Réflexion – méditation de la Passion selon Saint Matthieu – 2/4

Notre Dame des Terres en Haute-Charente

Publié le 6 avril 2020

Le Père Martial Leblanc propose une méditation en quatre étape de la Passion selon Saint Matthieu. Aujourd’hui, 2ème étape.

Chers frères et sœurs nous voici partis pour notre deuxième échange. 
Comme pour toute arrestation d’un grand bandit, les soldats sont bien armés et nous pressentons qu’une certaine violence peut s’exprimer instantanément. Eh bien non la rencontre en Judas accompagné de soldats et de Jésus va commencer par un geste de confiance, d’intimité fraternelle, par un ? quoi ? un baiser ? (le fameux baiser de Judas ?) eh non ! Par une embrassade !
En effet, au temps de Jésus, le baiser n’est pas la manière de se saluer. Le baiser ne s’échange qu’entre parent et enfant, et surtout qu’entre époux.
L’embrassade manifeste une complicité, une appartenance amicale, religieuse ou culturelle. Embrasser, c’est prendre dans ses bras. La personne que le Christ embrasse, il la porte tout contre son cœur. Il désire créer avec elle, une communion de cœur.

Ici la trahison de judas paraît encore plus violente. Il utilise (l’amour de) Jésus pour le livrer. Pour toute réponse, Jésus va renouveler son amour pour ce traitre qu’est Judas. En effet il s’adresse à lui en disant : « Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le ! » (Mt 26, 50) 
MON AMI : ce mot ami qui peut nous sembler « banal », va donner un sens particulier au récit. Quand le Christ appelle quelqu’un ami, il fait de lui un vrai disciple, un intime en qui il met toute sa confiance. Plus qu’une marque d’affection, c’est une alliance intime que le Christ établit. De cette alliance naît la mission. « Je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. » (Jn 15,15-16). Le Christ a tout transmis, il n’a plus rien à dire. C’est au tour de ses amis de transmettre fidèlement le message de Dieu : son Évangile. Voilà pourquoi lors de son procès, Le Christ ne dira rien puisque tout est déjà dit. N’oublions pas que Jésus est accusé de blasphème, il serait le Christ tant attendu !
Il ne reprendra la parole que sur cette question, en renvoyant son accusateur à ses propres affirmations « c’est toi-même qui l’a dit. »

Mais Judas est-il le seul à trahir Jésus ? Judas est un traitre certes, mais tous les disciples sont en train de trahir Jésus. Quand ce dernier est arrêté, tous fuient, l’abandonne, seul Pierre est, peut-être, un peu plus courageux car il le suivra mais de loin voire de très loin…Et de nuit !
L’arrestation et le procès de Jésus se sont déroulés de nuit. Le complot ne doit pas être connu. Il faut cacher la vérité pour mieux la détourner et enfin “fabriquer” sa vérité. La seule vérité qui tienne pour les grands prêtres : « le faire mettre à mort »

Jésus est présenté à Caïphe, le Grand Prêtre.
Ici commence le procès de Jésus. C’est un faux procès, plein de faux prétextes, plein de contradictions. On veut “faire tomber” le Christ. Il faut un responsable mieux ! un coupable aux tourments que connaissent les juifs. Au temps du Christ, le peuple juif cohabitait avec l’occupant romain. La libération attendue ne peut venir de ce Jésus, il n’est qu’un menteur, il faut le faire taire, l’abattre. 
Et nous aujourd’hui face à ce qui se passe ? les grands journalistes ; certes ils ne sont pas de grands prêtres, mais ne ressemblent-ils pas aux grands prêtres qui à l’abri d’affirmations douteuses, veulent trouver un coupable ou au mieux un responsable, quitte pour cela à « fabriquer » l’information ? et nous, comment témoignons-nous, restons-nous fidèles à la vérité qu’est le Christ ?

Mais revenons à ce procès ; face aux témoignages, le silence de Jésus crie. Il crie jusqu’à en devenir insupportable pour le grand prête qui, dans une question qui se veut initialement accusatoire, va sans le vouloir, professer la messianité du Christ. « Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. » (Verset 63)

Jésus, dans sa sagesse, renvoie le grand prêtre, à lui-même : (v 64) : « C’est toi-même qui l’as dit ! … » Alors, le grand déchire ses vêtements, avant d’inviter ses pairs à condamner Jésus pour blasphème ! 
Oh ! une remarque : Pourquoi le grand prête déchire-t-il ses vêtements ?
Un tel geste peut sembler étrange. Mais chez les Juifs d’autrefois, il était l’expression d’une forte émotion causée par le désespoir, le chagrin, l’humiliation, la colère ou le deuil.

Un autre personnage, perdu au milieu des badauds dans la cours, doit également ressentir ces émotions. Oui, je parle de Pierre. 
Il ne porte peut-être pas un faux témoignage contre Jésus, or son attitude n’en demeure pas moins un contre-témoignage de sa vie avec le Christ.
Pourtant, nous le savons déjà Pierre a une place singulière dans le dessein de Dieu. “Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église” Pierre portera haut la Parole (le Christ) de Dieu. Il ne peut nier qui il est, et pourtant sa manière de parler le trahit, lui qui d’une certaine manière reniant Jésus, se trahit lui-même. Cette réalité, cette vérité va lui éclater à la figure par un chant ; et oui,…aussitôt le coq chanta !
Mais contrairement à Judas, cette trahison l’amène au repentir ! et quel repentir !!!!
Cette trahison n’est-elle pas un faux témoignage ? Pierre ne témoigne ici que de la peur d’être mis au banc des amis de ce Jésus. Lui qui avait assuré de suivre le Christ jusqu’à la mort, le renie. C’est comme s’il renier tout du Christ ; lui qui avait reçu du Père cette parole :
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. (Mt 16,16-17).

Et encore une trahison ! judas a livré Jésus à l’autorité religieuse “privée”, maintenant cette dernière le livre l’autorité civile « publique. » (Ce sera abordé dans notre prochaine « réflexion-méditation. »)

Et hop encore une trahison ! une de plus ! en fait il s’agit plus ici d’un reniement que d’une trahison. En effet, Judas prend conscience de la gravité de son acte. Il renonce aux 30 pièces d’argent. La vie espérée grâce à cette richesse n’était qu’illusion. Il s’est trahi lui-même, comprenant que la vraie vie, il l’avait repoussée, livrée, car la vie c’est le Christ.
De plus il espérait certainement qu’en rendant cet argent, les grands prêtres reviendraient sur leur décision de condamner à mort le Christ ! et que lui retrouverait le chemin qui mène à la Vie ! Belle illusion ! Judas ne pouvait alors plus envisager de poursuivre sa vie, pour lui plus rien n’avait de sens, rien ne pouvait suffisamment le retenir pour entrevoir un renouveau salvateur… Comment rester insensible au drame que vit Judas, comment ne pas ressentir de la tristesse pour lui ? qui peut se réjouir de cette mort brutale ?

Et nous aujourd’hui, comment témoignons-nous de notre attachement au Christ ? Serions-nous capables nous-aussi, par peur, par faiblesse, par convenance du moment, de proclamer, de témoigner notre foi en Dieu ?

Ceci dit, gardons au cœur, que si le Christ ne s’est révolté envers personne à ce moment décisif de sa vie sur terre, c’est qu’il ne peut que nous aimer. À nous de (re)prendre ce chemin de foi, d’espérance et de charité ; il n’est que chemin de VIE !

Prenez bien soin de vous et de vos proches, fraternellement en Jésus, Père Martial.
(La suite très bientôt !)

P. Martial Leblanc

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