Homélie de Mgr Gosselin lors de l’ordination sacerdotale de Maxime Petit

Déclarations de l'évêqueHomélies

Publié le 7 juillet 2021

Quel évangile étonnant !

Nous sommes après la Résurrection, et pour oublier les temps de la Passionet les tourments intérieurs, Pierre s’est remis au travail et c’est le miracle d’une pêche inattendue : « Jetez à droite vos filets et vous trouverez ! » Contre toute logique, il s’est habillé pour sauter à l’eau et rejoindre Jésus, reconnu en premier par le disciple bien aimé.« On ne voit bien qu’avec le cœur ».

Encore tout dégoulinant, il assume cette confrontation avec celui qu’il avait renié trois fois. Il n’y aura pas d’explication, ni de règlement de compte, ni d’accusation mais un dialogue d’une rare intimité où deux cœurs se révèlent être en attente d’alliance. Dieu est miséricorde et guérit. Le triple reniement est guéri par cette triple, pauvre et humble déclaration d’amour.

Cet Evangile nous le dit : ce qui compte avant tout c’est l’amour. Une vie est réussie quand l’amour est vécu en vérité : un amour qui croit, un amour qui pardonne et qui sert, un amour qui adore, un amour qui espère… Quand nous considérons la vie de Pierre choisi pour être la pierre sur laquelle Dieu veut construire son église, malgré toutes ses limites, nous voyons que c’est la charité du Pasteur, la charité pastorale qui doit être au cœur de la vie de l’Eglise, et c’est la charité de l’Eglise qui est au cœur de sa mission… « Simon fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? »

Jamais Pierre n’aurait osé prétendre à un amour divin, si celui-ci ne lui était révélé et proposé … Ce n’est donc pas une idée mais une réalité qui le touche profondément et prépare son cœur à la venue du Saint Esprit à la Pentecôte. Au fondement de la vie du chrétien il n’y a pas une idée mais une rencontre.

Alors « Pais mes agneaux », c’est-à-dire : prends soin de tes frères, et donne-leur ta vie en leur donnant les sacrements de la Vie, en étant doux et humble de coeur. Enseigne, sanctifie, gouverne ; c’est ce qui est demandé à toute l’Eglise et de manière spécifique et différenciée aux évêques, aux prêtres et aux diacres et à chaque baptisé.

Peut-être pouvons-nous faire un parallèle entre les trois munera, les trois charges, et cette triple demande « Pierre m’aimes-tu plus que ceux-ci ? »

  • Enseignement : la charge prophétique. Tu peux être un sachant mais tu sais surtout que ta connaissance est partielle et tu seras un bon enseignant si sans cesse tu te laisses enseigner. Tu te rappelleras que la science sacrée n’est vraie que si elle s’enracine solidement dans une vie de prière, les yeux dans les yeux du Christ Ressuscité. « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ » nous dit Saint Jérôme et si la Parole de Dieu est l’âme de la théologie, c’est dire que la vraie connaissance est celle du Christ Ressuscité. Sans la vie spirituelle, la connaissance est spéculative.
  • Sanctifier : la charge sacerdotale. Le prêtre dans ses efforts et son désir de sanctification personnelle est appelé à célébrer pour permettre au peuple de baptisés d’offrir, de s’offrir et de recevoir la grâce nécessaire. La vie eucharistique ne se résume pas à la célébration : elle doit être une vie toute donnée, dans l’amour. Etre prêtre n’est pas une fonction mais une identité. Le modèle à suivre est celui du saint, de la sainte. Pour aider les autres à la conversion, sanctifie !
  • Gouverner : c’est-à-dire servir. «Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir ». Le Peuple de Dieu est libre et responsable et il marche à la suite du bon Pasteur, le Christ, en étant docile à ses appels, à sa volonté. Dans Pastoresdabovobis, Jean Paul II exhorte les prêtres à adopter « un nouveau style de vie pastorale », c’est-à-dire de nouvelles formes de vie pastorale entre prêtres et de travailler en collaboration étroite avec les fidèles laïcs, pour s’impliquer dans la conception mais aussi la mise en œuvre des processus missionnaires. 

