Réflexion – méditation de la Passion selon Saint Matthieu – 1/4

Notre Dame des Terres en Haute-Charente

Publié le 6 avril 2020

Le Père Martial Leblanc propose une méditation en quatre étape de la Passion selon Saint Matthieu. Aujourd’hui, 1ère étape.

Chers frères et sœurs, en ce temps propice à l’écoute de La Parole, je vous propose une réflexion-méditation tout au long de la semaine Sainte. Cette réflexion-méditation s’appuie sur l’Évangile de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 26, 14-75 / 27,1-66) ; Évangile que la liturgie nous offre pour ce Dimanche des Rameaux. Je vous propose 4 points :

• I De la « Pâque juive » au Mont des Oliviers, encore un peu de liberté…. (Mt 26, 14-46)

• II Mais de trahison en trahison, de faux témoignages en faux témoignages…quelle arrestation ! quel procès ! (Mt 26, 47-75 / 27,1-10)

• III Un condamné par « faux » témoignages, un gracié par « vrai » chantage…(Mt 27, 11-31)

• IV Crucifié, humilié, mais surtout RESSUSCITÉ ! (Mt 27, 32-66)

Ce découpage est arbitraire et ne tient pas compte des « normes » de l’étude d’un texte biblique, étude appelée encore exégèse.
Je viens juste vous faire part de ce que m’inspire le texte au moment où je le redécouvre pour moi-même, mes paroissiens, pour vous, pour nous tous enfants de Dieu. Je laisse le soin à ceux qui le souhaitent de le communiquer ou pas.

I De la « Pâque juive » au mont des Oliviers, encore un peu de liberté….

