propres enfants et fermer les yeux face à la souffrance endurée par tant d’autres enfants qui, “de l’extérieur”, nous appellent à l’aide ? Hélas, oui ».
Il n’hésite pas à comparer la crise migratoire à la Seconde Guerre mondiale : « Les fautes que nous commettons aujourd’hui ne sont-elles pas plus graves que celles des Allemands, qui sans participer directement aux déportations pu à l’extermination, ont fait semblant de ne pas voir la vérité (même partielle) qu’ils connaissaient ? »
« Nous savons tous, nous voyons leurs corps et leurs visages au quotidien à la télévision (…) L’imagination est nécessaire pour rendre présent ce qui est absent, pour donner vie aux histoires de ces personnes, pour nous les faire sentir proches », explique l’auteur dans son essai qui cherche à interpeller le lecteur pour réveiller chez lui la compassion.
Face aux migrants : le silence et le regard. Pour une Europe de la compassion. Vincenzo Sorrentino. éd. François Bourin, 2019.