Enseigner avec amour, célébrer avec amour, servir avec amour. Aime pour enseigner, célébrer et servir !

Pour tout cela et aller à la source, le prêtre est appelé à se retirer régulièrement dans la grotte de son cœur, comme Elie, et à se laisser rejoindre par le murmure d’une brise légère. Là se vit la relation vitale où le Christ transmet son cœur pour un élan missionnaire sans cesse renouvelé. Les couples le savent : dans leur relation conjugale, la fidélité impose de créer chaque jour une nouvelle manière de dire « je t’aime ». Pour vous Maxime, demandez aux prêtres ainés comme le Père Tourvieille qui a célébré cette semaine ses 70 ans de sacerdoce, demandez-leur ce que cette vie sacerdotale leur a imposé comme adaptation et souplesse, à la suite des profondes transformations du monde… Demandez-leur comment leur appel a résisté aux bouleversements du temps.

Pour Elie, ce fut le feu, la tempête, et le tremblement de terre. St Paul nous parle de détresse, d’angoisse, de persécution de faim et de glaive. Vous êtes prévenu !

Pour Elie c’est un enseignement par défaut, pour lui apprendre là où Dieu n’est pas, n’en déplaise aux prophètes de malheur. Peut-être aussi que toutes ces intempéries ont purifié son cœur pour qu’il soit capable d’entendre le murmure d’une brise légère, c’est-à-dire « la voix du silence de Dieu ». Les épreuves, comme parfois les échecs sont parfois nécessaires pour changer « le cœur de l’homme compliqué et malade ».

Pierre et Paul fêtés cette semaine nous apprennent très clairement que la vie à la suite du Christ n’est pas un long fleuve tranquille et qu’il sera malheureux celui qui cherche avant tout une vie de quiétude et de bien-être égoïste.Jésus bouleverse l’ordre pour créer un bien supérieur. On vous a prévenu Maxime !

C’est un sommet aujourd’hui préparé de longue date avec des années d’études, un séjour au Vietnam. C’est un nouveau départ et une nouvelle vie commence où vous vous laisserez évangéliser par ceux que vous êtes appelé à servir.

Votre histoire vous a fait vous intéresser à l’économie et vous auriez pu faire une belle carrièremais comme ce qui est arrivé au jeune homme riche,« Jésus posa son regard sur lui et l’aima ». Désormais c’est l’économie du salut qui compte et comme on plonge dans une piscine pour la première fois, vous allez être plongé dans l’amour miséricordieux du Père pour devenir à l’image du Fils, prêtre prophète et roi. Nous le sommes tous par notre baptême et de manière spécifique par l’ordination.

Vous témoignez et vous voulez que chacun dans sa propre histoire découvre ce trésor. « Rien ne pourra nous séparer de l’Amour de Dieu qui est dans leChrist » : si vous le croyez et que vous en vivez, alors rien ne pourra vous arriver : ni la mort ni la vie, non, rien ne pourra nous séparer de son amour.

Peuple de prêtres, de prophètes et de rois, nous le sommes parce que le Christ nous sauve.

Il nous donne le privilège de le suivre : « Viens !Suis-moi ! ».« Où Seigneur ? ». « Que t’importe et quelle importance puisque je suis avec toi ! » Au bord du lac, commence pour Pierre une nouvelle vie. Il se rappellera que l’amourest premier… Alors pais mes agneaux.

C’est l’appel du Seigneur pour vous Maxime que nous reconnaissons aujourd’hui et que nous célébrons avec joie. Dieu est fidèle !

+ Mgr Hervé Gosselin,
Angoulême, le 4 juillet 2021

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