Les premiers mots, « en ce temps-là » sont apaisants. Matthieu va nous raconter une histoire. Peut-être un récit de guérison, un récit de miracle ?! Souvent dans la Bible cette expression situe l’action dans le temps ordinaire de Dieu. Mais ce qui va suivre n’aura rien d’ordinaire, nous allons basculer dans l’impensable, dans un temps particulier. Ce sera le temps de la Passion, afin que toute l’Écriture se réalise, afin que la promesse de Dieu le Père, de nous donner un sauveur, advienne, soit entièrement accomplie.
Donc « en ce temps-là », Jésus et ses disciples se préparent à fêter la fête des pains, la fête de Pessah’. Cette fête est très importante pour le peuple juif. Il se rappelle qu’après son départ précipité d’Égypte, il mangera ce pain sans levain, ce pain azyme dans un premier temps. Cette fête a pour but pour nos frères et sœurs juifs d’expier leurs péchés. Elle comporte un caractère pénitentiel qui annonce déjà une rédemption. 
C’est à l’occasion de cette fête que Judas va courir à sa perte… il va vendre Jésus, pour 30 pièces d’argent et le trahira non pas par un baiser, mais par une embrassade. Oui oui ! j’ai bien dit en le prenant dans ses bras. Je vous en parlerai dans la prochaine partie ! 
Bon, il n’en demeure pas moins que Judas vend le Christ aux grands prêtres pour la somme de 30 pièces d’argent. A cette époque, un esclave était estimé à cette valeur. Pauvre Judas, se serait-il pris pour le maître ? avait-il l’idée d’être supérieur à Jésus ? Je ne sais pas.
Seule certitude connue aujourd’hui, Judas va se perdre et le Christ lui ressuscitera ! Même mieux, il nous donne de communier à sa Vie. Nous le savons, il se donne dans ce repas pendant lequel nous rendons grâce, l’Eucharistie.
Oh ! cette Eucharistie, dans le passage qui nous intéresse c’est Jésus qui l’institue. Ce n’est pas sans me rappeler que lors de la fête des pains sans levain, le peuple juif se souvient qu’il est sorti d’Égypte par la puissance du Seigneur, qu’il l’a sauvé du joug de leurs oppresseurs.
Ici, Jésus et ses disciples célèbrent aussi cette fête. N’oublions pas que c’est aussi l’occasion pour eux d’expier leurs péchés pour revenir à Dieu. C’est lors de ce repas que Jésus annonce sa trahison par Judas. Mais regardons, écoutons, comme des convives, comme des disciples ce qui se passe réellement ! 
(Mt 26, 20-25) Juste avant, Jésus, nous dit « mon temps est proche », ceci est très important. En effet, à l’inverse de ce que je j’ai mentionné tout à fait au début, ce n’est plus un temps ordinaire. Il y eut un avant, il y aura un après, et là nous entrons dans l’aujourd’hui du Christ.
Le temps de Dieu, l’Eternité advient. Pour le Seigneur Dieu, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. Dieu était, Il est, Il sera. Le Christ sait que se réalisent par lui, avec lui et en lui, toutes les promesses de Dieu. Jésus, ce soir-là le manifeste par l’institution de l’Eucharistie, par son corps et par son sang, dans le pain et le vin.
Mais revenons particulièrement au dialogue entre Jésus et Judas. Là nous sommes pendant le repas juif de Pessah’, Le Christ n’a pas encore institué l’Eucharistie que nous célébrons toujours aujourd’hui.
Jésus est solennel, pendant le repas « il déclara », qu’un de ses disciples va le livrer. Tous les disciples sont particulièrement tristes et se demandent bien qui, parmi eux, est ce traitre. 
Jésus ne le nommera pas, il dira simplement « celui qui s’est servi au plat en même temps que moi. » Mais force est de constater que les 11 autres disciples, pris dans le repas de fête, n’ont pas remarqué qui s’était servi en même temps que Jésus. De plus, Jésus annonce déjà sa Passion, même si les disciples ne peuvent l’imaginer, ne peuvent penser l’impensable. Fondamentalement rien de grave ne peut arriver à leur « Maître ». Ils ne comprennent pas ces paroles de Jésus « le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ».
Et là, incroyable mais vrai ! Judas ose interroger Jésus, « serait-ce moi ? ». Réponse de Jésus « c’est toi-même qui l’as dit »…
Sublime et bouleversant ! malgré la gravité de l’instant, nous avons ici la Vérité, le Christ, qui s’oppose sans aucune violence, au Mensonge, Judas, qui sait ce qu’il a fait et qui amènera (même s’il l’ignore encore) une extrême violence ; la passion, la mort du Christ !
Personnellement, j’y vois également une figure, une image, (je n’ose pas dire, une allégorie) du sacrement de la pénitence et de la réconciliation.
En effet, Judas a suivi le Christ. Comme les autres disciples il a reconnu en lui son « Maître et Seigneur ». Il se nourrit et vit de lui. Ne disons-nous pas que nous nous nourrissons de Dieu et que nous vivons de lui ?
Puis un évènement survient, ici la peur de Judas d’être reconnu comme un ami, un disciple de celui qui dérange les autorités spirituelles. Alors Judas le renie au point de le livrer. 
Il se coupe de Jésus, de Dieu, n’est-ce pas là la définition du péché ? Et dans nos vies, ne nous coupon-nous pas consciemment ou non de Dieu ?
Ici Jésus, essaie de révéler à Judas la gravité de l’acte posé, « malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Mais ce dernier reste sourd, enfermé dans son péché. Pourtant dans ce très court dialogue entre Jésus et Judas ; Judas qui connaît la réponse à la question que se posent les autres disciples « serait-ce moi Seigneur ? » pose également la même question ! Cette question, dans la bouche de Judas, sonne comme un aveu. Aveu qui sera confirmé par Jésus lui-même « c’est toi qui l’as dit ». Dans le sacrement de la pénitence et de la réconciliation, après l’aveu, le dialogue avec le prêtre confirme notre péché.
Dans ce passage de l’Évangile de Matthieu, il n’y a de la part de Judas ni l’expression du regret, ni la volonté d’expier, ni le demande de pardon. Jésus, lui pardonnera-t-il ?
Je ne sais pas.
Cependant, St Matthieu, place juste après le récit de l’institution de l’Eucharistie, source et sommet de toute notre vie chrétienne. Nous sommes sauvés par le Christ, nous sommes le corps du Christ dont il est la tête, nous sommes le peuple sauvé dans le corps et le sang du Christ !

Ouh lala !!! encore une fois j’ai été trop bavard. Je dois m’arrêter là pour aujourd’hui.
Je termine très rapidement par deux remarques que je ne développerai pas.
La première concerne la prière que le Christ adresse par 3 fois au Père juste avant d’être arrêté :
« Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » Le Christ ne recherche pas la souffrance ou le malheur. Mais face à cela, dans la confiance, il s’abandonne entièrement à son Père, à notre Père.
La seconde concerne ce que nous vivons actuellement, cette épreuve qu’est la pandémie du Coronavirus. Nous ne pouvions penser l’impensable, mais comme Jésus, nous avons à vivre de notre mieux les épreuves qui sont les nôtres (et croyez-moi, je sais de quoi je parle) dans la confiance. S’abandonner à Dieu, c’est recevoir la consolation dans l’Esprit et (re)-découvrir son aimante et salvatrice présence.

Prenez bien soin de vous et de vos proches, fraternellement en Jésus, Père Martial.
(La suite très bientôt !)

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